Un comité central les 17 et 18 mars Réaction positive à l'initiative de Hamadi Jebali, sans lui donner un chèque en blanc L'assassinat de Chokri Belaïd va laisser un grand vide au sein des forces démocratiques, du Front populaire ainsi que son parti, le parti des Patriotes Démocrates Unifié. Lors de la conférence de presse très suivie, tenue hier par la direction du parti, la tristesse se lisait sur les visages. Elle se mélangeait avec la ferme volonté de rester fidèle à sa mémoire, à ses idées et ses valeurs. Mohamed Jemour, secrétaire adjoint du parti n'a pas manqué d'exprimer la reconnaissance du parti pour le peuple tunisien, les partis politiques et les personnalités qui ont partagé leurs sentiments et compati à leur deuil suite à l'assassinat de Chokri Belaïd. «L'assassinat, le 6 février était la conséquence logique d'une série de menaces qui visaient Chokri Belaïd. Ces menaces ont été verbales. Le 7 janvier 2013, à la Place Pasteur à Tunis, trois individus armés de bâtons cherchaient Chokri Belaïd pour l'agresser. Samedi 2 février, à l'occasion du congrès de la Ligue du parti au Kef, il y a eu une tentative d'agression contre le secrétaire général du parti, rappelle Mohamed Jemour qui était témoin de menaces verbales adressés à son camarade Chokri Belaïd en sa présence, ajoutées à cela les campagnes de mobilisation menées dans les mosquées par des Imams acharnés qui jetaient l'anathème sur Chokri Belaïd en le qualifiant d'apostat. Les autorités étaient au courant de ces menaces dont le président de la République qui en avait averti le martyr. « Personnellement, j'ai avisé le ministère de l'Intérieur des menaces du 7 Janvier. Il n'a pris aucune mesure. Certes Chokri Belaïd ne voulait pas d'un traitement particulier ou d'un privilège, mais le ministère de l'Intérieur devait réagir aux menaces », dit le secrétaire général adjoint du parti. Il ajoute : « la responsabilité politique incombe au Gouvernement et à son principal parti politique. Il y a une responsabilité politique derrière ce crime politique. Elle diffère de la responsabilité pénale et juridique ». Une enquête judiciaire est en cours. Aboutira-t-elle à tirer au clair la vérité ? Les conditions nécessaires pour une enquête neutre peuvent-elles être réunies ? Tout en espérant que la vérité soit connue, Mohamed Jemour rappelle que les ministères de l'Intérieur et de la Justice ne sont pas neutres. Il prévient « au sein du parti, nous n'arrêterons pas de chercher la vérité sur cet assassinat. C'est une priorité. Nous ferons tout pour la dévoiler». Parmi les visées de l'assassinat de Chokri Belaïd, Mohamed Jemour met en relief la volonté d'affaiblir le parti et le Front populaire qui est en train d'occuper une grande place sur la scène politique. Le parti a déjà offert d'autres martyrs et a tenu tête. Cette fois, il compte poursuivre son action. Le bureau politique lors de sa réunion dimanche dernier a décidé de poursuivre les congrès régionaux à Kébili, Tozeur et Jendouba avant le 24 février courant. Le comité central tiendra sa première cession les 17 et 18 mars prochain. Comme Chokri Belaïd a rêvé d'un parti qui va au delà des personnes et où les institutions jouent pleinement leur rôle, Mohamed Jemour promet que ces institutions fonctionneront. Zied Lakhdhar, membre du bureau politique rappelle que Chokri Belaïd symbolisait l'unité du parti et ne versait pas dans le dogmatisme et l'aventurisme. Il était conscient des dangers qui guettaient la Tunisie. C'est pourquoi, il a avancé l'initiative d'organiser un congrès national contre la violence. Il était convaincu qu'après le 14 janvier, la violence ne servira que les forces contre-révolutionnaires. Il avait compris que la crise gouvernementale, peut déboucher sur un processus violent, conformément à l'héritage des Frères musulmans légitimant l'assassinat. « L'étape actuelle est très délicate. Elle nécessite la solidarité des forces démocratiques pour épargner au pays les dangers de la situation politique », dit-il. La solidarité est nécessaire pour faire face aux agressions contre les militants, les intellectuels, les journalistes, la direction de l'UGTT. Il faut faire aboutir l'idée de Chokri Belaïd de tenir un congrès contre la violence. Concernant la situation politique dans le pays et l'initiative de Hamadi Jebali de former un gouvernement de technocrates, Zied Lakhdhar a rappelé que son parti avait préconisé déjà avant les élections du 23 octobre la formation d'un Gouvernement autour duquel il y a un minimum d'adhésion populaire. L'idée d'un gouvernement de compétences a été avancée par ce parti depuis longtemps. « Même si l'initiative de Hamadi Jebali arrive tardivement, ceci n'empêche que nous sommes prêts à interagir avec cette initiative pour sortir de la crise. Cette initiative ne peut aboutir en dehors d'un large consensus pour que le nouveau gouvernement réussisse dans sa mission. La situation doit connaître une accalmie pour donner suite aux dossiers des martyrs et blessés de la Révolution, avancer dans la question sociale du chômage et des prix, établir la vérité sur l'assassinat de Chokri Belaïd », affirme Zied Lakhdhar. Le parti opte pour la même position que le Front populaire qui considère que l'initiative de Hamadi Jebali n'aura aucun effet si le chef du Gouvernement ne réagit pas positivement aux revendications de l'opposition comme la lutte contre la violence, la dissolution des Ligues de protection de la Révolution, la fin de la circulation des armes dans le pays, la sécurité des frontières, un minimum de réforme des structures de sécurité, la mise à nu des structures parallèles... La réaction assez positive à l'initiative de Hamadi Jebali n'est pas un chèque en blanc.