Le Think tank américain établi à Washington Pew Research Center vient de publier les résultats d'une étude sur l'état de l'opinion publique tunisienne et ses préoccupations. Ces résultats ont été repris, entre autres, par Nawat. Parmi les priorités pour l'avenir du pays « l'amélioration des conditions économiques » est le souci majeur qui hante 87% des Tunisiens la considérant « très importante ». L'aspiration légitime à « un système judiciaire juste », vient en deuxième position avec 81%, suivi tout juste après par le désir impératif du « maintien de l'ordre et de la loi » avec 80%. S'ils avaient à choisir entre une « économie forte » et une « bonne démocratie », 65% préfèreraient une économie forte en 2013 contre 59% en 2012. La prévalence de l'économie est plus forte chez les classes sociales à faibles revenus, celles qui ressentent le plus l'impact dérodant de ses séquelles. Une nouveauté : les Tunisiens de la classe moyenne ont le plus perdu d'intérêt pour la démocratie par rapport à l'économie. Si en 2012, 41% d'entre eux préféraient une démocratie solide à une économie forte, seuls 27% continuent à penser la même chose en 2013. C'est que l'augmentation des prix et la baisse du pouvoir d'achat n'ont pas affecté seulement les catégories à bas revenus, mais aussi la classe moyenne. Que des Tunisiens préfèrent une économie forte à une démocratie bien installé devra interpeller nos politiciens. Est-ce un désaveu pour toute la classe politique. La tentation de le penser est forte. La situation économique du pays inquiète beaucoup les Tunisiens. Ils sont 88% à penser que l'économie du pays se porte «mal». 53% des sondés déclarent disent que l'économie du pays va « très mal ». Seuls 11% disent qu'elle se porte bien. En 2012, ils étaient 83% pessimistes, 40% très pessimistes et 17% satisfaits. Les Tunisiens sont de mois en moins optimistes pour la situation de leur économie. Seuls 50% pensent que l'économie s'améliorera en 2014. L'année dernière, ils étaient 75% à avoir espéré que la situation de l'économie s'améliore. Le nombre des Tunisiens croyant que la situation empirait a plus que doublé. Ils étaient 12% en 2012 ; ils sont devenus 25% en 2013. Ce coup de blouse vis-à-vis de la situation générale de l'économie est le résultat de l'appréciation de la situation financière individuelle. Seuls 42% pensent que leur situation financière personnelle est bonne. Ils étaient 56% en 2012. 57% des Tunisiens affirment que leur situation est mauvaise, contre 43% l'année dernière, soit une augmentation de 14 points. Toutefois, certains Tunisiens se montrent optimistes quant à l'état de leurs finances individuelles. 48% croient qu'elles pourront s'améliorer, 21% qu'elles se dégraderont et 24% qu'elles resteront stables. 48% des 18-29 ans pensent que l'état de leurs finances est « bon », contre 36% chez ceux qui sont âgés de 50 ans et plus. A long terme, les prévisions des Tunisiens sont moins tranchées. 49% pensent que l'avenir de leurs enfants sera meilleur que celui de leurs parents. Seuls 39% pensent envisager le pire. La frustration des Tunisiens se reflète à travers la comparaison qu'ils font entre les deux situations post et avant la Révolution. 52% des sondés estiment que la Tunisie va plus mal qu'avant le 14 janvier. 33% pensent que la fuite du dictateur a été bénéfique. En 2012, ils étaient 45% à penser que la situation du pays s'est améliorée après 2011 et 42% qu'elle s'était dégradée. Ces chiffres aussi relatifs soient-ils devraient inciter à réfléchir les acteurs de la vie politique, surtout ceux qui se sont succédé au pouvoir. Par rapport à l'opposition, les Gouvernants ont la charge de la responsabilité de l'exercice du pouvoir. C'est à eux que l'opinion publique adresse ses doléances. Les indicateurs sociaux et économiques sont loin de clignoter au vert. Un sursaut national est souhaitable. Ces indicateurs n'honorent personne. Lorsqu'on se rappelle que les opérateurs économiques, véritables créateurs de richesse, appellent à la clarification des horizons politiques pour qu'ils investissent, et partant créent de l'espoir à eux et aux autres, on ne peu qu'espérer que les négociations en cours entre acteurs politiques aboutissent. Le pays en gagnera. L'état d'esprit des Tunisiens aussi.