• Le ministre des Affaires sociales s'affaire pour négocier une sortie de crise Depuis six ans qu'elle a été rachetée par le groupe de Hamdi Meddeb avec Délice Danone comme partenaire, Laino s'est fait une nouvelle santé et a carrément été sauvée de la faillite. Aujourd'hui, elle est une entreprise-phare à Bousalem (Jendouba), avec une capacité de production de lait quotidienne de 600.000 litres, une production annuelle de 100 millions de litres sachant que sa capacité est de 150 millions. Sur le plan social l'entreprise emploie 500 personnes avec une moyenne salariale annuelle de 20.000 dinars par employé, soit une masse salariale de 8 millions et demi de dinars. Cette entreprise fait travailler aussi 15.000 agriculteurs, 50 centres de collecte moyennant entre autres près de 4 millions de dinars de crédits avancés aux producteurs en l'espace de six années. Tout cela, néanmoins, s'évapore aujourd'hui. L'usine est fermée parce que quelques éléments, ameutés par certains enjeux en ont décidé ainsi. Et encore ils ne représentent qu'une minorité. Leurs revendications ? un nouveau directeur général (si ça ne tenait qu'à cela !) investir à sa place quelqu'un des leurs et s'ériger en partie prenante dans la politique d'investissement depuis les équipements jusqu'aux ressources humaines. Est-ce là des revendications raisonnables ? Plutôt un bras de fer. Avant-hier soir, une réunion marathon s'est déroulée de 14h jusqu'à 20 heures entre le ministre des Affaires sociales Khelil Zaouia et le président du Groupe Hamdi Meddeb. Ça n'a rien donné même si Khelil Zaouia comprend que les enjeux économiques qu'implique cette fermeture forcée de Laino dans une zone aussi déshéritée qu'est Bousalem auront des incidences fâcheuses sur l'emploi et l'investissement. C'est aussi un fâcheux précédent car le groupe est aussi engagé à Sidi Bouzid (autre région déshéritée) et qu'il y ouvrira début 2014 une centrale laitière avec une capacité de 600.000 litres par jour, près de 310 emplois pour un investissement de 55 millions de dinars. L'affaire a, donc, pris une dimension importante. Par le truchement de Khelil Zaouia, le gouvernement s'en est saisi et le ministre des Affaires sociales, homme de pragmatisme, est en train d'élargir les négociations avec la Centrale syndicale et les autorités régionales pour ramener cette minorité de « sit-inners » à la raison. Dans le même sillage, nous apprenons que l'usine Coca-Cola de Sfax est fermée depuis un mois. Les sit-inners demandent à être alignés sur la convention régissant le secteur de la bière de la SFBT alors qu'ils sont dans les boissons gazeuses, soit deux statuts, deux ratios et deux conventions différentes. Au-delà des faits, à terme, c'est l'investissement qui en prend un sale coup. Il y a, en effet, de quoi décourager et carrément dissuader les investisseurs locaux et étrangers. Est-ce là la quintessence d'une révolution ? Il n'y a qu'à se référer aux chiffres inquiétants du manque à gagner, cette année dans le phosphate parce qu'on barre les routes, qu'on empêche les trains d'acheminer les marchandises et que l'on joue avec le destin de centaines de milliers d'employés. Raouf KHALSI