C'est l'un des rendez-vous majeurs du monde de l'art contemporain : 77 artistes de 21 pays différents ont été invités à investir depuis le 12 septembre, cinq lieux d'exposition de Lyon dont le Musée d'art moderne de la ville : en tout plus de 10 000 mètres carrés de surface d'exposition sont à découvrir. Cette année, l'évènement intitulé Entre-temps… Brusquement, et ensuite s'organise autour du thème de la narration. Raconte-moi une histoire C'est la règle du jeu de la Biennale de Lyon depuis sa création en 1991 : un commissaire d'exposition est invité à réfléchir autour d'un mot : Après « Histoire », « Global » et « Temporalité », « Transmission » achève son cycle entamé en 2009. Le commissaire de cette 12e Biennale, Gunnar B. Kvaran, directeur du musée Astrup Fearnley à Oslo, a poussé les artistes à interpréter cette transmission comme un récit. « L'art contemporain est un monde vaste, complexe, cacophonique et polyphone, mais à l'intérieur de cette grosse machine on trouve des artistes qui sont intéressés par la narration et par les structures narratives. Selon moi, l'originalité de l'art contemporain vient de ce dialogue entre le contenu et la formalisation des œuvres », explique dans un français parfait cet Islandais, docteur en histoire de l'art de l'université d'Aix-en-Provence. Installations vidéo, sculptures, dessins, peintures… À Lyon, les histoires que racontent les artistes prennent des formes très différentes : ainsi Fabrice Hybert a choisi l'autobiographie, une histoire de son œuvre à travers une pièce fermée dont « la clé se trouve à l'extérieur dans une petite fontaine. Chaque visiteur devra y rentrer seul », insiste l'artiste français qui a réalisé en 1991 le plus grand savon au monde (22 tonnes de savon). Dans la pièce qu'il nomme Le Paradis, on retrouve notamment ses célèbres « Hommes de Bessines », une sculpture-fontaine qui représente un petit homme vert. L'Américain Tom Sachs lui veut attirer l' attention sur « le glissement des systèmes de contrôle du corps vers l'esprit » avec une œuvre intitulée Barbie Slave Ship (Le bateau des barbies esclaves) exposée dans l'Eglise Saint Just, une reproduction d'un bateau du 18e siècle dans lequel 300 poupées barbies sont enfermées : une critique acerbe et provocante de la société de consommation et du monde de la publicité. Certains artistes jouent avec l'idée même de narration, notamment le jeune Français Neïl Beloufa qui fragmente des témoignages filmés en multipliant les supports de projection : écrans, morceaux de plexiglas et matériaux bruts…(Agences)