Le Temps-Agences - Des milliers de pèlerins chiites ont pris le chemin de la ville sainte de Kerbala pour l'anniversaire de l'imam Mohamed Al Mahdi malgré les risques importants d'attentats à la bombe. L'ensemble des routes fréquentées par les fidèles ont été fermées à la circulation, de très nombreux policiers et soldats surveillant les alentours. "Nous serons victorieux malgré l'Amérique! Quiconque se dresse contre les 12 imams s'expose à être défait ici-bas et dans l'au-delà", criait un jeune pèlerin au milieu d'un groupe de chiites marchant dans une rue de Bagdad, scandant des slogans religieux. Des milliers d'hommes et de femmes se sont mis en route aux quatre coins du pays malgré la chaleur écrasante d'un mois d'août étouffant. Tous convergent vers Kerbala, ville située à 100 km au sud-ouest de Bagdad et considérée par les chiites comme troisième lieu saint de l'Islam après La Mecque et Nadjaf. Certains d'entre eux vont marcher plusieurs jours pour venir célébrer demain et après demain l'anniversaire de la naissance au IXème siècle de Mohamed Al Mahdi, le dernier des douze imams vénérés par les chiites.
Un mort et six blessés
Les pèlerinages chiites ont dans le passé souvent été la cible de nombreux attentats. Depuis l'accession au pouvoir d'une coalition à majorité chiite, dont le Premier ministre Nouri Al Maliki est issue, les rassemblements chiites font figure de démonstration de force de la communauté dans un pays où le processus de réconciliation nationale marque le pas. De source policière, une fusillade aurait déjà tué une personne et blessé six autres dans les rangs d'un cortège chiite alors que celui-ci passait à proximité d'un quartier à majorité sunnite du sud de Bagdad. Le chef de la police de Kerbala, le général Raid Shakir, a annoncé que 10.000 policiers et 5.000 soldats irakiens avaient été déployés dans la ville sainte, chargés d'assurer la sécurité des pèlerins et des lieux sacrés. La traditionnelle marche vers Kerbala a commencé dans une ambiance calme et selon plusieurs pèlerins, les policiers offrent de l'eau aux marcheurs sur le bord de la route.
Sursaut de l'orgueil Maliki
Sur le plan intérieur, Maliki a annoncé hier que le principal bloc politique sunnite était prêt à se joindre à lui afin de former une nouvelle alliance destinée à endiguer la paralysie institutionnelle dont souffre l'Irak depuis plusieurs semaines. Le Parti islamique irakien du vice-président Tarek Al Hachémi avait auparavant boudé les appels du pied de la coalition gouvernementale qui comptent quatre partis différents, répétant que de telles alliances n'étaient pas la solution à la crise irakienne. "Il y aura aujourd'hui une déclaration commune où figureront non seulement quatre partis, mais aussi le Parti islamique. Il y aura cinq partis et non quatre. Cette déclaration finale dressera la liste de l'ensemble de nos points de convergence", s'est félicité le chef du gouvernement. Un membre du bloc sunnite a toutefois démenti dans la journée cette affirmation et a dit que son parti n'en avait aucunement l'intention. De plus en plus contesté sur le plan intérieur, Maliki a été également la cible de nombreuses critiques étrangères ces dernières semaines, accusé notamment par des responsables américains d'être incapable de mener à bien le processus de réconciliation nationale. Le Premier ministre irakien a tenu à mettre les choses au point hier sur ces attaques personnelles en s'adressant directement à ses détracteurs, et en particulier à la sénatrice de New York Hillary Clinton, candidate à l'investiture démocrate pour l'élection présidentielle de 2008. "Il y a des responsables américains qui considèrent l'Irak comme un de leur village, c'est le cas d'Hillary Clinton", a déclaré Maliki sur une pointe d'agacement.