Le ministère de la Santé publique a présenté, mercredi dernier, les résultats d'une récente enquête sur le tabagisme, La consommation d'alcool et l'usage des drogues en milieu scolaire en Tunisie qui a confirmé que ces addictions, le tabagisme, la consommation d'alcool et l'usage des drogues et des substances psycho-actives sont répandus en milieu scolaire en Tunisie particulièrement entre les élèves du secondaire à des taux inquiétants. L'enquête a mis en évidence que la Tunisie vient en tête des pays de la zone euro méditerranéenne en ce qui concerne la consommation du tabac et de l'alcool en milieu scolaire mais occupe les derniers rangs en ce qui concerne la consommation des drogues et des substances psycho- actives. Néanmoins, s'agissant de toutes ces addictions réunies (tabagisme, consommation d'alcool et drogues) 50% des élèves tunisiens interrogés des deux sexes dont l'âge varie entre 15 et 17 ans, ont dit avoir expérimenté, au moins une fois, l'une de ces trois dépendances, répartis à hauteur de 61% chez les garçons et 49% chez les filles.. Accusations contre l'observatoire « Ilaf » Les résultats de cette enquête ont été exposés par la directrice du centre national de la médecine scolaire et universitaire, Mounira Guerbouj, au cours d'une conférence de presse tenue, au siège du ministère de la Santé publique, mercredi matin 10 juillet, sous la présidence du ministre de la Santé publique, Abdellatif Mekki, qui a accusé le directeur de l'observatoire « Ilaf » pour la protection du consommateur, Abdeljélil Dhahri, de diffuser des données fausses propres à jeter le trouble dans les esprits et à induire les gens en erreur concernant la situation sanitaire dans le pays, spécialement en ce qui concerne l'évolution du cancer parmi la population tunisienne. Le ministre a indiqué que le directeur de l'observatoire « Ilaf » a prétendu que le cancer évolue en Tunisie à un taux annuel dépassant 38%, à cause de l'usage abusif des pesticides en agriculture, tandis que le taux le plus élevé jamais enregistré a été 5%, au moment où les études médicales et scientifiques avérées n'ont pas décelé d'effet occasionné par les pesticides à ce sujet. D'un autre côté, le cancer est une maladie complexe et discrète qui ne se manifeste qu'après plusieurs années. Le Dr Nabil Ben Salah, présent à la rencontre, a confirmé les remarques du ministre, ajoutant que les recherches médicales et scientifiques n'ont pas encore tranché de façon définitive concernant l'effet de l'usage des pesticides en agriculture sur la santé de l'homme. Le ministre a indiqué que le directeur de l'observatoire « Ilaf » était un cadre administratif exerçant au sein du ministère de la Santé publique et qu'il avait été renvoyé pour malversation, jugé par les tribunaux et condamné et il se trouve, maintenant, en état de fuite. Tabagisme et consommation d'alcool S'agissant de l'enquête sur le tabagisme, la consommation d'alcool et l'usage des drogues, en milieu scolaire en Tunisie, elle est une pré- enquête réalisée, en avril 2013, par la direction de la médecine scolaire et universitaire en prévision d'une enquête nationale sur le sujet qui doit démarrer à la rentrée scolaire en septembre 2013, en collaboration avec le ministère de l'Education. Cette pré-enquête a concerné uniquement le gouvernorat de Tunis et a porté sur un échantillon de 825 élèves du secondaire dans 22 lycées. L es élèves interrogés des deux sexes sont âgés entre 15 et 17 ans et appartiennent à la 1ère année et 2ème année secondaire, nouveau régime , ou 4ème et 5ème années, ancien régime. Cependant, il faut distinguer entre les élèves qui ont dit avoir expérimenté, au moins une fois, le tabac , l'alcool et les drogues et ceux qui consomment le tabac, l'alcool et les drogues de manière régulière et suivie. Ainsi, 11,6% des élèves ont expérimenté au moins une drogue ou une substance psycho active parmi les drogues proprement dites, sans tenir compte du tabac et de l'alcool, soit 11,7% chez les garçons et 9,9% chez les filles. Mais en tenant compte des trois actions réunies, tabac, alcool et drogues proprement dites, 50% des élèves interrogés ont expérimenté, au moins une fois, l'une ou l'autre de ces addictions, soit 61% chez les garçons et 49% chez les filles.. Concernant le tabagisme, ceux qui ont expérimenté le tabac représentent 44%, tandis que ceux qui consomment le tabac de façon régulière représentent environ 17%, soit 22,5% chez les garçons et 12% chez les filles. Concernant la consommation d'alcool de façon régulière, le taux atteint 5% , répartis à hauteur de 7,8% chez les garçons et 1,7% chez les filles. Mais en tenant compte de la consommation du tabac et de l'alcool réunis, la Tunisie vient en tête des pays de la zone euro méditerranéenne concernant la prévalence de la consommation de ces deux produits en milieu scolaire. Du cannabis à la cocaïne S'agissant de l'usage du cannabis appelé « zatla » en Tunisie (plaisir), 3% des élèves ont dit avoir expérimenté cette drogue tandis que le taux des consommateurs réguliers de cannabis atteint 1,6% et son usage est répandu uniquement chez les garçons. Par contre, l'usage des psychotropes ou médicaments psycho actifs sans ordonnance médicale officielle mais pour le plaisir qu'ils procurent, est répandu spécialement chez les filles. Le taux de l'usage régulier des psychotropes atteint 3,1%, soit 1,6% chez les garçons et 4,5% chez les filles. Une infime partie des élèves ont expérimenté la cocaïne et l'extasie, soit 0,8%. Toutefois, ce qui est inquiétant est que plus de 80% des élèves sont pour la consommation des drogues et n'y voient pas d'inconvénient tout en sachant qu'elle est interdite par la loi. Plus de 80% des élèves interrogés ont dit avoir découvert l'existence de ces habitudes humaines dans leur entourage familial. Ils sont issus en grande partie de milieux pauvres et populaires. Le taux de consommation de la drogue s'accroît avec l'âge. L'autre aspect grave est que les élèves interrogés ont dit qu'il était facile de se procurer de la drogue. 52% des fournisseurs sont des élèves , contre 7% des employés dans les établissements éducatifs. Les autres fournisseurs n'appartiennent pas au milieu scolaire.