Pour les nouveaux ministres du gouvernement de Ali Laarayedh, on parle déjà des « examens » qui les attendent à la tête de leurs départements respectifs. Pour M. Lotfi Ben Jeddou, le plus dur des tests à passer portera sur l'affaire Chokri Belaïd. Si son passage au Ministère de l'Intérieur est couronné par la révélation des vrais organisateurs, des vrais commanditaires et des vrais auteurs de l'assassinat, il n'est pas exclu que ce ministre soit porté aux nues et même proposé comme candidat de l'opposition à la présidence du pays aux prochaines élections ! A ce propos, le second test est de parvenir à garantir un climat politique réellement propice à l'organisation, à la préparation et au bon déroulement du scrutin tant attendu. Juste par superstition, rappelons que le gouvernement de Béji Caied Essebsi à qui on reconnaît au moins sa réussite relative dans l'organisation des élections d'octobre 2011, avait pris le pouvoir au début du mois de mars de la même année. Ce beau Mars 2013 porterait-il chance à l'équipe de Laarayedh et plus particulièrement à M. Ben Jeddou ? On peut l'espérer même si le ciel printanier tunisien n'accueille pas que des colombes ou que des hirondelles ces derniers jours. Troisième test donc, savoir contenir les ardeurs suspectes des mouvements, organisations et associations capables d'entraver le processus démocratique. Là encore, si le nouveau Ministre de l'Intérieur parvient à neutraliser de quelque manière que ce soit les turpitudes partisanes des Ligues pour la Protection de la Révolution et celles de leurs concessionnaires déguisés, son succès serait presque total auprès de la majorité des Tunisiens et pas seulement auprès des partis d'opposition. Du pain sur la planche, comme on le voit, pour M. Ben Jeddou ! L'idéal serait de le voir réussir ces examens avec la meilleure des mentions. Néanmoins, un « bien », un « assez bien », voire même un « passable » feraient l'affaire. Après tout, Essebsi n'avait obtenu que la mention « bien » ou « honorable » en octobre 2011. Ruptures nécessaires et continuité indispensable M. Nadhir Ben Ammou n'est pas mieux loti que son confrère M. Ben Jeddou. Il doit se préparer à de dures épreuves dans son Ministère de la Justice et réussir à faire oublier les échecs de son prédécesseur. Les dossiers sont multiples et à leur tête, encore une fois, celui de l'attentat contre le leader Chokri Belaïd. En même temps, il doit démontrer que son ère, si brève soit-elle, sera celle de la véritable indépendance de l'institution judiciaire. Si cela lui est possible en quelques mois, le Ministre de la Justice est appelé à aplanir le terrain pour combler les principales défaillances héritées de tous ses prédécesseurs. Mais surtout, M. Ben Ammou doit œuvrer de son côté à garantir une transparence entière, une neutralité exemplaire et une équité modèle avant, pendant et après les prochaines élections. Le Ministre des Affaires Etrangères, quant à lui, n'a qu'une mission : effacer le souvenir des frasques de Rafik Abdessalem Bouchlaka ! Et ce n'est pas rien ! Cela peut relever des « missions impossibles » ! Ce ne sera apparemment pas le cas pour M. Rachid Sabbagh, Ministre de la Défense, à qui justement personne ne demande de rompre avec les acquis de son devancier M. Abdelkrim Zebidi. Au contraire, tout le monde (en principe, du moins) souhaite de préserver sa neutralité politique à l'armée tunisienne, appelée comme toujours, à défendre le pays sans distinction aucune entre ses habitants ni entre ses partis. Dispense et avertissement ! En ce qui concerne M. Naoufel Jammali, Ministre de la Formation et de l'Emploi, aucun Tunisien sensé n'attend de lui qu'il résorbe le chômage, ni totalement, ni partiellement. Pour une fois, il pourra peut-être dire comme son prédécesseur, que le Ministère de l'Emploi n'est pas concerné par l'embauche !! C'est de ce point de vue une bonne planque, ce ministère qui vient de lui échoir. Côté évaluation, M. Naoufel Jammali est comme dispensé ! Il n'en sera pas de même pour Si Jamel Gamra : l'été approche et la saison du plein tourisme est à nos portes. Comment faire pour que l'année touristique 2013 soit meilleure que celles des deux dernières années, plutôt désastreuses. En fait, là non plus, le nouveau Ministre du Tourisme n'a pas de baguette magique. Cependant, s'il réussit un tant soit peu à ramener au pays les plus fidèles clients de nos unités hôtelières, ce serait une gageure pour laquelle il mériterait bien les félicitations du jury. Certes, il risque d'avoir l'extrémisme religieux à dos, mais sur ce plan, il doit se faire aider du Ministre de l'Intérieur qui, en définitive, est Ministre du Tourisme à sa manière. Parlons enfin du Ministre de l'Education, M. Salem Labyedh, dont la désignation suscite un tollé relatif parmi une large partie de l'opposition démocratique, parmi ses anciens collègues de l'Université et sur face book. On lui reproche son chauvinisme nationaliste arabe, son aversion pour la francophonie et les francophones, son anti-bourguibisme déclaré, sa farouche opposition à Béji Caied Essebsi (et par ricochet à Nida Tounès et aux « recyclés du R.C.D) et surtout un sentiment régionaliste de mauvais aloi principalement hostile aux Sahéliens et aux Beldis tunisois. Bon ! M. Labyedh est libre de ses opinions. Mais une fois sur son fauteuil de Ministre, certaines d'entre elles peuvent lui jouer de mauvais tours. M. Moncef Ben Salem, actuel Ministre de l'Enseignement Supérieur, qui un jour sur Hannibal TV se prononça contre la naturalisation des relations avec Israël, n'aborde plus le sujet, ni de près ni de loin depuis son investiture. Alors pan arabisme, haine de la francophonie, régionalisme sudiste, et tout le reste, ça peut faire rater l'examen ! Et ce n'est pas toujours bien vu quand un « Professeur » échoue aux examens ! Comme les cancres ! P.S. Pardon de ne pas parler des ministres « redoublants » ou « cartouchards » ! Leur échec n'étonnerait personne parmi les examinateurs!