La constitution d'une association regroupant les réalisateurs de films tunisiens a été une heureuse initiative dans la mesure où elle est venue combler un manque dans le secteur. Si le syndicat des producteurs est solidement installé dans le paysage et constitue depuis toujours un groupe de pression sur les grandes orientations en matière de politique cinématographique, l'ACT le magma informe censé lui servir de pendant a été annexé par un petit noyau d'acteurs de la scène cinématographique pour évoluer les dernières années en une officine privatisée au fonctionnement opaque. L'augmentation significative de la production, l'arrivée sur le marché de jeunes réalisateurs diplômés d'écoles de cinéma et l'imposition par le ministère de tutelle de cartes professionnelles ont rendu quasi indispensable d'organiser ce corps de métiers qu'est la Réalisation. En optant pour la forme associative et en limitant son mandat aux réalisateurs de films, l'ARFT (Association de réalisateurs de films tunisiens) s'est pensée avant tout comme un regroupement de cinéastes intéressés par la réflexion sur le septième Art en Tunisie au-delà de tout esprit corporatiste. Plus, il s'agissait à travers l'association d'établir des ponts entre différentes générations de réalisateurs. La rupture est en effet consommée entre d'un côté les jeunes cinéastes dont les films se font de plus en plus en dehors des circuits balisés de la production et des cinéastes établis dont l'esprit et la démarche sont en dehors de l'Histoire aux yeux de leurs jeunes pairs. Le lancement en 2012 de la rencontre annuelle des réalisateurs de films tunisiens obéissait à cette volonté de reconstruire du lien dans la communauté atomisée des réalisateurs. A travers l'hommage rendu à une figure incontournable du cinéma tunisien, Hamouda Ben Halima, l'association se positionnait en garante de cette Histoire du cinéma tunisien qu'il s'agit d'assumer quoiqu' on en pense. La programmation de différentes rencontres autour du cinéma a été l'autre point fort de la première édition dans la mesure où elle rend possible l'initiation de tradition de débat sur l'acte de filmer, dont l'absence a été des années durant source de beaucoup de malentendus entre cinéastes. Sur le plan de la programmation de films, ces rencontres ont constitué une occasion unique pour les spectateurs de se faire une idée sur la production annuelle de films tunisiens, tous formats confondus. La seconde édition prévue initialement en Février, se tient du 9 au 12 Mai et se fait dans le même esprit que la première : Un festival national du cinéma dont la spécificité est d'être organisé par une association de réalisateurs dans un souci de promouvoir le débat autour de l'acte de filmer à travers différentes rencontres et de donner à voir quatre jours durant les réalisations de différentes générations de cinéastes tunisiens. En consacrant l'ouverture à un hommage au regretté Brahim Babay et la clôture à des courts-métrages de jeunes réalisateurs prometteurs, ces deuxièmes rencontres des réalisateurs de films tunisiens consacrent ce double impératif d'inscription dans une Histoire longue et de la nécessaire projection dans le futur.