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Crise du Mali: Les intérêts pétroliers
Lu pour vous
Publié dans Le Temps le 22 - 02 - 2013

L'Afrique pèse plus aujourd'hui dans les importations pétrolières américaines que l'Arabie Saoudite.
Il faut bien comprendre que la chute du régime de Kadhafi ouvre, dans toute l'Afrique du Nord et au Sahel en particulier, la perspective d'une vaste redistribution des cartes en matière pétrolière et gazière.
L'AUREP, l'Autorité pour la Recherche pétrolière au Mali soutient que le sous-sol du pays est très potentiel pour le gaz et le pétrole et le directeur Afrique du Nord de Total, Jean-François Arrighi de Casanova va dans ce sens quand il parle lui de “nouvel eldorado pétrolier" à propos de la zone Mauritanie/Mali/Niger.
Cependant, à ce jour, le Mali compte encore un faible nombre de puits et son sous-sol reste sous-exploité. Pour l'instant, Total est surtout présent chez le voisin mauritanien.
La multinationale d'origine française est présente dans l'exploration sur les permis Ta7 et Ta8 de la partie mauritanienne du bassin de Taoudéni mais en partage avec les Algériens et les Qataris. Total possède 60%, la Sonatrach (Algérie) 20% et Qatar Petroleum International 19%.
Il faut bien comprendre que la chute du régime de Kadhafi ouvre, dans toute l'Afrique du Nord et au Sahel en particulier, la perspective d'une vaste redistribution des cartes en matière pétrolière et gazière.
S'agissant du Mali et de la Mauritanie, Total, la Sonatrach algérienne et la compagnie qatarie ont des intérêts à la fois communs et rivaux. La capacité de ces compagnies à peser sur les gouvernements africains concernés sera en effet d'autant plus forte que l'influence de leur Etat d'appartenance sera grande.
Il est essentiel de comprendre que la distribution des blocs, et des parts relatives à l'exploitation des blocs, est intimement liée aux rapports de force géopolitiques entre la France, l'Algérie et le Qatar.
Regardons maintenant la question de l'or et des autres richesses minières
Le Mali est le troisième producteur d'or du continent africain après l'Afrique du Sud et le Ghana. En 2011 il a produit 56 tonnes d'or sur une production minière mondiale d'or qui oscille selon les années entre 2000 et 2500 tonnes.
Le Mali est très prometteur dans ce domaine et devrait bientôt dépasser le Ghana devenant alors le 2e producteur d'or du continent africain.
En 2011, le Mali est devenu producteur de minerai de fer (exploitation de Tienfela). Il dispose également d'un potentiel élevé en manganèse et produit du phosphate. Ses réserves de bauxite sont estimées à 1,2 million de tonnes et pourront être exploitées dans un futur proche. Un potentiel en lithium, diamant, kaolin et pierres gemmes est également identifié, sans compter bien sûr l'uranium dont nous avons déjà parlé.
Et le mouvement se propage !
Washington et Londres – les Français ont sans doute été les plus honnêtes avec les Allemands puisqu'ils ont annoncé qu'ils restitueraient rapidement les lingots ce qui laisse à penser que la France a vendu... son or et non celui des Allemands!- ont déjà annoncé qu'il leur faudrait 7 ans pour restituer à l'Allemagne son or, ce qui signifie très probablement que ces pays n'en disposent plus.
Les mauvaises langues insinuent que les Etats-Unis et la France pourraient se servir dans les mines d'or du Mali où il sera facile d'opérer à l'abri du monde.
Les intérêts qataris
Le Qatar porte une responsabilité évidente dans les révolutions de Tunisie, d'Egypte, de Libye (il a financé les islamistes de Cyrénaïque à l'origine du déclenchement de la révolution avant que les militaires qataris ne jouent eux-mêmes un rôle opérationnel actif, au sol, auprès des forces spéciales occidentales), de Syrie (il finance les rebelles islamistes, tout comme l'Arabie Saoudite, la France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis).
L'action du Qatar est également prouvée au Mali où l'émirat a directement financé les groupes Mujao et Ansar Dine (tandis, je le répète, qu'AQMI est un faux-nez des services algériens) et son influence se dissimule derrière l'action opérationnelle du Croissant rouge qatari.
Par ailleurs, il faut remarquer qu'en janvier 2012, l'émir du Qatar s'est brouillé violemment avec le président mauritanien, Ould Abdel Aziz. Cette affaire a forcément fragilisé les intérêts du consortium Total/Qatar Petroleum International en Mauritanie (voir les accords plus haut).
Le Qatar, qui joue un rôle important dans la nouvelle donne pétrolière et gazière en Libye, veut étendre son influence dans le Sahel (Mauritanie et Mali) et utilise les groupes islamistes à cet effet.
Quelle est la vision stratégique qui sous-tend ces actions? Le Qatar détient 15% environ des réserves prouvées de gaz. Trois acteurs, la Russie, l'Iran et le Qatar détiennent à eux trois 60% des réserves prouvées du monde.
En essayant d'étendre son emprise sur le Moyen-Orient (Syrie) et sur le Sahara (Libye, Sahel et demain l'Algérie sur laquelle plane la menace d'une révolution arabe soutenue par Doha), le Qatar, de concert avec les Etats-Unis, veut couper l'Europe de la Russie (principal fournisseur de gaz des Européens) et remplacer Moscou et Alger.
Les investissements du Qatar dans les actifs stratégiques français vont dans le même sens. En s'appuyant sur l'islam en France, en contrôlant des parts croissantes d'actifs stratégiques, le Qatar veut pouvoir influer sur la décision politique française (ce qui s'est passé entre l'émir du Qatar et le président Sarkozy laisse hélas présager de ce qui pourrait se passer demain lorsque de nombreux parlementaires français seront mis sous influence).
Et l'on voit bien où cela pourrait mener... à renforcer un lobbying actif pour faire sortir la France du nucléaire et pousser celle-ci à aller davantage encore vers le gaz (car évidemment les énergies renouvelables ne peuvent être que des composantes minoritaires dans un mix énergétique).
Les intérêts américains
Après le 11 septembre 2001, sous prétexte de lutte contre le terrorisme islamique, les Américains ont augmenté leur effort d'implantation sur le continent africain, en particulier dans les zones d'influence traditionnelles de la France. La raison profonde de cet intérêt américain pour l'Afrique n'est pas le terrorisme mais le pétrole et le gaz.
L'Afrique pèse plus aujourd'hui dans les importations pétrolières américaines que l'Arabie Saoudite. Un quart des importations de pétrole américaines viennent d'Afrique, du Golfe de Guinée (Nigeria et Angola mais aussi Guinée équatoriale) et les Américains ont aussi des ambitions en Afrique sahélienne.
Si l'on regarde les effets de la coopération militaire américaine au Mali, le résultat est implacable. Les Américains ont surtout formé des Touaregs qui ont ensuite déserté l'armée malienne pour rejoindre le MNLA et Ansar Dine et participer à la guerre contre l'Etat central malien! Quand ils formaient des Noirs du Sud, il s'agissait du capitaine Sanogo lequel renversait, en mars 2012, le président Amadou Toumani Touré et créait l'anarchie dans le pays!
Le général Carter Ham qui dirige Africom, a beau s'être déclaré déçu du comportement des officiers formés par les Etats-Unis, le fait est que tous ses élèves ont tenté de détruire l'Etat malien et ce qui restait de l'influence française!
Pendant que je prêchais dans le désert, des communicants acquis aux intérêts américains expliquaient doctement sur les plateaux de télévision français que les Etats-Unis n'avaient d'autre ambition que de faire reculer le terrorisme et développer la démocratie. Que seule “l'odieuse Françafrique" avait des intérêts égoïstes sur le continent noir... Qu'il fallait aussi avoir très peur de la Chine laquelle allait “avaler tout le monde tout cru".
Conclusion
La bande Tchad/Niger/Mali/Sénégal doit rester sous contrôle sécuritaire français. Il en va des intérêts stratégiques de la France (hydrocarbures, uranium, or, et autres ressources) comme du maintien de son influence (la France conservera son intérêt aux yeux des Africains, à la condition de garantir à ceux-ci leur sécurité). Puissance francophone et historiquement liée à tous les Etats de la région (Afrique du Nord et Sahel), la France est légitime pour aider les pays de la zone à se débarrasser des groupes islamistes mafieux et à restaurer la stabilité. Sur les ruines de la Libye de Kadhafi, il est évident que d'autres puissances islamiques cherchent à contrôler la zone : l'Algérie bien sûr, qui a de grandes ambitions dans la région, mais aussi le Qatar. L'Algérie manipule certaines franges de l'islamisme radical jusqu'à s'auto-infliger des attaques (mais contrôlées dans leur portée : In Amenas qui représente 18% de la production de gaz algérien n'a pas sauté ni subi de dommages importants) afin de se présenter comme une puissante garantie de lutte contre le terrorisme. L'Algérie ne veut pas de l'islamisme à sa tête et elle a bien raison, mais hélas, son Etat profond contribue lui à maintenir l'incendie terroriste à un niveau de “basse intensité" de sorte que les Américains et les Européens ne se mettent pas à imaginer un quelconque changement à Alger.
Le Qatar, quant à lui, actionne presque ouvertement des groupes terroristes et joue un rôle clairement déstabilisateur Mali.
Par Aymeric Chauprade


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