On parle ici et là d'un « semi-échec » de la mobilisation de l'Union pour la Tunisie au sujet de la loi sur l'exclusion politique dénommée par ses promoteurs zélés « Kanoun tahsin Atthawra » et qui vise tout simplement l'élimination politique d'adversaires crédibles spécialement au sein de Nida Tounès. Au-delà des circonstances et du timing de la « manif » devant l'ANC, très mal choisi à la veille des vacances scolaires et administratives, un samedi de plomb, la mobilisation bat de l'aile pour toutes les formations politiques, sans exception. Depuis la marche de protestation qui a accompagné le leader socialiste feu le martyr Chokri Belaïd, à sa dernière demeure et qui a pu mobilisé plus de 400.000 personnes, les « manifs » se font de plus en plus modestes et timides même du côté du parti islamiste au pouvoir. Le fait est là, les Tunisiens sont désabusés et par la Troïka et par l'opposition comme si la politique était le dernier de leurs soucis avec la détérioration de leur pouvoir d'achat et de la qualité de la vie dans son ensemble. Les gens se reconnaissent à peine à travers des discours fumeux et contradictoires et la méfiance s'installe dans le monde politique du fait des promesses non tenues du côté du pouvoir mais aussi de l'incapacité de l'opposition démocratique à s'unir et où chacun navigue sous son propre pavillon oubliant le « désastre » du 23 octobre 2011 et ses conséquences au niveau de l'hégémonie opérée sur l'ANC par le groupe dominant. L'impression qui prévaut c'est la lutte implacable pour la « survie» pourvu que ce soit le voisin qui tombe. D'où ces tractations « secrètes » pour les « Troïka » à venir et où l'opposition n'aura comme en octobre 2011 que des miettes et plus le temps passe et plus le réveil sera douloureux et la prise insignifiante. Côté Nida Tounès, sa volonté qui frise l'acharnement à « rassembler » tout le monde et les extrêmes comporte un risque majeur de gigantisme avec des retombées prévisibles d'éclatement par manque de discipline de groupe et de volonté réelle de renoncer quelque peu à ses « spécificités » de la part « d'alliés » hésitants et velléitaires. Cette hésitation se traduit, d'ailleurs, dans les sondages par l'ascendance du groupe « Nida Tounès » qui se limite au corps central initial, c'est-à-dire, le parti locomotive et fondateur. Ceux qui semblent jouer franc jeu sont le parti socialiste de M. Mohamed Kilani, le parti du travail de M. Abderrazek Hammami et El Massar de MM. Ahmed Brahim et Samir Taïeb avec quelques bémols quand même. Les intentions de vote maintiennent l'axe central de l'Union pour la Tunisie et Nida Tounès, à égalité avec une toute petite tête d'avance sur la centrale islamiste, mai pour le reste toutes les autres formations perdent du terrain et des voix. El Joumhouri qui était crédité il n'y a pas longtemps de plus de 6% revient aux moyennes de 2012, à moins de 3%. Idem pour El Jebha Achaâbiya, (le front populaire) où le tassement est très visible et avec 7% des intentions de vote on est loin des 12 et même 14% des mois de février-mars derniers. Le pôle du Front devrait en chercher les causes et les explications ! Ceci pour les partis. Mais le même phénomène est perceptibles au niveau des leaders et dirigeants de ces formations de l'opposition démocratique. M. Béji Caïd Essebsi se maintient contre vents et marées comme le « préfère » des Tunisiennes et des Tunisiens pour les présidentielles et tout le reste, subit le tassement y compris du côté de la Nahdha où M. Hamadi Jebali perd des points précieux et revient à 7%. M.Hamma Hammami qui « s'entête » à naviguer seul contre tous et son dernier passage sur la -2- bien que très réussi, ne fait que confirmer ses prétentions de se positionner en 3ème voie « solitaire », perd lui aussi des « voix » précieuses, si les sondages se confirment bien sûr, et revient à 6% des intentions de vote alors qu'il a frisé il y a à peine trois mois les 13%. Vous me direz que toutes ces statistiques sont approximatives et non prouvées d'autant plus que les indécis dépassent toujours le seuil des 35% mais comme le dit le grand sociologue et historien Ibn Khaldoun « Attawater youfidou al katâa » (La répétition d'un phénomène signifie sa véracité !) Certes, Ibn Khaldoun se méfie du côté « instable » du Tunisien dont il confirme le caractère lunatique surtout en politique, mais les sondages se recoupent tous à quelques epsilons et petites variantes près qui ne dépassent pas les 2%. Tout ceci se ressent au niveau de la mobilisation qui fait et fera défaut de plus en plus aux partis politiques surtout en période d'été et du Ramadan. Vous me direz, mais alors… l'Egypte ! Je vous répondrais, justement, que l'Egypte confirme bien cette tendance où les réseaux sociaux ont fait la mobilisation et non pas les partis de l'opposition à Morsi ! Demandez à M. El Baradeï, il vous le dira, lui qui fait du surplace depuis son retour en Egypte du temps de Moubarak. Aujourd'hui, il est ressuscité par la foule des jeunes comme au bon vieux temps de « yenaïr » (janvier) 2011 ! Entretemps, notre opposition s'accommode de jouer le chacun pour soi, qui annonce des lendemains qui déchantent ! Alors vivement une prise de conscience car courir seul mènera à nouveau au 23 octobre !