Onze jeunes artistes, en photographie et en peinture, anciens élèves des écoles de Beaux-arts, tous originaires de la région de Sousse, exposent actuellement leurs travaux récents à la galerie Aïn, Salammbô. Cette exposition, la troisième du genre, s'inscrit dans l'objectif de cette galerie à promouvoir l'art chez les jeunes talents et leur donner l'occasion de se manifester dans ce domaine afin de faire connaître au large public leurs productions plastiques. 27 travaux, représentant des genres différents (peinture, dessins, aquarelle, photographie, céramique…) et des techniques variées révèlent une pluralité de regards à travers différents thèmes. Les artistes présents sont Wissem El Abed avec ses cinq tableaux aux techniques mixtes dont le diptyque « Brûleurs de frontières », Hichem Rahman avec deux toiles de peinture à huile, Boutheina Chouaïeb avec deux tableaux peints à l'huile, Lassaâd Ben Alaya qui présente la suite de la série « Ouled El Ghoula » dont il a exposé quelques travaux auparavant, Ahlem Mahjoub se distingue par son triptyque intitulé « Cadavre exquis », Anouar Safta participe avec deux travaux, ces deux derniers artistes excellent dans leur photographie manipulée qui devient de plus en plus en vogue et qui, par ses techniques, rejoint l'art contemporain. Kheireddine Ben Halima, photographe, expose ses trois tableaux, de même format, portant le même titre « Regard cyclopique ». On peut citer également les artistes Sofiène Noichri (photogravure), Raja Saïd et Hamouda Nadhem (photographes). Quant à la céramique, elle est représentée par l'artiste Rim Ben Cheïkh qui nous offre à voir ces quatre travaux de sculpture sur le thème de la femme et qui portent comme titres « Taisez-vous », « Prisonnière », « Femme assise » et « Fertilité » Les tableaux de Lassaâd Ben Alaya qui traite d'un monde imaginaire, à savoir « El Ghoula », cette créature infâme et épouvantable, inspirés des histoires populaires et qui font rappeler des souvenirs d'enfance, l'époque où nos parents nous faisaient peur par ces histoires d'ogres et d'ogresses. De prime abord, on se sent dans un monde féerique, fantasmagorique, à en juger par l'apparence des éléments et des personnages dépeints, des silhouettes, des formes de leurs corps et des expressions de leurs visages. Des yeux énormes et globuleux et des bouches ouvertes faisant voir des dents pointues et qui évoluent dans un cadre où dominent des couleurs sombres. Cependant, il s'agit bien de la réalité si l'on se réfère aux sujets traités. « Les cadavres exquis », ce titre qui relève de l'oxymore, de Mahjoub Ahlem, est un triptyque à admirer. Cette artiste, spécialisée dans la manipulation des photos, présente des sujets d'actualité : ses personnages, toujours présentés de derrière ou de profil, semblent sur le point de quitter, de partir vers d'autres horizons, comme pour fuir leur milieu devenu invivable ou difficile à supporter. C'est donc le mouvement qui caractérise ses trois tableaux où on remarque une prédominance de couleurs sombres, parsemées de clairs-obscurs. Ce groupe de jeunes artistes fait preuve d'une bonne maitrise de leur art et témoigne d'un talent prometteur.