Avec une récession qui se poursuit depuis trois décennies conjuguée à une inflation continue dans les pays arabes, les assurances sociales connaissent des difficultés qui appellent une réflexion commune. Sur initiative de l'Organisation Arabe du Travail, la 14ème conférence arabe sur les assurances sociales, ouverte hier à Tunis a été consacrée au thème : « conséquences de l'inflation sur les assurances sociales ».
Représentants de l'administration, des patrons et des salariés de différents pays arabes étaient présents hier aux travaux de la 14ème conférence arabe sur les assurances sociales. A l'ouverture des travaux Mme Najeh Belkhiria El Karoui, Secrétaire d'Etat chargée de la Promotion sociale au ministère des Affaires Sociales de la Solidarité et des Tunisiens à l'étranger, devait placer les débats dans leur cadre en rappelant que « les pays arabes vivent en général une période de croissance qui a permis de renforcer les conditions de développement, de satisfaire les besoins en commodités de base et sources de revenus dans le cadre des mutations profondes et rapides générées par la mondialisation et la libéralisation du commerce international ». Comme le modèle de développement dans chaque pays vise fondamentalement la création de richesses et la réalisation d'une plus grande justice dans leur partage entre les couches sociales, la protection sociale est un des droits fondamentaux de l'homme. Partout dans le monde le débat est ouvert au sujet des meilleures solutions à trouver pour relever les défis et dépasser les obstacles freinant la couverture des citoyens contre les aléas de la vie. L'inflation est un phénomène économique aux incidences sociales sur l'individu et la collectivité. Il faut que les plans économiques fassent l'équilibre entre la dimension économique et la dimension sociale du développement.
Réconcilier l'économique avec le social La Tunisie qui a toujours cherché à concilier entre le souci économique et le souci social, tient à traiter les incidents collatéraux de la mondialisation et à limiter ses effets négatifs. Avec un taux de croissance de 5,2% par an durant la dernière décennie, le déficit de public n'a pas dépassé 3% du PIB. Le déficit courant a été stabilisé dans les limites de 2,4%. Le taux d'endettement extérieur a été limité à 48% du PIB. Durant la même période le niveau de l'inflation a été maintenu dans les limites de 2,9% en dépit des pressions de l'économie mondiale. Les salaires connaissent une augmentation continue depuis 1990 grâce à des négociations sociales périodiques entre les partenaires sociaux. Le taux de chômage a baissé en passant de 15,1% en 2001 à 14,3% en 2006. Le revenu moyen par individu a été de 4000 dinars en 2006, contre 2987 dinars en 2001. Le taux de pauvreté a été réduit à 3,8% en 2006 contre 7,7% en 1985. Les transferts sociaux ont atteints 19% du PIB. La couverture sociale couvre 90,4% de la population active. Il est attendu que cette proportion s'élève à 95% en 2009 et à 97% en 2011. La Secrétaire d'Etat a rappelé que « la couverture sociale ne se limite pas aux secteurs organisés et structurés ». Elle englobe ceux qui travaillent pour leur propre compte dans l'agriculture et ailleurs, ainsi que certaines catégories à revenu limité comme les femmes de ménage, les travailleurs des chantiers, les petits marins et artisans en plus des artistes, créateurs et intellectuels. La couverture sociale concerne aussi les travailleurs résidants à l'étranger. Les dépenses de la sécurité sociale représentent 6,6% du PIB et plus du tiers des transferts sociaux, soit 34,9%.
Une étude prospective à l'horizon 2030 La généralisation la couverture sociale pour tous les travailleurs et leur famille et l'amélioration des prestations passent par l'édification d'un système de sécurité sociale financièrement équilibré et capable de tenir ses engagements à long terme. Le lien étroit entre l'équilibre des systèmes de sécurité sociale et les grands équilibres budgétaires des pays est le souci de plusieurs pays à l'ombre des mutations démographiques. La Tunisie se prépare à l'avance aux plus grands défis futurs que connaîtra la sécurité sociale. C'est que l'importance des défis démographiques connus dans les pays avancés et émergents ainsi que dans les pays en développement, nécessite la prise de mesures à moyen et long termes de nature à préserver les équilibres financiers des systèmes de couverture sociale tout en consolidant les acquis. Dans ce cadre le nouveau régime d'assurance maladie a été mis en place. Par ailleurs, l'augmentation du nombre de retraités a généré des pressions financières en continuelle augmentation sur les régimes de retraite. Ainsi dans le secteur public des mesures urgentes ont été prises avec l'augmentation des cotisations de la retraite, pour permettre à la C.N.R.P.S. d'assumer ses engagements dans les meilleures conditions. A moyen et long terme, ces mesures sont insuffisantes. Une étude prospective à l'horizon 2030 a été engagée. Une commission réunissant, entre autres les partenaires sociaux, en fera le suivi et participera à l'élaboration de propositions qui seront soumises au Gouvernement. Les travaux de le conférence se poursuivront jusqu'à demain.