Ali Laârayedh a présenté, hier, la composition de son gouvernement, évitant de justesse, l'expiration du délai de quinze jours qui lui est imparti par la petite Constitution. Mais, ce n'était pas une sinécure, c'est plutôt un accouchement dans la douleur. Les négociations marathoniennes, la surenchère de partis appelés à la rescousse pour élargir la coalition au pouvoir et les rebondissements de dernière minute, prédisaient un échec annoncé et menaçaient l'éclatement de la Troïka même, donc l'enlisement du pays dans une crise sans issue. Ceci a eu pour effet d'exaspérer la patience des Tunisiens, déjà à bout de nerfs, d'accentuer leur déception de la classe politique, pouvoir en tête et d'assombrir encore plus les perspectives d'avenir. On peut dire, maintenant que le gouvernement a été formé, que le pire a été évité de justesse et que le pays entame une nouvelle phase avec d'épineux problèmes en attente de solutions et de nouveaux défis qu'il est vital de relever. Le gouvernement Laârayedh pourra-t-il réussir là où a échoué son prédécesseur ? Il est difficile de répondre, pour le moment, mais le nouveau chef du gouvernement semble confiant. En attendant d'en savoir plus sur son programme d'action lors de la plénière de l'Assemblée Constituante, l'opposition se montre déjà sceptique, considère qu'il s'agit d'un changement dans la continuité et que le nouveau gouvernement ne diffère de son prédécesseur que par le nombre réduit de ses ministres. Il est vrai que l'ossature reste la même, les trois partis de la Troïka, constituant l'épine dorsale du nouveau cabinet alimenté de personnalités indépendantes, dont on ne connaît pas l'obédience. La question qui continuera de tirailler l'opinion : Y aura-t-il une vraie neutralité des ministères de souveraineté et une sincère volonté d'endiguer la violence, de rétablir la confiance et d'améliorer les conditions de vie des Tunisiens ?