Des forces de la société civile et à leur tête, l'Union générale tunisienne du travail (UGTT), la ligue tunisienne de défense des droits de l'Homme (LTDH), l'Ordre national des avocats et l'Institut arabe des droits de l'homme, appuyées par un grand nombre d'organisations, associations et de personnalités publiques, ont annoncé, lundi 8 avril, leur décision d'organiser le 18 mai 2013, à Tunis, un Congrès national contre la violence. Un point de presse a été tenu, lundi matin 8 avril, à la maison de l'avocat, à Tunis, au cours de laquelle les organisateurs ont présenté le cadre et les objectifs de ce Congrès national contre la violence. Après avoir insisté sur l'aggravation du phénomène de la violence après la révolution, contrairement aux attentes de tout le monde, et la nécessité d'unir les efforts pour le juguler, tant qu'il est temps, le bâtonnier Chawki Tabib a rappelé que l'initiative relative à la tenue d'un Congrès national contre la violence répond à un vœu formé par le premier martyr de la violence politique en Tunisie postrévolutionnaire, le militant politique Chokri Belaid, lâchement assassiné, devant sa maison, à El Menzah, le 6 février dernier. Charte nationale contre la violence Le coordinateur du comité d'organisation, Ghazi Ghrairi, a indiqué que face à la recrudescence de la violence et son extension à tous les domaines politique, social, universitaire, médiatique, plus de 20 associations de la société civile soutenues par des partis politiques et des personnalités nationales de tout bord, ont convenu d'organiser un Congrès national contre la violence ouvert à tous, sans exclusion, spécialement les autorités publiques, et ont décidé de le tenir le 18 mai à Tunis. Ce Congrès doit, donc, réunir le gouvernement, l'opposition et la société civile afin de réussir et aboutir à des résultats concrets. Auparavant, une journée d'études préparatoire sera tenue, le 27 avril, en vue de discuter les projets de rapports et motions devant être soumis aux participants au Congrès national contre la violence, de manière à ce que ce Congrès donne les réponses et les solutions adéquates face au phénomène de la violence. Un site WEB sera incessamment créé pour ce Congrès afin de permettre à tous de présenter leurs idées et leurs suggestions à ce propos. Ce Congrès national contre la violence devra déboucher sur l'adoption d'une charte nationale contre la violence et la création d'un Observatoire national sur la violence avec des prérogatives lui permettant d'intenter des actions en justice contre les actes de violence politique et sociale. Il est proposé de proclamer la journée du 6 février, jour anniversaire de l'assassinat de Chokri Belaid, journée nationale contre la violence. Le principe de la charte nationale contre la violence se fonde sur le fait que la lutte contre la violence est une responsabilité collective qui engage tout le monde. Le Congrès est appelé, néanmoins, à désigner les parties directement impliquées dans la recrudescence de la violence en Tunisie après la révolution. Réponse à la hauteur de la menace Ont également pris la parole le président de la LTDH, Abdessattar Moussa , le représentant de l'UGTT, Samir Cheffi, le président de l'Institut arabe des droits de l'homme, Abdelbasset ben Hassen, et le représentant de l'Association des magistrats tunisiens, Amor Oueslati. Autant les orateurs ont critiqué la prédominance des considérations électorales aux dépens de l'engagement sincère au service de la réalisation des objectifs de la révolution, ils ont dénoncé la volonté de certaines parties de se substituer aux structures légales de l'Etat, pour imposer leurs points de vue, affirmant que l'Etat seul a la charge de faire respecter la loi et d'assurer la sécurité dans le pays. Ils ont souligné l'échec des méthodes essayées jusqu'à présent pour la gestion du phénomène de la violence comme la constitution des commissions d'investigation, notamment face « à l'émergence, depuis plusieurs mois, de groupes ayant recours à une violence méthodique et voulant se prévaloir en tant que forces parallèles à l'ordre légitime. » Il s'agit là d'une menace nécessitant une réaction à la hauteur de la gravité du problème, ont ajouté les organisateurs, émettant l'espoir que « le Congrès sera le lieu de rencontre entre les autorités publiques, les partis politiques et les forces agissantes de la société civile afin que de concert, ils établissent les contours d'un consensus national crédible et contraignant, qui sera l'expression d'une réelle prise de responsabilité des différents acteurs agissants de la société dans cette phase critique de transition que traverse le pays. »