L'écrivain et homme de théâtre Ezzeddine Madani vient de publier un essai en deux tomes sur le théâtre arabe édité par le Centre National de la Communication Culturelle dans la série « Mémoire et création ». Le premier volume intitulé « Théories et critique » contient une série de textes théoriques sur l'art théâtral en général et tunisien en particulier. Les réflexions théoriques de l'auteur ont été élaborées depuis le milieu des années 60, époque où a été conçue la charte sur la littérature expérimentale. Cette aventure de la pensée a été de longue durée pour l'écrivain de « La révolte de l'homme à l'âne », dure, épineuse et difficile à dompter selon ses propos. En tant qu'auteur et dramaturge, Ezzeddine Madani défend bec et ongles le texte comme base fondamentale de l'expression théâtrale. A travers les 260 pages que contient ce premier volet, il est question de jeter les bases d'un théâtre arabe qui doit se débarrasser du conformisme dans lequel il s'est installé pour rentrer de plain pied dans la modernité. Dès les premières pages, l'écrivain donne le ton en formulant le souhait que le théâtre arabe notamment au niveau du texte puisse accéder en toute quiétude à la modernité. « L'écriture est proche de Dieu, c'est un état soufi », C'est ainsi qu'il intitule l'un de ses textes. L'ouvrage est également truffé d'extraits de textes de théâtre qui se sont distingués par leur qualité comme « Chajarat e-dor » ou encore « La révolte de l'homme à l'âne ». C'est du patrimoine local qu'Ezzeddine Madani extrait toute la substance de son théâtre tout en l'adaptant à la société contemporaine. Le deuxième volet, « Porte ouverte » comprend différentes contributions théâtrales que Madani a effectuées tout au long de sa carrière mais aussi des participations dans le théâtre arabe et international. A travers les 260 pages, il livre ses impressions sur certaines personnalités du 4ème art qu'il a eu à côtoyer et dont la plupart sont devenues ses amis : metteurs en scène, comédiens et critiques. Parmi ces personnalités avec qui il a collaboré et pour lesquelles il a beaucoup de considération et d'estime, il cite Ali Ben Ayed qui a mis en scène « La révolte de l'homme à l'âne », le peintre Zoubeir Turki qui a réalisé les costumes de ladite pièce, Moncef Souissi, Mohamed Abazza, le critique théâtral égyptien Ali Rai, le metteur en scène marocain Taieb Seddiki et d'autres encore. L'auteur évoque aussi dans son livre quelques événements et anecdotes qui l'ont marqué à l'instar de la représentation de « Diwan Ezzinj » mise en scène de Moncef Souissi au Palais de Carthage qui a provoqué l'ire de Bourguiba en raison de la transgression des règles conventionnelles de la question du pouvoir. D'autre part, Ezzeddine Madani rend hommage aux hommes de théâtre dont les œuvres devraient selon lui être enregistrées sous forme de films documentaires pour servir plus tard aux futures générations intéressées par la question théâtrale. Les deux ouvrages sont agrémentés d'une foule d'illustrations rares représentant l'album de souvenirs de l'auteur qui compte parmi les auteurs les plus prolifiques avec plus de 1000 articles abordant plusieurs secteurs culturels comme la littérature, le théâtre, le cinéma et les arts plastiques. Il a publié six albums d'arts plastiques tournant autour d'artistes tunisiens tels qu'Ammar Farhat, Nja Mahdaoui, Zoubeir Turki etc... ainsi qu'une trentaine de pièces de théâtre. « Théâtre arabe éclaireur » Tome 1 et 2 est la synthèse d'un travail considérable qui a exigé des années de recherches et d'efforts au service du 4ème Art. Hayet Gharbi « Théâtre arabe éclaireur » Ed. Centre National de la Communication Culturelle