De notre envoyé spécial : Ikbal Zalila Deux visages sans fard enserrés par une caméra. Du désir à en frémir capturé dans la fugacité d'un regard, le tremblement imperceptible des lèvres, la musique sourde d'une respiration. Deux corps qui s'aiment à n'en plus pouvoir. Fin de l'acte un. Le plan s'élargit, les corps sont plus distants, les regards moins insistants, l'habitude, l'usure du temps, la séparation, le regret, la solitude. Fin de l'acte deux. C'est l'histoire d'Emma et d'Adèle héroïnes du dernier film d'Abdel Khéchiche « La vie d'Adèle », du grand cinéma sur la Croisette, finalement. Adèle seize ans lycéenne en filière littéraire croise un jour le regard d'Emma et c'est le début de la métamorphose d'une adolescente indécise jusque-là sur sa sexualité. Emma est en dernière année de l'école des Beaux-arts, se revendique comme « Gouinasse ». Tout sépare Adèle d'Emma, Le milieu social, la culture, l'âge. Emma vient d'une famille d'esthètes pour qui l'homosexualité de leur fille ne fait pas problèmes, Adèle est issue des classes moyennes, des parents aimants mais un peu bof. Les deux jeunes filles se rencontrent, s'aiment, s'installent ensemble. Quelques années passent, Adèle est devenue institutrice, elle partage sa vie avec Emma. Un froid s'installe, le couple a du mal à communiquer, Adèle esseulée va tromper Emma avec un collègue de l'école. Adèle chassée de chez Emma sombre dans le chagrin. Trois ans plus tard, Adèle, jamais remise de cette séparation va tenter de reconquérir Emma, Vainement, celle-ci est heureuse avec sa nouvelle compagne. Lui restent les larmes et le chemin de la vie encore à parcourir à contresens afin de pouvoir se reconstruire. Avec son cinquième long-métrage Khéchiche accède à un palier supérieur, celui des grands cinéastes. Rarement ces dernières années une histoire d'amour nous a été donnée à voir avec cette rage, cette beauté et cette cruauté. « La vie d'Adèle » est irriguée par une énergie extraordinaire. C'est un film liquide fait, de larmes et de sueurs servi par deux comédiennes hors-pair. On connaissait Léa Seydoux ( Emma dans le film) mais Adèle Exarchopoulos ( Adèle dans le film), une énième découverte de Khéchiche, crève littéralement l'écran. Il y a derrière cette performance des deux actrices la patte d'un grand directeur d'acteur qui a su les pousser jusqu'à leurs derniers retranchements. Le réalisateur reconduit un dispositif qu'il affectionne, une caméra portée à même les visages, scrutant ses moindres expressions. A cette distance, impossible pour les deux principaux rôles de tricher, de feindre. On connaissait l'expressivité des gros plans Bergmaniens installés, il faudra désormais compter avec leurs pendants Khéchichien , tremblants, pris sur le vif, comme volés. C'est dire que Khéchiche a tout misé sur ses comédiennes qui le lui ont très bien rendu. La frontalité de la mise en scène ne s'est pas arrêtée aux sentiments, l'amour dans sa crudité mais aussi dans l'ivresse qu'il procure est filmé sans pudeur ni interdits. Au-delà de l'homosexualité, le film est l'histoire d'une passion ; celle d'Adèle pour Emma . Cette passion est intégrale, folle, débridée, absolue. Et c'est le désormais Maestro Khéchiche qui fait de « La vie d'Adèle » un moment d'éternité.
Palmarès de la 16ème édition de la Cinéfondation Le Jury de la Cinéfondation et des courts métrages présidé par Jane Campion et composé de Majida Abdi, Nicoletta Braschi, Nandita Das et Semih Kaplano€lu, a décerné les prix de la Cinéfondation lors d'une cérémonie salle Buñuel, suivie de la projection des films primés. La Sélection comprenait 18 films d'étudiants en cinéma choisis parmi près de 1 550 candidats en provenance de 277 écoles dans le monde. « Le Jury a décerné les prix à l'unanimité et félicite les réalisateurs et réalisatrices pour l'excellence et la maturité de leur expression cinématographique ». Premier Prix : “NEEDLE” réalisé par Anahita Ghazvinizadeh The School of the Art Institute of Chicago, Etats-Unis Deuxième Prix : «EN ATTENDANT LE DEGEL” réalisé par Sarah Hirtt INSAS, Belgique Troisième Prix ex aequo: «ÎN ACVARIU» (In the Fishbowl) réalisé par Tudor Cristian JURGIU UNATC, Roumanie Troisième Prix ex aequo: « PANDY » (Pandas) réalisé par Matú VIZÁR FAMU, République Tchèque Les prix sont accompagnés d'une dotation de 15 000 pour le premier, 11 250 pour le deuxième et 7 500 pour le troisième. Le lauréat du premier prix a également l'assurance que son premier long-métrage sera présenté au Festival de Cannes.