L'association tunisienne de défense de la neutralité de l'administration et des lieux de culte de par sa position et son rôle ne peut rester indifférente face à ce qui se passe dans les lieux de culte censés être des endroits de recueillement, de méditation où l'on prêche la sagesse et la bonne parole. Des discours haineux se propagent dans les mosquées du pays. Salah Zghidi président de l'association affirme au Temps que « pour la plupart des actes de violence qui sont perpétrés dans le pays depuis l'assassinat après son lynchage de Lotfi Naguedh à Tataouine à l'assassinat de Chokri Belaïd, en passant par les agressions des Ligues de protection de la Révolution et les appels à l'apostat, un des instruments utilisés sont les mosquées. Les mosquées sont devenus lieux d'appel à la violence et à l'assassinat ». Cette situation dure depuis le 2 » octobre 2011. Il n'a y a pas très longtemps, le Gouvernement reconnaissait que 400 mosquées sont livrées à elles-mêmes et sont hors la loi. Ils n'en restent plus que 100. Sur les cents, il y a une vingtaine de grandes mosquées. Salah Zghidi pense que le problème des mosquées doit faire partie des préoccupations de tous. « C'est une question de vie et de mort », prévient-il. D'ailleurs, il déplore que l'opposition n'ait pas accordé suffisamment d'importance au problème des mosquées. En plus le discours haineux des prédicateurs tunisiens dans les mosquées est relayé par les prédicateurs venant de l'étranger. D'un côté on déplore que les investisseurs étrangers et les touristes ne viennent pas en Tunisie et de l'autre on invite ces prédicateurs étrangers. « L'un ira jusqu'à dire que la femme ne doit pas conduire une voiture et doit se déplacer à dos d'âne. Ce n'est pas avec tels discours insensés que les investisseurs et les touristes viendront en Tunisie. L'Etat est entre les mains des islamistes et ouvre les portes grandes ouvertes aux prédicateurs étrangers », rappelle notre interlocuteur. Il ajoute que le ministre des Affaires religieuses Noureddine Khademi, le 8 février dernier, le jour de l'enterrement de Chokri Belaïd, au lieu de parler de l'assassinat s'est contenté de dénoncer la présence de femmes lors de l'enterrement. L'association tunisienne de défense de la neutralité de l'administration et des mosquées (ATDNAM), vient de publier un communiqué où elle rappelle sa conviction, qu'avec l'arrivée de l'Islam politique au pouvoir, la diffusion de l'anarchie sécuritaire, sociale et économique, ceux qui s'autoproclament porte- paroles officiels de l'Islam, à l'intérieur et à l'extérieur des mosquées, prendront de plus en plus d'ampleur. Les fondateurs de l'association avaient attiré l'attention sur la situation de plusieurs mosquées qui deviennent dépouillées de leur vocation de lieux de culte, de dévotion et d'appels au bien à l'amour et à la tolérance. Les choses ont évolué en des proportions inacceptables par de nombreux hommes de religion. Dans les quartiers, devant les écoles, certains se sont établis de force et se projettent en des conseillers et en juges religieux. Ils se permettent de s'immiscer dans les intimités et vie privée des gens. Les appels à la violence et le menaces d'agression voire de mort deviennent langage courant, surtout contre les femmes et les établissements éducatifs. Des prédicateurs agissent librement sous l'œil bienveillant d'Ennahdha et ses alliés. « Certains discours de certains dirigeants nahdhaouis rejoignent avec ceux des salafistes qui se permettent de qualifier les autres d'apostats », dit le communiqué. La culture de la violence doctrinale est devenue une partie intégrante du paysage politique et sociétal. Des associations qui pratiquent l'anathème, ont invité le prédicateur Mohamed Hassen. Ils lui ont ouvert les mosquées de Kairouan, Msaken, Mehdia et Sfax. Il a disposé de la Coupole d'El Menzah et plusieurs maisons de culture. L'ATDNAM déplore la diffusion de ce genre de culture qui justifie les atteintes aux Droits et libertés et instrumentalise la religion pour inciter une partie de la société tunisienne à se défaire des acquis civilisationnels et sociaux réalisés en Tunisie depuis l'indépendance. L'association demande de mettre fin à ces pratiques qui menacent la stabilité du pays et la sécurité des citoyens. Elle appelle à l'application de la loi à l'intérieur des mosquées en excluant tous les intrus et les agresseurs et ceux qui veulent les transformer en espaces politiques pour l'agitation et l'appel au Jihad en Syrie ou en Tunisie. L'appel est lancé à toutes les forces civiles et politiques à la nécessité de faire face à ce pli catastrophique, jamais connu par le pays.