Fort d'un bilan jugé unanimement positif, l'actuel locataire du ministère de l'Intérieur est, presque, sûr d'être reconduit... Alors que le ballet du prochain remaniement ministériel se poursuit, «endiablé» et à l'issue indécise, les spéculations vont bon train sur les chances de l'actuel ministre de l'Intérieur, Ali Laârayedh. Sera-t-il reconduit ou viré? Certes, il est encore difficile de «dénicher» la réponse exacte au milieu du...brouhaha qui se dégage des tractations marathons menées par la Troïka pour aboutir à un consensus sur l'ossature finale du prochain gouvernement. Certes encore, tout reste possible dans ce contexte, étant donné les divergences de vues entre les parties concernées sur fond de luttes d'intérêts. Tout cela est juste. Mais, ce qui l'est aussi, c'est ce début d'unanimité constaté, çà et là, autour de la reconduction de M. Laârayedh à la tête du ministère de l'Intérieur. Des atouts non négligeables Soutenu crânement par les siens (Ennahdha, Al-Choura, l'aile dure du mouvement, et la nouvelle vague des jeunes nahdhaouis), l'actuel locataire de la grande citadelle de l'avenue Habib-Bourguiba n'a plus maintenant, assurent des sources concordantes, qu'à séduire les dernières...poches de résistance qui persistent à exiger de confier la direction des ministères de souveraineté à l'opposition. Reste donc à savoir si cette frange «anti-Laârayedh» tiendra le coup, ou finira par céder face à une majorité de plus en plus décidée à refaire confiance à cet homme, non pas pour... ses beaux yeux, mais tout simplement pour un bilan qui plaide en sa faveur. Bien évidemment, ce bilan est, techniquement, loin d'être flatteur, dans la mesure où ledit ministère a encore du pain sur la planche dans les domaines de la sécurité et de l'action municipale. Cependant, il faut reconnaître, comme l'admettent d'ailleurs plusieurs experts et observateurs neutres, que le parcours de M. Laârayedh est globalement positif, et cela pour au moins trois raisons, à savoir : — Primo : l'augmentation vertigineuse du nombre de retentissants coups de filet policiers, ce qui a eu pour effet de réduire sensiblement la poussée, jusque-là d'une ampleur sans précédent depuis la révolution, de la criminalité. — Secundo : les points précieux et prometteurs que ne cessent de marquer les forces de sécurité intérieure dans leur lutte contre le terrorisme, avec au compteur les nombreuses arrestations et saisies opérées continuellement dans les rangs des jihadistes et la maîtrise du danger salafiste. — Tertio : la bonne gestion de l'épineux dossier du pluralisme syndical, les manifestations de grogne et de sit-in n'étant plus qu'un mauvais souvenir. A ces trois atouts jugés unanimement «non négligeables», il faudrait compter avec un facteur non moins important, à savoir le besoin de continuité. En effet, comme en sport on ne change pas une équipe qui gagne, il va sans dire que se séparer d'un ministre qui n'a pas démérité dans une conjoncture politique pourtant exceptionnelle et extrêmement difficile équivaudrait à laisser le verre à moitié vide. Surtout que, soutient-on dans les milieux policiers du pays, l'actuel ministre de l'Intérieur est devenu plus maître de ses dossiers, plus sûr dans sa démarche et, par conséquent, tout près des buts qu'il avait promis d'atteindre, à savoir le rétablissement de l'ordre et de la paix dans le pays, l'élimination des séquelles de la corruption et de la malversation qui sévissaient dans la «boîte» sous Ben Ali, ainsi que l'amélioration des rapports citoyens-agents de l'ordre et enfin et surtout l'éradication des phénomènes du jihadisme et du salafisme. Autant de défis stratégiquement sensibles que seule, oserons-nous écrire, une politique de continuité en bonne et due forme est en mesure de relever. Alors, Ali Laârayedh solide au poste ? Qui vivra verra...