Il n'est jamais conseillé de se laisser aller en confidence en présence de certains inconnus, qui peuvent en profiter pour jouer à leur vis-à-vis un mauvais tour, le tout sur fond de gagne-petit, ou encore un gain facile, ne coûtant pratiquement rien. La victime, dans ces conditions, ne voit rien venir; et le réveil risque alors d'être tout bonnement dur à avaler, cauchemardesque même. C'est, en tout cas, la mésaventure vécue récemment par un pauvre père de famille, certes menant une existence aisée, mais cruellement touché, tout de même, dans sa dignité et son amour-propre. Au départ une rencontre fortuite, tressée par le destin, mettant malfrat et victime en présence l'un de l'autre. Ils étaient attablés dans la même cafétéria à siroter un café ou un thé. Faute de place, le local étant un peu exigu, donc bondé, aux alentours de 11H00, les deux hommes ont été contraints de prendre place à la même table. Côte à côte, presque à s'y toucher. Au début, chacun ruminait ses propres pensées, regardant dans le vague. Jusqu'à ce que l'un d'eux s'est décidé à engager la conversation. L'autre n'a fait, pour commencer, qu'à suivre d'un air détaché le discours de son compagnon de fortune. Tout en constatant, en revanche, que son interlocuteur avait un accent étranger. D'un pays frère, précisément. Naturel, les choses étant ce qu'elles sont, que la glace fonde tout d'un coup, le deuxième bonhomme, le Tunisien, se trouvant subitement engagé lui-même sur le sentier menant aux confidences. C'est ainsi, mis en confiance, qu'il allait révéler à son vis-à-vis ses tracas, le seul problème a priori lui causant mille et un soucis. Celui de la maladie incurable qui a frappé son épouse, et auquel il n'a trouvé aucun remède malgré ses fréquentes visites chez les médecins de la place. C'était le signal et l'occasion propice, pour le nouvel «ami» afin de saisir la balle au rebond et lui suggérer de le conduire chez un guérisseur de ses connaissances; quelqu'un, lui a-t-il assuré, qui n'a jamais échoué dans ce genre d'entreprise. Bref, la connaissance en question, un compatriote, cela va sans dire, s'est fait un devoir de rassurer le quinquagénaire quant à la guérison incessante de la mère de ses enfants. Mettant toutefois une condition, celle d'effectuer le pèlerinage en couple. En groupe de surcroît, seule garantie pour une guérison complète et sans rémission. L'affaire fut ainsi bouclée en quelques jours, le père de famille confiant une somme considérable, près de 19 mille dinars, aux soins du bon et saint homme. Mais depuis, plus l'ombre des deux amis, aussi bien le guérisseur que l'intermédiaire, à croire qu'ils se sont volatilisés. C'est à partir de ce moment que le malheureux père de famille aurait été assailli par le doute, se décidant en fin de compte de confier ses doutes, mués entretemps en soupçons, aux auxiliaires de la justice. Forts des renseignements et des signalements fournis par la victime, ainsi que certains autres témoignages recueillis çà et là, les enquêteurs n'ont pas mis beaucoup de temps pour épingler l'intermédiaire, celui-ci balançant dans la foulée son complice, le charlatan. Arnaque et abus de confiance, telles étaient les charges qui leur ont été reprochées. Et qui leur ont coûté, en passant récemment en jugement, respectivement deux et trois ans de prison ferme…