Les métiers liés à l'informatique commencent à prendre de l'importance. Les filières liées directement ou indirectement à cette branche sont très prisées par les nouveaux bacheliers, souci d'employabilité oblige. Comment se présente la situation du marché ? Quelles sont ses perspectives ? Que faut -il pour que les emplois crées soient stables et rémunérateurs ?
Une étude de positionnement stratégique de la branche informatique révèle que le marché tunisien de l'informatique a enregistré une progression remarquable durant les dix dernières années « avec une tendance à la diversification des produits et des services et une croissance située entre 10 et 15% par an ». Cette évolution ne doit pas nous cacher que le marché tunisien est d'un niveau « très modeste et représente moins de 1% du PIB ». Comment se présente le paysage informatique ? Les experts de l'API ont recensé 345 entreprises dont 300 faisant travailler moins de 10 employés dans un marché estimé à 200 millions de dinars. Et pourtant, les emplois proposés sont stables. Les transactions effectuées dans ce marché concernent le matériel à concurrence de 68%, les logiciels standards 6% et les logiciels applicatifs et de services 26%. Le parc informatique est estimé à 210 mille PC. 80% du chiffre d'affaires sont réalisés avec des entreprises publiques et l'administration. Les emplois assurés par cette branche s'élèvent à 6550 dont la moitié est dans les sociétés de services et d'ingénierie informatique (SSII). L'autre moitié des emplois sont fournis par l'administration et les centres nationaux d'informatique. La formation est dispensée par les universités, les écoles d'informatique et les centres de formation professionnelle.
Importation de matériel et exportation de logiciels Nous importons du matériel informatique et exportons des logiciels. La croissance du marché tunisien reste très faible par rapport à celle des pays européens et des Etats - Unis. D'ailleurs le marché mondial de l'informatique est estimé à 1751 milliards d'Euros, avec une croissance annuelle moyenne de 10%. Il est partagé entre les Etats - Unis d'Amérique (45%), l'Europe (26%), le Japon (12%) et le reste du monde (17%). Le marché mondial évolue sur deux niveaux. Au niveau du matériel, l'orientation est vers la production de serveurs d'entrée de gamme, de cartes de réseaux et de PC portables. Au niveau des logiciels, la tendance actuelle est orientée vers la sécurité des systèmes d'information, le développement Intranet, Extranet et le commerce électronique, le stockage et la sauvegarde, la gestion de la relation client (CRM)... Quels sont les atouts de la Tunisie par rapport à la France, la Hongrie, l'Irlande et le Maroc ? Le coût horaire d'un informaticien tunisien est bas par rapport à celui des pays européens. Pour les analystes le coût est de 41% de ce qui prévaut en Europe. Pour les concepteurs, il est de 22%. Pour les techniciens, il est de 37%. La consommation du Tunisien en informatique est « 50 fois inférieure à celle de l'Européen et 100 fois moins que celle de l'Américain. L'activité des services informatiques est plutôt tournée vers le marché local.
Combler les retards Le retard accumulé dans l'informatisation des entreprises était estimé entre 7 et 10 ans en 2000. Le retard technique des SSII était d'environ 3ans par rapport aux standards mondiaux. Depuis, la situation s'est nettement améliorée. Les créneaux et marchés porteurs ont été repérés. On y relève les réseaux et sécurité, les systèmes Intranet et Extranet, les centres d'appels et gestion de la relation client ; système de sauvegarde ; systèmes de gestion avancée... La restructuration et la mise à niveau du secteur informatique passent par l'incitation « aux regroupements des compétences et à l'appel à une nouvelle génération de managers, la concentration sur des créneaux précis et l'appropriation d'un métier de clientèle ». Pour relever ces défis, il faudra, entre autres, alléger les procédures administratives des marchés publics et réduire les délais de constitution de cahiers des charges... Le marché intérieur peut se développer en encourageant le désengagement de l'Etat de certaines missions qui peuvent être effectuées avec brio par les SSII. Ces dernières doivent promouvoir leurs activités Recherche & Développement pour rester au diapason du progrès. Les patrons des SSII innovantes revendiquent la réduction des charges fiscales et sociales. Pour booster la demande, il faudra promouvoir davantage l'utilisation de l'ordinateur familial, scolaire, universitaire ainsi que dans la vie professionnelle. Les compétences nationales et les spécialistes dans des domaines pointus sont à mettre en exergue. En réussissant la mise à niveau du secteur informatique, les vagues d'étudiants intégrant cette filière trouveront nécessairement de l'emploi, un empli durable et épanouissant.