Loin de s'essouffler et continuant de plus belle sur sa lancée, toujours aussi décidé, malgré le tintamarre provoqué par ses déclarations intempestives à Doha et l'effet de mécontentement causé auprès des démocrates et constituants de l'opposition, Mohamed Moncef Marzouki, a relancé une initiative de dialogue national avec l'ambition souhaitée de trouver un consensus entre les partis politiques sur la période transitoire. Cette initiative a-t-elle des chances d'aboutir ? Les premières réactions recueillies font douter de la possibilité de succès de cette initiative, du moins dans les circonstances actuelles. Samir Taïeb, porte-parole d'Al-Massar, affirme que le président cherche « à redorer son blason. Il ne pense qu'à sa personne. Il ne lui reste qu'Ennahdha, il s'y accroche désespérément. Il a été discrédité par ses déclarations à Doha. Il ne peut pas à la fois diviser les Tunisiens et appeler au dialogue. Nous rejetons son initiative et nous nous attachons à l'initiative de dialogue de l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) ». Jilani Hammami, porte-parole du parti des Travailleurs, précise qu'en principe « le pays a besoin de dialogue pour débattre des problèmes politiques, économiques et sociaux du pays. Le Gouvernement est quasiment absent. Il n'a pas de programme. Nous avons adopté au parti des Travailleurs, la nécessité d'engager un dialogue national. Toutefois, la méthode suivie par Moncef Marzouki n'est pas fiable. Son initiative survient dans des circonstances particulières marquées par les déclarations irresponsables à Doha. Il a pris l'initiative pour apaiser la situation au profit de sa personne. Un dialogue pour un agenda personnel, n'est pas un véritable dialogue. Il est nécessaire d'engager un dialogue national, pour sauver le pays. Ce dialogue peur se tenir dans le cadre de l'initiative de l'UGTT ou une autre. La forme importe peu. L'essentiel réside dans la volonté politique ». Noureddine Ben Ticha, dirigeant à Nida Tounès, précise que l'initiative prise par Marzouki, cadre dans l'initiative d'Ahmed Néjib Chebbi. « Il s'agit d'engager un dialogue sur la date des élections, celle de l'achèvement de l'adoption de la Constitution, les points de divergence sur cette constitution et la loi électorale. Moncef Marzouki a adopté cette initiative ». Ahmed Néjib Chebbi a contacté dernièrement les différents partis politiques. De son côté Moncef Marzouki a délégué son conseiller politique Abdellaziz Krichène pour contacter les partis politiques. Il a rencontré Béji Caïd Essebsi pour chercher un accord de principe. La rencontre pourrait se tenir le 9 avril courant. Nida Tounès n'est pas contre le dialogue. Il y participera parce qu'il est contre la politique de la chaise vide. De son côté Issam Chebbi, porte-parole d'Al-Joumhouri, précise que les contacts avaient commencé avant la motion de censure. Il rappelle que « le parti Républicain, et Al-Massar avaient lancé en septembre 2012 une initiative de dialogue. L'UGTT a organisé le premier round de dialogue. Ennahdha et le CPR l'avaient boudé. Nous croyons que la situation dans le pays ne pourrait se stabiliser qu'avec le consensus. Deux ans après la Révolution, aucune date des élections n'a été fixée. Le nouveau gouvernement n'a pris aucune initiative de dialogue. Al-Joumhouri a chargé Ahmed Néjib Chebbi, d'entamer des contacts pour se réunir autour d'une même table. Il a contacté les principaux partis politiques. Il y a eu convergence entre cette initiative et le désir de dialogue de Moncef Marzouki. Il appelle au dialogue. Il aura un rôle exclusivement protocolaire. La rencontre aura lieu fort probablement le 9 avril, si un accord est finalisé. Des problèmes de formalités se posent. La rencontre peut avoir lieu une semaine plus tard. Nous soutenons, cette initiative et y participerons. L'essentiel est que le dialogue avance, sans qu'il soit organisé sous la houlette de la Troïka. Nous nous concertons avec nos alliés au sein de l'Union pour la Tunisie. Le dialogue réunira, entre autres les partis de la Troïka, Al-Joumhouri, Al-Massar, Nida Tounès, le Front populaire, le Mouvement Chaâb, parti Al-Moubadara, l'Alliance démocratique...L'UGTT est un partenaire de taille. Les conclusions lui seront transmises. Il abritera le deuxième round de dialogue national après accord des partis politiques, en y associant l'UTICA, la Ligue Tunisienne des Droits de l'Homme, l'Ordre des Avocats... » Abderrazak Hammami, secrétaire général du Parti du Travail Patriotique et Démocratique affirme au Temps que « pour le principe le PTPD soutient toutes les initiatives de dialogue, car nous considérons que la Tunisie a besoin de dialogue dans toutes les circonstances, raison de plus dans une période empreinte de crise. Toutefois, les invitations au dialogue qui ont pour objectif de gagner du temps ou servir des agendas partisans ou des intérêts personnels ne peuvent être acceptées. Nous sommes pour le dialogue sincère et honnête qui vise la recherche de consensus. La situation du pays nécessite une feuille de route claire. Toutefois, l'instance présidentielle s'embourbe des incidences des déclarations de Marzouki qui a parlé comme s'il n'était pas président de tous les Tunisiens, surtout à l'étranger. Ses déclarations, il les a tenues dans une chaîne de télévision qui n'est pas appréciée par les Tunisiens. Il n'a pas pri la même dimension vis-à-vis de tous. Une motion de censure a été lancée. La légitimité de la présidence est en train de se détériorer. Concernant son initiative, ni l'origine des invitations au dialogue, ni ses procédures ne sont clairs. Ce qui est étonnant. Des espaces sont choisis de façon sélective. L'initiative de dialogue de l'UGTT a été freinée. Je ne comprends pas comment on appelle au dialogue après les évènements du 4 décembre et l'annonce des résultats de l'enquête de façon unilatérale. Nous soutenons pour le principe le dialogue. Il faut y associer toutes les forces politiques et l'UGTT doit avoir un rôle central. Le dialogue doit se tenir à l'intérieur et à l'extérieur de l'ANC avec un esprit constructif, sinon il n'aboutira à rien de bon ».