«Il faut un nouveau Gouvernement de compétences», affirme Jilani Hammami, porte parole du Parti des Travailleurs «L'UGTT est la mieux placée pour réussir le dialogue national» Le remaniement ministériel dont on n'a pas cessé de parler, vu l'intérêt qu'il suscite auprès de toutes les franges de la population et qui engage par la même occasion le reste de la phase transitoire, et ce depuis sept mois a l'air de prendre la forme d'un feuilleton mexicain qui cafouille pour ne guère avancer comme il se doit. Dans les partis d'opposition, la position est de plus en plus en plus tranchée. Le remaniement n'augure pas de changements notables. Al-Massar et le Parti Républicain (Al-Joumhouri) ont repoussé les postes qui leur ont été proposés. Une rencontre a eu lieu entre Rached Ghannouchi, président d'Ennahdha et Ahmed Néjib Chebbi, président de l'Instance politique d'Al-Joumhouri. Ils ont débattu de la situation politique dans le pays et convenu qu'elle est très difficile et que le consensus est nécessaire pour sortir de la crise. Le parti républicain appuie la nécessité d'un gouvernement restreint de compétences, sinon un gouvernement d'unité nationale avec la participation de tous les partenaires y compris Nida Tounès. Les conditions avancées n'ont pu être acceptées. Le plus important pour ce parti est la gestion de l'étape actuelle. Le Gouvernement qui va sortir des tractations actuelles ne sera ni un Gouvernement de compétences, ni un Gouvernement d'unité nationale. Jilani Hammami, porte-parole du Parti des Travailleurs dans une déclaration au Temps, qualifie le remaniement ministériel de « feuilleton qui ne finit pas. La difficulté qu'il rencontre se trouve dans le fait qu'il est encore soumis à la logique des quotas entre partis, même si on voulait qu'il soit une mesure pour solutionner la crise ». Jilani Hammami rappelle que le principe des quotas est un des aspects de la crise. « Nous pensons que la crise ne peut être solutionnée par un simple remaniement ministériel. Au Front populaire et au Parti des Travailleurs, nous avons dis que le Gouvernement a échoué. Il ne s'agit pas d'opérer un remaniement, mais de former un nouveau Gouvernement composé de compétences avec un programme précis. Il ne faut pas qu'il soit un Gouvernement de partis. Il aura pour mission la préparation du pays aux prochaines étapes et la mise en place de mesures urgentes propres à remédier à la situation économique et sociale. C'est tout le Gouvernement actuel qui doit rendre le tablier. Il devra être remplacé par un Gouvernement restreint de compétences. Le problème du remaniement en cours est qu'il veut résoudre une crise tout en continuant dans une logique qui a été une des causes de la crise ». Concernant, l'initiative de dialogue entreprise par le président provisoire Moncef Marzouki, Jilani Hammami, la situe dans le cadre de la course aux initiatives. « Ennahdha a sa propre initiative de dialogue national. La Troïka a sa propre initiative. Chacune de ses composantes s'est chargée de certains contacts à faire. Et voilà que le président lance sa propre initiative. Pourquoi tant d'initiatives en même temps ? Ce sont des calculs et des considérations personnelles ». Le porte-parole du Parti des Travailleurs, rappelle que l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) avait déjà pris une initiative de dialogue national. Il a annoncé sa réactivation à la fin de ce mois. « Ennahdha et le Congrès pour la République n'y avaient pas participé. Ce débat national tenu les 16 et 17 octobre dernier, avait conclu à des positions qui ne sont pas conformes à leurs objectifs. Ils veulent une initiative qu'ils peuvent manœuvrer à leur guise. Ennahdha avait mis 15 jours avant la tenue de cette rencontre à avancer des prétextes pour fuir le dialogue. La veille de la rencontre ce parti a trouvé l'alibi que l'UGTT ne l'avait pas consulté dans le choix des invités ». Le Front populaire a bien participé au dialogue initié par l'UGTT. Il a avancé un document dont la majorité des points avaient été retenus par le texte final. Jilani Hammami, privilégie l'initiative prise par l'UGTT à celle du président de la République. Il considère que l'UGTT avec son prestige, son rôle national et le fait qu'elle garde la même distance vis-à-vis de tous les partis politiques, est la plus habilitée pour réussir ce dialogue national. « L'UGTT peut servir de rassembleur potentiel en position de réunir toutes les parties, Gouvernement et partis politiques antagonistes, autour d'une même table, pour dialoguer et trouver un terrain d'entente sur le calendrier politique et les autre questions en suspens pour assainir le climat politique et mener à son terme la transition ». Pour conclure, disons que les partis d'opposition ne se font pas beaucoup d'illusions à propos du remaniement ministériel. Quant à l'initiative de dialogue national proposé par Moncef Marzouki, elle n'a pas encore suscité l'unanimité tant escomptée par son initiateur.