La fameuse ligne de crédit de 2,7 milliards de dinars, à titre de prêt de précaution, à accorder à la Tunisie par le Fonds Monétaire International (FMI) suscite encore des remous. Généralement, certains partis politiques, des organes et institutions dits protecteurs, conservateurs ou altermondialistes ne s'empêchent pas de lancer une guerre farouche contre les transactions en cours du gouvernement avec les institutions de Bretton Woods, notamment la Banque Mondiale et le FMI. Une délégation du FMI est en visite en Tunisie pour poursuivre les pourparlers avec les autorités tunisiennes. Une visite qui dérange semble-t-il certains courants politiques et idéologiques parmi lesquels le Front Populaire et Hizb Ettahrir qui est allé jusqu'à observer hier un sit-in devant l'ANC après un premier rassemblement tenu lundi à la Kasbah. Des mouvements qui dénoncent l'ingérence des institutions internationales dans la politique économique du pays et cette nouvelle forme universelle de colonisation économique. Cette thèse trouve néanmoins ses détracteurs, les libéraux qui voient en la libéralisation des frontières, le système libéral et la mondialisation, un passage obligé et un modèle économique le plus adéquat à emprunter. Faut-il trouver le juste dosage entre les deux thèses? Rappelons que le budget de l'Etat nécessite la mobilisation de 5 milliards de dinars tunisiens pour le financement du pays. En l'absence de canaux de financement de l'économie et pour faire face aux éventuels aléas endogènes et exogènes, le gouvernement n'a d'autres choix que de faire appel aux sources de financement étrangères dont la Banque Mondiale et le FMI, deux institutions qui n'ont déjà épargné aucun effort pour soutenir l'économie nationale et la politique de Ben Ali. Pour un taux d'intérêt séduisant de 1,5%, le FMI a assujetti le gouvernement tunisien un certain nombre de commandements pondérés à l'approbation du crédit. Des réformes d'ordre économique, fiscal, social et budgétaire outre l'édification des bonnes règles de la gouvernance et de la transparence. Pour sa part, le gouvernement considère que les conditions de crédit sont attrayantes et qui n'alourdiront pas le taux d'endettement qui est aujourd'hui à 48%. Par contre, les antagonistes à cette ligne de crédit considèrent que ces institutions sont les premières responsables des maux économiques qui frappent le pays. Pour les altermondialistes, les institutions de Bretton Woods, complices de Ben Ali et du régime dictatorial, ont largement contribué à plonger le pays dans une spirale d'endettement et dans un système libéral sauvage, entraînant l'économie nationale au gouffre et à l'élargissement des inégalités régionales. A n'en retenir que le plan d'ajustement structurel, un plan qui a montré ses limites pensent les uns. La question qui se pose aujourd'hui : comment faire un arbitrage entre l'intérêt économique du pays sous contraintes budgétaires et l'intérêt suprême de l'Etat ? Aujourd'hui, les négociations avec le FMI se poursuivent, faisant peser un climat de flou artistique en attendant le rapport de la fin de mission. Certains parlent de blocage des négociations. En attendant que les dix commandements du FMI soient exhaussés. Wait &see...