Depuis la Révolution, le processus de privatisation c'est-à-dire le désengagement de l'Etat des activités économiques est resté au point mort. Finalement, il semble que la machine de privatisation aille redémarrer pour reprendre son cours et parachever le programme tracé par Ben Ali en 2010 prévoyant la privatisation de 11 entreprises publiques. Rappelons que 20 ans après la mise en place du programme de privatisation en 1987, le compteur s'est arrêté avec un bilan de 219 entreprises privatisées moyennant une cagnotte de 5976 MDT. Un pactole considéré modeste voire infime à l'époque, vu que 2972 MDT des recettes provenaient de l'opération dite « du siècle » de privatisation, celle de l'opérateur historique Tunisie Telecom. Il va sans dire que les opérations de privatisation réalisées sous le règne de Ben Ali flairaient le scandale pour les uns. D'ailleurs la question se pose toujours : qui a vraiment profité de la vague de privatisations engagée par le gouvernement évincé ? Les langues se délient et suspectent des commissions, de pots de vin et d'enrichissement illicite de la famille du déposte et ses alliés, mais il revient toutefois au gouvernement actuel et à la justice transitionnelle de revoir les « old cases » ou encore les anciens casiers pour vérifier de la véracité des présomptions et établir le cas échéant la vérité, toute la vérité de tout ce qui s'est tramé et accompagné toute procédure incriminée. Ceci dit, le gouvernement Laârayadh prendra relais paraît-il avec le programme de privatisation arrêté par Ben Ali. D'ailleurs, un conseil ministériel tenu mardi a décidé l'ouverture du capital de la société El Fouledh à un investisseur stratégique. Une décision qui remonte pourtant à l'année 2010, où le programme de privatisation de Ben Ali prévoyait la privatisation de 11 entreprises dont 5 entreprises industrielles à savoir : la Société Tunisienne de Sidérurgie "El Fouledh", la Compagnie Tunisienne de Navigation (CTN), la Société Nationale de Distribution de Pétrole (SNDP), la société tunisienne des industries pneumatiques (STIP), la et la société tunisienne de sucre (STS), étaient les cinq entreprises à privatiser en 2010 pour l'industrie. Un programme qui va être à priori relancé pour pallier la précarité des ressources publiques asséchées et pouvoir renflouer la caisse de l'Etat lamentablement appauvrie. Rappelons à ce titre les propos exprimés par Jalloul Ayed, ex-ministre des Finances dans le gouvernement de Béji Caïed Essebssi en mois d'avril 2013 : « La solution réside dans la privatisation ». Ainsi et outre les mesures d'austérité, le gouvernement provisoire paraît engagé à poursuivre le schéma de développement de Ben Ali. Il reste néanmoins à savoir : à quels prix les entreprises publiques seront privatisées et à qui profitera cette fois la saga de la privatisation ? Reste à savoir à ce point si recourir à une privatisation anarchique procurera-t-elle l'effet escompté à savoir le redressement d'une économie à plat.