Le buzz qui fait fureur Figure emblématique et proue de la scène politique, Chokri Belaid était célèbre pour ces discours virulents, ses critiques acerbes et sa spontanéité, ce qui lui ont valu l'admiration et lui ont couté la vie. Depuis, aucune nouvelle quant à l'avancement de l'enquête. Des voix s'élèvent de plus en plus pour contester cette «nonchalance» et les mises en scène de chamboulements politiques. Des bouleversements de plus en plus interprétés comme de la diversion dont l'ultime dessein est l'absorption de la colère citoyenne. Ce qui s'affirme avec l'avortement de l'initiative et la démission de l'ancien Chef du gouvernement. Pour dénoncer ce laxisme quant à la poursuite des meurtriers et des comploteurs, une campagne de sensibilisation envahit depuis deux jours les réseaux sociaux. Véhiculée à la vitesse du vent, la photo présente le portrait du martyr Chokri Belaid avec un écriteau en lettres de sang: «Qui l'a tué ?» Coups de théâtre politiques pour faire diversion ? Deux semaines, déjà, sont passées depuis cet assassinat politique qui a ébranlé l'ordre des choses, chamboulé la conscience collective et chambardé le paysage sociopolitique. Le lendemain des funérailles du regretté Chokri Belaid, un coup de théâtre se rajoute à cette kyrielle de soubresauts. L'ancien Chef du gouvernement Hamadi Jebali annonce au peuple tunisien avoir décidé, sans s'être concerté avec qui que se soit, de changer la constitution du gouvernement et d'en créer un autre composé d'élites. Si l'Opposition a salué cette initiative à laquelle elle avait appelé depuis de longs mois, le parti auquel appartient l'ancien Chef de gouvernement s'est opposé à un tel «affront». Quant au peuple tunisien, il s'est retrouvé spectateur tantôt passif tantôt révolté, suivant avec ferveur, peur, appréhension et méfiance ce long feuilleton orchestré et dont il ignore l'issue. L'enchevêtrement de l'intrigue principale est vite oublié. L'assassinat de Feu Chokri Belaid demeure un gros point d'interrogation. Pis encore, la haine est telle que même après lui avoir arraché la vie, on continue de le mépriser et de maudire même sa mémoire. En effet, la statuette représentant le martyr de la nation et a été saccagée la nuit par des «inconnus». Un tel acte prouve que les auteurs du crime ne reculent devant rien et détruisent jusqu'à un objet emblématique du défunt. «Qui a tué Chokri Belaid ?» en lettres de sang... Contre toute attente, un groupe de Tunisiens, qui préfèrent garder l'anonymat, a lancé une campagne de sensibilisation dans les réseaux sociaux et qui fait le buzz depuis son lancement. Le Temps a pris contact avec l'une des initiatrices de cette campagne. Avocate de métier, elle déclare : «Le groupe qui a pris l'initiative a préféré travailler dans l'anonymat. Nous pensons que cette campagne parle d'une cause qui appartient à tout le peuple tunisien et on ne veut nullement se l'approprier ou se faire de la publicité. Voilà 15 jours que la vie a été ôtée à une figure politique militante pour les droits de l'Homme et toujours rien. L'enquête est toujours au point mort. Ce n'est tout de même pas un simple fait divers ce meurtre ! C'est un assassinat politique qui n'a jamais eu lieu en Tunisie depuis l'indépendance ! Il a tout de même été tué par balles ! Nous avons donc décidé d'agir et de sensibiliser l'Etat sur l'urgence de prendre au sérieux la gravité d'un tel assassinat et d'arrêter de faire diversion. On sait tous parfaitement que toute cette histoire de changement du gouvernement, de remaniement et d'initiative de l'ancien Chef du gouvernement ne sont autres que des mises en scène pour engloutir et absorber la colère citoyenne et neutraliser l'impact d'un tel crime. Il est honteux que le lendemain de l'assassinat de notre regretté Chokri Belaid, Troïka et Opposition continuent à se quereller, à approuver ou contester le changement du gouvernement au lieu de se pencher sur l'essentiel : trouver qui est derrière ce crime politique ? Qui est le meurtrier ? Qui est l'ennemi de la patrie ? Avant de passer aux négociations, il fallait d'abord se concentrer sur l'enquête pour dévoiler le complot. Qui nous dit que tel ou tel parti avec qui on négocie, n'est pas derrière cet assassinat ?? Il faudra réclamer la vérité et condamner qui complote contre la Tunisie ! Il est temps que nos gouvernants comprennent que leurs tentatives de déviations qu'ils opèrent sur l'opinion publique sont avortées et que le Tunisien n'est pas dupe.»