Des enquêtes réalisées conjointement par le ministère de l'Education et celui de la Santé publique, citées, jeudi dernier par le ministre de la Santé publique, à Sousse, ont confirmé que la consommation de la drogue et des substances psycho actives est répandue en milieu scolaire et que les élèves s'en procurent au sein même des établissements éducatifs. 12 sur 30 élèves concernés ont dit s'en être approvisionnés dans l'enceinte des établissements scolaires.
Au même moment, lors d'un séminaire sur la drogue en milieu scolaire, organisé, il y a quelques semaines par le centre national de formation continue des forces de sécurité de Carthage Byrsa, un responsable de la direction de lutte contre les stupéfiants a indiqué que les élèves et les étudiants représentent 6% environ des accusés dans les affaires de drogue et de stupéfiants.
Dans un commentaire publié par un internaute dans le cadre d'un forum électronique sur l'usage des stupéfiants chez les jeunes en Tunisie, on y lit :''Pour confirmer ton point de vue, j'habite la ville de Hammam Lif qui est réputée pour la consommation des drogues et je t'assure que j'ai vu, avec mes propres yeux, les jeunes des lycées de Hammam Lif en train de se droguer, pendant les heures creuses, sur les blocs de roches de la plage, et ceux qui n'ont pas cours, se cachent derrière les murs des chemins de fer pour consommer le psychotrope appelé ‘'subitex'' qui n'est pas cher et qu'on peut se procurer facilement et il possède un effet immédiat sur le système nerveux, mais le pire est que plusieurs jeunes consomment les boissons alcoolisées après avoir pris ce produit psycho actif, ce qui a été à l'origine de plusieurs drames et crimes qui ont secoué notre belle ville . Or, le phénomène s'étend à d'autres villes proches et moins proches comme Ezzahra et Radès, mais le plus grave encore est que 80% des consommateurs sont des adolescents et des mineurs.''
D'ailleurs le ministre de la Santé publique a reconnu que la question mérite d'être débattue à travers des conférences et des colloques spécialisés en vue d'approfondir les conclusions des enquêtes réalisées.
Dépénalisation !
A cet égard, une polémique a été soulevée, ces derniers jours, en France, à ce sujet, à la suite de déclarations faites par le ministre français de l'Education et préconisant une dépénalisation de la vente du cannabis en milieu scolaire pour juguler justement sa commercialisation illicite avec ce qu'elle comporte d'effets négatifs comme l'exploitation financière des jeunes dépendants de la part des dealers.
L'option de la dépénalisation de l'usage et de la vente de certaines drogues dites ‘'douces'' pour lutter contre le commerce des stupéfiants encore interdit dans tous les pays du monde, a été souvent avancée.
Au cours du séminaire sur la drogue en milieu scolaire en Tunisie, signalé , les conférenciers ont évoqué des projets de mesures de ce genre auxquels les autorités tunisiennes réfléchissent, comme l'allégement ou même l'annulation des peines en faveur des membres des bandes de trafiquants de drogues qui acceptent de collaborer avec la police ainsi qu'en faveur des consommateurs qui acceptent de se faire soigner, la consommation des drogues étant considérée comme une maladie. Toutes les dépendances ou addictions sont considérées comme étant de véritables maladies quel que soit l'objet, même l'Internet.
L'actuelle loi tunisienne sur les stupéfiants prévoit un emprisonnement d'un an à cinq ans et une amende de mille à trois mille dinars contre tout consommateur de stupéfiants. La production, la détention, le transport et la distribution de stupéfiants sont passibles de six à dix ans de prison et d'une amende de cinq à dix mille dinars.
Drogues et violence scolaire et politique
Certains font le lien entre la montée de la consommation des drogues et substances psycho actives chez les jeunes en Tunisie et l'aggravation du phénomène de la violence physique et verbale en milieu scolaire. En 2011, on a recensé plus de 5000 actes de violences et agressions en milieu scolaire et universitaire en Tunisie tandis que des centaines d'affaires de violence en milieu scolaire et universitaire ont été portées devant la justice.
L'usage de la drogue a été aussi accusé d'avoir alimenté les récents mouvements de contestation à caractère politique dans les pays arabes au cours desquels les jeunes, comme en Tunisie et en Egypte, avaient joué un rôle central ; et beaucoup aimeraient bien que les spécialistes et les officiels des pays concernés se penchent sérieusement sur ce sujet afin de savoir qu'en est-il exactement.
Or, il est notoire que les Organisations et mouvements extrémistes à connotation militaire et guerrière , à l'instar du réseau Al Qaida et ses ramifications régionales en Afrique du Nord et ailleurs, se servent du trafic des stupéfiants et de la drogue en vue de se procurer de l'argent et rien ne les empêche de mettre à profit les stupéfiants et les drogues à leur disposition pour influencer et stimuler leurs membres.
Collaboration entre police et écoles
Sur un autre plan, la Tunisie peut s'inspirer de l'expérience de certains pays européens comme la France en matière de prévention et de lutte contre la consommation des stupéfiants en milieu scolaire au moyen de l'instauration d'une étroite collaboration entre la police et les établissements éducatifs, notamment les élèves, en invitant régulièrement les policiers spécialisés à venir donner des conférences édifiantes sur les stupéfiants et les trafics des drogues.