Ce qui se passe à Bizerte est tout simplement tragiquement surréaliste. Au départ, le football et à l'arrivée, une ville défigurée par les flammes de la frustration et de la violence. Bizerte… blessée et vexée ! Pourtant, ce rocher de l'extrême nord a tout pour réussir. Un ami bizertin d souche parmi les notabilités les plus anciennes me disait il n'y a même pas une semaine, alors qu'on sirotait un petit café du côté de la Corniche : « Regardez cette ville qui n'arrive pas à décoller vraiment depuis l'indépendance, elle est tout le temps prise en otage par l'exode sauvage, l'absence de plans urbains, elle étouffe au centre ville et malgré son site unique en Méditerranée elle rassemble plus à une banlieue de Marseille, qu'à Monaco ! » Alors, que faire, lui dis-je… et le gentleman bizertin de me répondre. « Il lui faut un prince comme Albert de Monaco, conservateur et moderne, sportif et bon manager… et Bizerte, sera plus attrayante que Monaco » ! Eh oui ! Mais, les princes, les vrais, se font rares dans ce pays où la médiocrité jointe à l'agressivité nous donne ce spectacle de la désolation et de l'anarchie dans la capitale du grand nord. En fait, cette affaire a mal démarré à cause de « l'exceptionnel » et du provisoire ! Quand les lois sont mauvaises personne ne veut plus appliquer. Mais, comme le dirait le sénateur romain Cicéron : « Dura lex ced Lex » (la loi est dure mais c'est la loi). Il aurait fallu énoncer les « Règles du jeu » dans toute la clarté, mais à situation « exceptionnelle » il fallait prévoir un plan de sortie, d'autant plus que pour cette saison le football était déjà mal parti depuis le départ. Quatre finalistes au play-off ou six… ça change quoi ! sinon de donner de la joie à deux grandes villes tunisiennes Bizerte et Monastir et permettre au championnat de durer deux semaines de plus. Vous me direz, mais quand on commence à changer les lois sous la pression de la rue… ça ne finit plus ! Juste ! Mais pour une fois c'est pas le cas parce que tout simplement ce championnat a été décrété dès le départ « exceptionnel », donc les lois usuelles ne sont pas les bonnes. Je ferme cette parenthèse pour dire que parfois il faut « un prince » pour nous sauver d'une crise par le « fait du prince » ! Oui, il fallait tout simplement une décision politique pour permettre à six équipes de jouer la phase finale pour cette seule année, puis remettre les pendules à l'heure pour les années à venir de façon irréversible mais claire et transparente. Bizerte déjà frustrée par tant de négligences et de laisser aller depuis l'indépendance ne mérite pas tant de violences et d'agressivité. Ses reliefs baignés par le grand large peuvent en faire un cristal de turquoise des mers du sud, unique et exceptionnel en Méditerranée. Il est grand temps de lui consacrer l'attention qu'elle mérite avec des plans de développement et de rénovation, à sa dimension. Mais il faut tout de suite apaiser les esprits et éteindre le feu ! Bizerte est éternelle et éternelle elle restera !