« Le Temps de l'Espace », c'est le titre de l'exposition-photos de l'artiste Abderrazak Khéchine dont le vernissage a eu lieu le samedi 23 février à la Galerie Aïn de Salamboo. Abderrazak Khéchine est originaire de Kairouan et titulaire d'une maîtrise d'Histoire à la Faculté des Lettres et Sciences humaines de Tunis en 1981. Empreint de passion pour la photographie, il multiplie les expositions depuis 1986 et jusqu'à nos jours. Ses recherches en photographie portent essentiellement sur la Nature et le Patrimoine. De plus, la photo en noir et blanc fait l'objet de sa prédilection, non qu'il soit contre la photo en couleur, entrée depuis peu à l'ère numérique, mais peut-être qu'il ne veut pas trahir ce culte voué à la photo argentique, traditionnelle. Histoire de nostalgie ou peut-être simple résistance au modernisme, du moins en matière de photographie? C'est que la photo en noir et blanc, selon Abderrazak Khéchine, a aussi ses techniques, ses procédés et ses charmes. « Je joue sur la luminosité et les contrastes, nous a –t-il confié, en tenant compte de certains aspects du sujet traité, ce qui peut créer un impact parfois plus fort que celui exercé par une photo en couleur. » En voilà des raisons pour lesquelles la photo en noir et blanc est bien appréciée des photographes, c'est qu'elle donne une autre vision sur le monde. Dans cette exposition qui comporte 25 photos, en petits et moyens formats, les deux thèmes qui prédominent sont la nature et le patrimoine. De prime abord, le visiteur a l'impression de se retrouver devant des images grisâtres sans trop d'intérêt, alors qu'en réalité ces photos en noir et blanc comportent une dose de mystère et de magie. Les formes, les lumières et les ombres qui se dégagent de toutes les photos sur des tons clairs ou foncés, ne laissent guère le visiteur indifférent. Décidément, il y a beaucoup à explorer dans ces images en noir et blanc ! Notre artiste semble avoir sillonné le pays de long en large pour capter ses vues. Voici les épaves de bateaux à Bizerte, éventrées et perdues sur le rivage rongées par la rouille ; voici les ruines de Haïdra qui s'étendent à perte de vue rappelant notre passé glorieux et qui attendent d'être fouillées ; cette photo représente la brume qui flotte sur les hauteurs de Beni Mtir, au nord du pays ; et cette autre photo où l'on apprécie la scène splendide de l'arc-en-ciel dont on peut imaginer toutes les couleurs. Là encore, on peut contempler la photo d'un olivier solitaire qui se tient encore debout au pied d'une montagne à Djobba, malgré l'âge et les intempéries... « Traces de pas à Chott Djérid », « Mausolée de Kairouan », « Cimetière américain à Carthage », « Mouette dans l'île de Chikly », « Table de Jugurtha et plaine de Kalaâ Snène », et d'autres photos qui évoquent la nature et le patrimoine de chez nous que le photographe a su mettre en valeur grâce à son talent à jouer avec les nuances du noir et blanc. Certaines photographies sont sans doute le fruit d'un instant où Abderrazak Khéchine a dû être au bon moment et au bon endroit en fixant l'objectif de son appareil ! Qu'on soit néophyte ou connaisseur en techniques photographiques, on arrive toujours à reconnaître les suggestions de chaque photo, quoique chacun ait son propre regard et sa propre sensibilité en la regardant. C'est que la photographie, en tant qu'œuvre artistique, prête à plusieurs interprétations de la part de l'observateur, sans pour autant être de l'avis et du point de vue de son auteur.