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«T'inquiète, y a Tunisie-Protect !»
Assurances et réassurances politiques et sécuritaires
Publié dans Le Temps le 08 - 05 - 2013

Pardon d'emprunter ce slogan un peu macabre, il est vrai, pour ceux qui connaissent le spot publicitaire auquel le titre fait référence. En effet, il renvoie à une annonce désormais quotidienne sur les chaînes françaises pour une société experte en assurances obsèques.
Le spot est interprété par Annie Duperey et Bernard Lecoq deux acteurs rendus très célèbres à la télévision par les rôles principaux qu'ils tiennent dans une série intitulée « Une famille formidable ». On voit Annie Duperey allongée sur une chaise longue et qui pendant un bref assoupissement voit Bernard Lecoq (supposé être son époux comme dans le feuilleton) au fond de la tombe. Elle se réveille en sursaut et rapporte son cauchemar à celui-ci en lui disant : « J'ai rêvé qu'on t'enterrait ! ». Alors, Lecoq confiant et souriant lui répond « T'inquiète, y a Family-Protect » ! Comme quoi, ne te soucie pas trop, tendre moitié (tu rêves peut-être en ton for intérieur d'une mort imminente mais peu coûteuse de ton cher conjoint), la société d'Assurances se charge de tous mes frais d'obsèques ! Le rapport de ce spot avec notre actualité politique et sécuritaire peut ne pas paraître évident pour certains lecteurs. Or, plusieurs éléments de cette actualité y renvoient presque systématiquement.
« Dormez sur vos deux oreilles ! »
Effectivement, et depuis une dizaine de jours, les Tunisiens s'inquiètent plus sérieusement que jamais pour leur pays, notamment après les événements du Mont Chaâmbi qui se poursuivent encore. Le terrorisme est sur notre sol et les « mines » sont en dessous ; toutes sortes de « mines » en fait, des moins handicapantes aux plus meurtrières. Pendant ce temps, des voix nous parviennent qui nous rassurent et tentent d'atténuer nos craintes. Le Chef du Gouvernement, M. Ali Laârayedh, ne veut pas par exemple qu'on amplifie et qu'on dramatise trop ce qui se passe sur les hauteurs kasserinoises. Plus récemment encore, Mohamed Ben Salem, Ministre de l'Agriculture, déclarait au micro d'un reporter d'Hannibal TV que nos voisins algériens n'ont jamais été aussi tranquilles que cette dernière semaine, sur leurs frontières communes avec la Tunisie. Le même ministre ajoute au sujet de l'assassinat de Chokri Belaïd que les tueurs sont arrêtés, (même si le principal accusé cavale toujours) et que l'affaire est presque close ! Mokhtar Ben Nasr, porte-parole du Ministère de la Défense, multiplie quant à lui les démentis contre les différentes rumeurs ou allégations alarmistes. Le même Ben Nasr rassure autant qu'il peut sur le grand potentiel technique dont disposent notre armée et toutes nos unités sécuritaires face aux groupes terroristes. Qui ne dormirait pas sur ses lauriers en faisant confiance à ces déclarations officielles ? Ah ! S'il n'y avait pas ces autres sons de cloche qui nous empêchent de jouir du sommeil serein et profond recommandé par les dirigeants du pays !
Sons de cloche effrayants
En effet, nous prêtons attention (malheureusement ou heureusement, c'est selon) à ces nouvelles et à ces images qui nous parviennent du terrain et qui soulignent les pertes et les revers, certes relatifs, de nos forces armées et de notre garde nationale dans leur trop lent ratissage de la région. Nous écoutons aussi Fadhel Saïhi, ce responsable syndical de la sécurité à Kasserine, qui confesse à un journaliste de la TAP que nos forces sont insuffisamment équipées face aux terroristes qu'on leur demande (ou pas, allez savoir !) de neutraliser. Nous prenons également au sérieux Imed Belhaj Khélifa, porte parole de l'Union Nationale des Syndicats des forces de la sécurité intérieure, qui déplore la mollesse avec laquelle les décideurs politiques traitent le dossier terroriste. Sur l'écran de Nessnessma, Imed Belhaj Khélifa réitérait des couplets de notre hymne national à l'adresse des politiques et surtout scandait le morceau qui stigmatise les traîtres intérieurs « wala âcha fi tounès man khanaha » ! Il y a par ailleurs des chances qu'une bonne partie de la population soutienne le syndicat des forces de sécurité et l'accompagne dans sa marche sur l'Assemblée Nationale Constituante, manifestation prévue pour après demain, vendredi 10 mai 2013 ! Comment dormir sur nos deux oreilles en écoutant de si angoissants messages , ou bien en lisant tel journal algérien, habituellement fiable, qui nous apprend que l'armée algérienne a décrété l'état d'alerte et l'état d'urgence sur les frontières avec la Tunisie et ce, après la découverte du groupe terroriste du Mont Chaâmbi. Les soldats et les gardes tunisiens blessés, amputés ou qui ont perdu la vue au cours de l'intervention ont beau remonter le moral de leurs camarades encore valides, en se disant prêts à tout sacrifier pour la Patrie, il n'en reste pas moins que quelque chose dans le ton de leurs voix et dans celui de leurs porte-parole syndicalistes suscite de l'inquiétude. Le peuple tunisien voudrait bien se sentir protégé, mais qui croire au milieu de ces voix discordantes ? Nous nous sommes habitués depuis Bourguiba et Ben Ali à nous méfier des versions officielles édulcorantes. Aujourd'hui, après la glorieuse « Révolution du Jasmin », serons-nous amenés à observer la même incrédulité vis-à-vis du pouvoir en place ?
Le bon choix de l'Assureur !
Qui, en ce moment, pourrait pour de bon jouer le rôle d'une fiable société d'assurances pour l'avenir tunisien ! A quelle « Tunisie-Protect » devons-nous confier le destin de ce cher pays, menacé par des projets complexes de déstabilisation et d'embrasement ? Les rivaux politiques en Tunisie donnent l'air de se réconcilier autour des tables du « dialogue national ». Or, ils ne s'entendent pas encore sur quel « dialogue national » favoriser ! La Troïka et l'UGTT rivalisent toujours d'initiatives et cela fait gagner ou perdre du temps (c'est selon) aux interlocuteurs en crise de confiance et de communication. Sur les prochaines élections, Samir Dilou vient de renforcer nos craintes quant à leur report désormais indéfini : lundi soir, sur Ettounsiya, il émit ses propres appréhensions à ce sujet, qu'il justifia par la violence qui sévit et dont le champ s'élargit sous nos latitudes et dans la région du Maghreb ! Joëlle Garriaud Maylan, une membre du Sénat français en visite à notre pays a laissé entendre, dans sa récente entrevue avec Ali Laârayedh, que la stabilité et la paix ne sont pas encore garanties en Tunisie. De quelles élections parler donc, alors que l'ogre salafiste jihadiste, -bénéficiant d'une certaine complicité ou complaisance (déclarées ou tacites) au sein de la majorité gouvernante- sort ses griffes, menace, casse, terrorise, tue, lynche et puis se dit victime du « despotisme des autorités » ? De quelle démocratie rêver alors que les « Ligues pour la Protection de la Révolution » narguent ces autorités et préparent une récidive de l'agression contre le siège de l'UGTT ? L'autre soir, Samir Ettaïeb était l'invité d'un taxiste maraudeur dans une émission télévisée qui mit le député d'Al Massar en présence d'un représentant sfaxien de ces Ligues. On sentait le Constituant démocrate presque intimidé par cet intrus à l'assurance insolente. La riposte de Samir Ettaïeb était d'une timidité quasi révoltante : l'homme est trop bien élevé (aux deux sens du mot) pour répondre du tac au tac aux grandes gueules des « Ligues ». Mais l'affront peut venir aussi des autorités légitimes: au Kef, les responsables régionaux ont refusé aux militants du Front Populaire la tenue d'un meeting sous le toit de la Maison locale de la Culture, prétextant de la « neutralité politique » de l'espace demandé. Or, par le passé, l'actuel Ministère de la Culture a ouvert les portes de ses espaces « neutres » à des rassemblements tout ce qu'il y a de plus partisan ! Le Ministère de la Jeunesse et des Sports offre lui aussi l'hospitalité de ses stades « neutres » selon la couleur politique de ses hôtes : il y a quelques jours, le prédicateur Mohamed Hassen et ses ouailles disposèrent de la coupole d'El Menzah comme d'un domaine privé, alors que la même salle fut auparavant interdite aux meetings de l'Opposition !
En bref, comme les hommes de l'armée, de la police ou de la garde nationale, nous avons, nous autres journalistes, le devoir de rassurer le peuple tunisien ! Mais encore faut-il que nous le soyons nous-mêmes. La HAICA est enfin composée, c'est vrai ; mais elle a du pain sur la planche avec toutes ces forces politiques influentes qui s'acharnent à vouloir museler la presse et le reste des médias. Comme les forces de la sécurité intérieure, nous avons besoin de la solidarité de nos compatriotes pour continuer à faire partie d'une authentique « Tunisie-Protect » constamment mobilisée contre toutes les « Tunisie-Infect » !


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