Mardi et mercredi prochains, se tiendront les travaux du congrès national contre la violence et le terrorisme. Qu'est-ce qui a nécessité la tenue de cette méga-rencontre ? L'essentiel est de savoir qu'elle pourrait être d'une utilité agissante propre à contrecarrer les méfaits de cette violence et ce terrorisme qui plongent le pays dans la peur et l'inquiétude. Tous les observateurs sont unanimes pour relever et dire qu'au cours de cette période transitoire que vit le pays depuis janvier 2011, la propagation de la violence physique et morale, chose qui menace dangereusement le caractère pacifique et démocratique du processus de transition. La recrudescence des actes de violence, surtout ceux dirigés contre l'action politique, les menaces adressées aux activistes et dirigeants, les tentatives de perturbation et d'empêchement des réunions publiques, le harcèlement des sympathisants, les tentatives de meurtre, le lynchage, l'assassinat du militant et leader Chokri Belaïd, marquent un tournant décisif et dangereux du processus de transition. Les actes de violence ont touché plusieurs domaines et secteurs sociaux ainsi que des syndicalistes avec l'attaque du siège de l'Union Générale Tunisienne de Travail (UGTT), le 4 décembre dernier. Des journalistes, hommes et femmes, des universitaires, des intellectuels, des artistes ont été harcelés, menacés et violentés. Les femmes ont subi depuis deux ans, plusieurs formes de violence dans leurs lieux de travail ou dans les transports publics et même sur la route, chose qui remet en cause le modèle sociétal tunisien connu pour sa modération, ouverture et tolérance. Certains groupes préconisent et pratiquent une violence méthodique, pernicieusement calculée, jamais vécue auparavant par les Tunisiens. Ces groupes se placent en forces parallèles aux pouvoirs publics. Devant l'absence de réaction énergique et efficace des autorités publiques, plusieurs partis politiques et associations de la société civile et des personnalités nationales ont appelé à l'organisation d'un congrès national contre ces formes de violence. C'est un rendez-vous durant lequel se rencontrent les officiels avec les partis politiques et les forces agissantes dans la société pour essayer de trouver des réponses communes, convaincantes et engageantes. Les forces de la société civile et à leur tête l'UGTT, la Ligue Tunisienne de Défense des Droits de l'Homme (LTDH), le Conseil de l'Ordre des Avocats, l'Institut Arabe des Droits de l'Homme avec l'appui d'un grand nombre d'associations et de personnalités publiques ont œuvré, vivement pour la tenue la plus expresse de ce congrès national. La conception de ce congrès nécessite la large participation des forces politiques, civiles, nationales et régionales, avec une bonne représentativité des femmes et des jeunes pour examiner les aspects idéels, politiques, juridiques et culturels de la violence afin d'arriver à des résultats concrets, avec la signature d'une charte contre la violence et la mise en place de mécanismes institutionnels pour l'observation et la lutte contre toutes les formes de violence. Abdessattar Ben Moussa, président de la LTDH, prévient, dans une conférence de presse tenue hier, que « la violence si elle se poursuit, on ne peut parler ni de liberté, ni d'élections, ni de sécurité. C'est la raison pour laquelle nous sommes unis contre ce phénomène ». Il va de soi que les groupes qui appellent à la violence ne sont pas les bienvenus dans ce congrès qui se tiendra au palais des congrès, mardi et au siège de l'UTICA, mercredi prochains. La singularité de ce congrès est qu'il n'est pas tenu pour nous rassasier de discours stériles, mais parvenir absolument à des solutions concrètes. Ghazi Ghraïri, coordinateur général de ce congrès, rappellera qu'on parlait au début d'un congrès contre la violence. Malheureusement, l'évolution de la situation, au Mont Chaâmbi, ont poussé les organisateurs à inclure le terrorisme dans leur approche. 20 organisations de la société civile ont participé à l'organisation de ce congrès. 600 congressistes sont attendus. Une stratégie nationale de lutte contre la torture et le terrorisme sera mise en place. Le 6 février sera proclamée, journée nationale de lutte contre la violence et le terrorisme. Coïncidant avec la date d'assassinat de Chokri Belaïd, cette commémoration ne sera pas seulement une occasion de rappeler cet assassinat, mais aura une portée pédagogique afin que ce genre de forfait crapuleux ne se répète plus. En plus de la motion générale, une motion spécifique sur la violence subie par les femmes sera élaborée. Un observatoire sera mis sur pied pour le suivi de ce phénomène. Balkis Mechri, vice-présidente de la LTDH, rappellera les différentes étapes franchies avant la tenue de ce congrès et des aspects organisationnels. Les trois présidents sont attendus le deuxième jour du congrès après l'élaboration des conclusions. Ainsi, leur participation ne sera guère protocolaire. Un programme d'animation culturelle accompagnera les travaux du congrès au Palais des Congrès et à l'avenue Habib Bourguiba.