• Et si la Banque Mondiale et le FMI feront de même ? • A défaut de projets de développement, le soutien de la BAD n'a plus de sens La situation financière du pays va de mal en pis : Une évidence difficile à admettre en dépit de l'autosatisfaction du gouvernement provisoire, qui ne rate pas une occasion pour vanter ses succès économiques. Aujourd'hui, la capacité de la Tunisie à honorer ses engagements se rétrécit et les pourvoyeurs de fonds étrangers entre autres, la BM, le FMI et la BAD commencent paraît-il à fausser compagnie aux pays du printemps arabe dont la Tunisie. Donald Kaberuka, le Président de la Banque Africaine de Développement (BAD) a annoncé récemment que la banque n'accordera plus de prêt à la Tunisie. D'ailleurs, le ministre des Finances, Elyes Fakhfakh a assuré pour sa part sur les ondes d'Express.fm que la BAD a annulé le versement d'une tranche de prêt prévue en faveur de la Tunisie. Un portefeuille de 775 millions de dinars a été accordé par la BAD pour soutenir la relance économique du pays. Rappelons, que la Banque Africaine de Développement, tout comme les institutions de Bretton Woods ont béni les Révolutions arabes et n'ont jamais cessé de proclamer leur soutien aux pays « dits » du printemps arabe et d'appuyer financièrement la transition démocratique. A priori, ces donateurs s'essoufflent et commencent à se désengager du processus transitoire à moins que le gouvernement tunisien parvienne à se plier à leurs commandements et à se conformer aux conditions d'éligibilité aux prêts et aux appuis budgétaires convenus. La transition politique tunisienne s'est révélée plus longue que prévu, avec un report des élections et un clivage politique Dans son dernier rapport sur les perspectives économiques en Afrique, la BAD, l'institution africaine de crédit déplore la lenteur lancinante du processus transitoire et le retard observé dans la mise en place des réformes structurelles. « L'amélioration de la situation économique dans son ensemble se fait attendre. Le chômage reste élevé et les déficits courants et budgétaires importants, faute de réformes structurelles et d'une solide reprise économique en Europe, principal partenaire économique de la Tunisie. Les plus grands risques concernent les tensions idéologiques, les mouvements sociaux ainsi que les éventuelles politiques populistes qui pourraient être menées en vue des élections, menant à de possibles dérapages budgétaires. La transition politique tunisienne s'est révélée plus longue que prévu, avec un report des élections et un clivage politique qui s'accentue. Le débat politique prévaut sur la réflexion économique », souligne le rapport sur les perspectives économiques en Afrique Ainsi, le topo de la situation économique de la Tunisie mixé à la série de dégradation de la note souveraine du pays par les agences de notation, ne présage rien de bon. L'aversion de l'économie tunisienne aux risques est de plus en plus menacante et le risque du non remboursement de ses engagements n'est pas à écarter. La majorité de lignes de crédits accordée jusque là à la Tunisie sont destinées au financement des dépenses courantes de l'Etat. Du fait, et à défaut de projets de développement, le soutien de la BAD n'a plus de sens. Ceci dit, le risque de désengagement de la BM et du FMI n'est pas également à écarter surtout que la Tunisie n'a pas encore tenu ses promesses de réformes structurelles touchant essentiellement au système de compensation et de restructuration des banques publiques. Inutile d'imaginer l'impasse financière contre laquelle boutera le gouvernement provisoire au cas où les institutions de Bretton Woods renonceront à leurs promesses de crédit, estimé à 750 millions de dollars, soit 1229,62 millions de dinars. Le dernier rapport de la Banque Mondiale sur les perspectives et développements économiques de la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord) n'est pas très réconfortant. Doit-on s'attendre au pire ?