• Reprise de l'activité d'extraction et de transport mais le rythme de production reste insuffisant et ne dépasse pas les 33% de sa capacité réelle • La restructuration et la modernisation de la compagnie des phosphates de Gafsa à l'ordre du jour… Gafsa, le berceau de la Révolution tunisienne bastion du syndicalisme tunisien vit depuis janvier 2011 au rythme des tensions sociales et des chicanes politiques. Alors que les habitants de la région entrevoyaient l'espoir de meilleurs lendemains pour leur faire oublier à jamais un passé douloureux des soulèvements du bassin minier de 2008, rien n'a changé. Du fait, le torchon brûle entre le gouvernement et les habitants de la région. Résultats : suspension de l'activité d'extraction et de production : des pertes qui dépassent les 2000 millions de dinars et les retombées de cette situation sont néfastes sur l'économie nationale. Les responsables de la compagnie de Phosphate de Gafsa et du Groupe chimique tunisien ont tiré la sonnette d'alarme au mois d'avril dernier sur l'éventuelle fermeture des deux entités productives au cas où les protestations sociales se poursuivraient. Aujourd'hui, il semble que les nuages se dissipent peu à peu puisque l'activité phosphatière et minière a repris son souffle après des mois et des mois de bras de fer entre le gouvernement et le syndicat. « L'activité a repris à 80% son rythme normal et nous garantissons aujourd'hui l'extraction et le transport du phosphate », rassure Khalil Zaouia, ministre des Affaires Sociales au cours du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux organisé hier autour du thème : la compagnie de phosphate de Gafsa : réalité et défis. L'objectif de ce forum de deux jours est de jeter la lumière sur le rôle des entreprises publiques dont le CPG et GCT dans le développement régional et sur la relation de cette entité nationale avec son environnement social, économique et environnemental mais aussi de favoriser le dialogue entre les différentes parties afin d'apaiser un tant soit peu les tensions. Le dialogue reste le seul moyen à même de surmonter les conflits qui gangrènent depuis des décennies le paysage socio-économique de la région. « Le retour au dialogue est indispensable », affirme Mustapha Ben Ahmed, représentant de l'UGTT qui appelle à mettre en œuvre une politique de développement répondant aux attentes des habitants de la région. Des gens qui ont souffert sous le règne de Ben Ali et qui continuent aujourd'hui de subir les contrecoups des tensions politiques et l'absence d'un schéma de développement. Mais avant tout et pour préserver l'intérêt national et sauver l'économie nationale du gouffre, les participants ont décidé à l'unanimité que la production devrait reprendre son rythme normal d'ici la fin de l'année pour tirer profit de la hausse prévue de la demande mondiale et l'envolée attendue des prix internationaux. Rappelons que le secteur des mines et phosphates représente 3% du PIB et assure près de 10% des exportations tunisiennes. Il s'agit aujourd'hui de préserver les acquis d'un secteur pourvoyeur de devises et de défendre la place de la Tunisie en tant que 5ème producteur mondial de mines et phosphates. «L'écroulement d'une entreprise de la taille de la CPG sera une catastrophe pour l'économie, pour la région et pour le peuple tunisien », ajoute le représentant de l'UGTT en affirmant qu'il importe de trouver le juste équilibre entre les besoins de restructuration de la CPG et le GCT et les revendications sociales. « Il y a urgence à trouver des solutions transitionnelles en attendant les solutions structurelles », ajoute-t-il. Au sujet des solutions structurelles, Abdeljalil El Bedoui, économiste et expert auprès de l'Union Générale Tunisienne du Travail appelle de prime abord à la nécessité de restructurer la compagnie et de moderniser les moyens de production en place, et un matériel tombé en désuétude. « La Compagnie devrait revoir également sa stratégie dans le développement régional de la région pour en finir avec les pratiques du passé où les entreprises publiques comme la CPG et le GCT étaient comme des vache à lait qui servaient les intérêts du pouvoir et ce au détriment des habitants de la région », affirme M.El Bedoui. Aujourd'hui, il semble que la crise sociale à Gafsa commence à voir le bout de tunnel. En attendant les mesures structurelles à même de faire sortir la région de la pauvreté suprême, l'intérêt national nécessite illico un consensus social entre gouvernement et syndicat.