• «La Troïka tient mordicus à rester au pouvoir », déplore Issam Chebbi • « Le plus juste est que les membres réfractaires de l'ANC, reviennent à leurs sièges », affirme Mohamed Abbou • « Ennahdha considère que la politique est un ensemble de manœuvres », regrette Mehdi Ben Gharbia • « L'initiative de l'UGTT est une chance unique à saisir », rappelle Mohamed Bennour Lors de la conférence de presse tenue hier, par le quartet parrainant le dialogue national, Houcine Abbassi, secrétaire général de l'Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) avait fait un diagnostic précis à travers une lecture exhaustive de la situation dans laquelle se débat le pays. Le pays suffoque et étouffe sous le poids d'une crise politique écrasante. Le secrétaire général de la Centrale syndicale a réparti les partis politiques en deux catégories, ceux qui ont accepté l'initiative du quartet et sa feuille de route dans sa totalité et ceux qui n'en ont accepté que la moitié. Il dira en substance que le prochain gouvernement devra s'occuper de la chose économique et sociale, sans pour autant négliger le dossier sécuritaire sans être un Gouvernement politique. Il a demandé à Ennahdha de faire les concessions nécessaires dans l'intérêt du pays. « Il n'est pas question d'entrer dans la phase de dialogue direct, alors que le plus grand parti de la Troïka n'a accepté que la moitié de la feuille de route du quartet », dit-il. Un retour à la pression de la rue est envisageable. Qu'en pensent les dirigeants des partis politiques ? Mohamed Abbou, ancien secrétaire général du Congrès pour la République (CPR), ministre démissionnaire du Gouvernement de Hamadi Jébali et fondateur du Courant démocratique, n'est pas étonné de l'échec des négociations. Il affirme au Temps : « nous avons prévu que ce qui a été qualifié de dialogue alors qu'il s'avère un putsch dirigé contre le processus de transition, n'allait pas aboutir. Le plus juste est que les membres réfractaires de l'Assemblée Nationale Constituante, reviennent à l'ANC et qu'on accélère la période transitoire. La majorité des Tunisiens ne se range sur aucune des deux parties en lutte. Elles ont provoqué la crise économique et sociale. Le dialogue doit concerner la Constitution, la loi électorale et l'amélioration de la situation sociale et économique loin des tiraillements politiques ». Issam Chebbi, porte-parole du parti Républicain, n'était pas étonné de ce qui a été annoncé hier par le quartet. Il affirme au Temps : « les organisations parrainant le dialogue national, ont fourni beaucoup d'efforts. Elles ont présenté une feuille de route après plusieurs rounds de négociations. La situation dans le pays ne puisse supporter davantage de flou. En tant qu'opposition nationale et Front de Salut, nous avions au départ une position ferme appelant à la dissolution de l'ANC et le départ du Gouvernement. Nous avons consenti des concessions et accepté la reprise des travaux de l'ANC. La feuille de route du quartet a été acceptée par le Front de Salut sans réserve pour lancer le dialogue et arriver à former un Gouvernement de compétences. Toutefois, la Troïka et surtout Ennahdha jouent sur la confusion. Elle tient, mordicus à rester au pouvoir. Ils assumeront leurs responsabilités. Les organisations sociales vont jouer leur rôle pour imposer la feuille de route, jusqu'à ce qu'Ennahdha signe la feuille de route du quartet. Nous allons le faire. Le Front de Salut aussi. Nous ne pouvons laisser le pays entre les mains de la Troïka. Elle sera écartée par le recours aux méthodes de lutte pacifiques, les manifestations et les sit-in. J'espère que le tribut à payer ne sera pas élevé ». Mehdi Ben Gharbia, dirigeant à l'Alliance Démocratique, le premier parti à avoir soutenu l'initiative de l'UGTT, affirme au Temps : « notre parti a été le premier à soutenir l'initiative de l'UGTT. Aujourd'hui, je pense que le pays ne supporte pas les manœuvres politiques d'Ennahdha. Ce parti considère que la politique est un ensemble de manœuvres. La non formation d'un gouvernement de compétences coûtera cher au pays. Nous demandons à nos partenaires dans l'opposition de s'en tenir à l'initiative de l'UGTT. L'Alliance démocratique poursuivra son action avec l'UGTT pour arriver à une solution. J'espère que nous parviendrons à des solutions dans les prochaines heures ». Mohamed Bennour, porte-parole d'Ettakatol déplore le blocage actuel. Il déclare au Temps : « nous espérons vivement que cette initiative ne débouche pas sur un échec. C'est une chance unique à saisir. Tant d'efforts ont été déployés pour la faire aboutir, du moins de la part de beaucoup de partis politiques comme Ettakatol. La magie des rencontres et contacts directs pourront faire évoluer les choses. Nous avons l'exemple de la rencontre Béji Caïd Essebsi et Rached Ghannouchi. Rien ne vaut le contact direct. L'initiative de l'UGTT a fait évoluer les positions d'Ennahdha qui accepte un Gouvernement dirigé par une personnalité indépendante. Il ne faut pas abandonner cet effort. Nous espérons qu'avant lundi prochain, les quelques différends qui existent encore soient aplanies. Nous espérons une annonce libératrice, chose qui réponde aux attentes de l'opinion publique, surtout le monde des affaires ». Ettakatol tiendra, aujourd'hui son bureau politique pour examiner les impératifs de la prochaine étape.