* L'opposition appelée à renoncer à poser la démission du gouvernement comme préalable au démarrage du dialogue national direct * Le Chef de l'actuel gouvernement va s'engager solennellement à démissionner juste après la formation d'un nouveau cabinet afin d'éviter un vide au sommet de l'Etat * Signature d'un pacte contraignant comprenant les engagements de toutes les parties et les garanties relatives à l'organisation des élections dans des délais bien précis La deuxième phase d'un dialogue national sous le parrainage de quatre organisations nationales (UGTT, UTICA, Ordre des avocats, LTDH) devrait démarrer aujourd'hui. Ces organisations devraient soumettre dès cet après-midi la nouvelle conception de leur initiative visant à trouver une issue concertée à la crise politique consécutive à l'assassinat du député Mohamed Brahmi à la Troïka au pouvoir et l'opposition regroupée au sein du Front de salut national (FSN). Selon une source proche du quartet qui a parrainé la première phase du dialogue national indirect, la nouvelle feuille de route a été peaufinée au cours des deux derniers jours marqués par des réunions peu médiatisées entre le secrétaire général de l'UGTT, Houcine Abbassi et des dirigeants de plusieurs partis, dont ceux de la Troïka. Le document constitue, en fait, une synthèse de la première initiative de l'UGTT prévoyant la formation d'un gouvernement apolitique et la détermination d'un calendrier pour l'Assemblée nationale constituante ANC, des propositions faites par la Troïka et des contre-propositions de l'opposition. Autant dire que les «parrains» du dialogue ont tenté un exercice d'équilibrisme visant à concilier entre les visions de la coalition au pouvoir et les revendications de l'opposition. Les protagonistes de la crise auront un délai de trois jours pour adopter des positions claires concernant cette nouvelle initiative. Une fois les principes généraux de la nouvelle initiative acceptés, un dialogue national direct entre la Troïka et l'opposition sera immédiatement lancé. Pacte contraignant Selon des sources proches de la centrale syndicale, le nouveau plan de sortie de crise comporte plusieurs modifications par rapport à l'initiative formulée par l'UGTT quelques jours après l'assassinat de Mohamed Brahmi. La condition de la démission préalable de la démission de l'actuel gouvernement dirigée par Ali Laârayedh comme préalable au lancement d'un dialogue national direct entre les protagonistes a été, en effet, remplacé par un engagement solennel de la part de l'actuel Chef du gouvernement à démissionner dans un délai de 15 jours à compter de la date du choix d'une personnalité nationale indépendante pour diriger le futur gouvernement. Ce choix qui doit obligatoirement être consensuel devrait avoir lieu dans le cadre du dialogue national. Le nouveau Premier ministre aura ainsi quinze jours pour former un gouvernement de compétences nationales. Cette démission décalée du gouvernement Laârayedh devrait permettre d'éviter un vide au sommet de l'Etat, une crainte qui a été exprimée durant la première phase du dialogue. La nouvelle feuille de route prévoit aussi que l'Assemblée constituante parachève ses missions constitutives (adoption de la Constitution et de la loi électorale, mise en place de l'instance indépendante pour les élections, détermination de la date des prochaines élections législatives et présidentielles) dans un délai d'un mois à compter de la signature d'un accord entre la Troïka et l'opposition. La nouvelle conception de l'initiative du quartet parrainant le dialogue national préconise, par ailleurs, l'amendement de la loi sur l'organisation provisoire des pouvoirs publics afin d'autoriser l'ANC à déléguer ses pouvoirs législatifs soit au président de la République, soit au Chef du gouvernement. Et last but not least, un pacte contraignant comprenant les engagements de toutes les parties et les garanties relatives à l'organisation des élections dans des délais bien précis devrait être signé par toutes les parties qui participeront au dialogue national ». Optimisme prudent Du côté de la Troïka, on souligne déjà que le dialogue national enregistre des «petites avancées», selon les termes du président du Bureau politique du mouvement Ennahdha, Ameur Laârayedh. Un optimisme prudent est aussi de mise chez l'opposition. «Les différents partis politiques et les organisations nationales sont sur le point d'arriver à un consensus sur la formation d'un gouvernement apolitique », a affirmé mercredi soir le président de l'instance politique du parti républicain Ahmed Néjib Chebbi, à l'issue de ses rencontres avec le secrétaire général de l'UGTT , Houcine Abbassi, et le leader du mouvement Ennahdha, Rached Ghannouchi. La première phase du dialogue indirect entre la coalition au pouvoir et l'opposition s'était soldée par un échec motivé essentiellement par le refus de la Troïka de la condition de la démission de l'actuel gouvernement avant le lancement d'un dialogue national. Lors de leur dernière réunion avec les parrains du dialogue, les représentants de la Troïka avaient proposé la démission de l'actuel gouvernement dans un délai de 8 semaines. Ils avaient, néanmoins, indiqué que ce délai pourrait être ramené à quatre semaines seulement au cas un dialogue direct entre l'opposition et la coalition au pouvoir aboutirait à un consensus rapidement. .Les opposants auraient estimé que les nouvelles propositions de la coalition au pouvoir composée du mouvement Ennahdha restent éloignées de la première initiative lancée par l'UGTT. Entre temps, des réunions bilatérales ont eu lieu entre les dirigeants du mouvement Ennahdha et des leaders de l'opposition, dont notamment le président de Nida Tounes Béji Caïd Essebsi, dont les positions semblent nettement moins radicales que celles de ses alliés de gauche au sein du Front de salut national.