Mohamed Brahmi, député à l'Assemblée nationale constituante, chef d'un parti de l'opposition et virulent critique de la Troïka au pouvoir et du parti dominant Ennahdha, a été assassiné, hier, de 11 balles tirées à bout portant par des inconnus. C'est le deuxième assassinat d'un homme politique tunisien dans son pays depuis l'indépendance de la Tunisie, il y a 57 ans, mais les deux meurtres ont la caractéristique d'avoir eu lieu après la chute de la dictature, en pleine période de transition démocratique et à seulement quelques mois d'intervalle. Il ne s'agit nullement de faire la comparaison entre deux périodes aux antipodes l'une de l'autre, ni de remettre en cause les attributs de la Révolution, mails il faut avouer que celle-ci a changé les mœurs politiques, imposé de nouvelles règles et mis au devant de la scène des hommes et des femmes dont la doctrine n'est pas toujours en symbiose avec les principes de la démocratie et les méthodes souvent en contradiction avec les règles du dialogue et du compromis. C'est malheureusement l'un des points obscurs de la Révolution et l'une des premières causes de l'amplification du phénomène de la violence depuis l'avènement de la Révolution et particulièrement après les élections du 23 octobre et la victoire des islamistes. Deux assassinats par balles en moins de deux mois, un troisième juste avant, celui de Lotfi Naghdh à Médenine : le bilan est franchement alarmant et les questions sur la capacité du gouvernement se font de plus en plus pressantes. D'abord ont-ils la volonté d'agir et les moyens de le faire ? Rien n'est moins sûr. Ce qui est sûr est qu'une course folle vers le pouvoir est engagée entre toutes les parties politiques et où toutes les armes sont utilisées même le recours à l'assassinat. C'est nouveau en Tunisie, mais c'est ainsi que vont les choses. A vrai dire le phénomène était perceptible depuis longtemps. Par un laxisme troublant envers des fauteurs de troubles, par la diffusion de la culture de la haine et de la sédition, par les discours incendiaires et l'incitation au meurtre et par le peu d'empressement à trouver les assassins de Chokri Belaïd. Le ministère de l'Intérieur, nous promettait de bonnes nouvelles. La réponse est venue le 25 juillet au matin, le jour anniversaire de la République via l'assassinat de Mohamed Brahmi inaugurant une nouvelle ère de violence et d'institutionnalisation du meurtre politique