« Que deviennent nos enfants ? Nous savons qu'ils sont encore en vie. Y en a marre de l'attitude indifférente observée par le gouvernement provisoire et les autorités italiennes, du flou qui enveloppe la question des jeunes tunisiens qui ont traversé la Méditerranée depuis des mois ». Ce cri de détressse a été lancé hier par les parents des jeunes Tunisiens disparus juste après la Révolution et les mois qui suivent à l'issue du flot d'immigrations irrégulières. C'est lors d'une conférence de presse assurée par le Forum Tunisien pour les Droits Economiques et Sociaux (FTDES) que les parents ont réitéré leur demande. Qui ose nous dire où se trouvent nos enfants ? Nous sommes convaincus qu'ils sont vivants. Nous les avons vu dans les médias italiens. «Il ne faut pas se tromper. Personne n'est capable de répondre à vos questions à part le gouvernement provisoire et les autorités italiennes », répond Abderrhamane Hedhili, président du Forum Tunisien pour les Droits Economiques et Sociaux. Ses propos se voulaient être rassurants pour les familles des disparus, lesquels ne désespèrent pas de retrouver leurs progénitures, d'autant plus qu'ils ont des preuves édifiantes sur ceux qui ont pu être sauvés et qui sont arrêtés dans des camps de détention anonymes. Mécontentement Deux ans se sont écoulés depuis la révolution alors que la question des jeunes disparus défraye toujours la chronique auprès des parents. Ils sont mécontents voire très déçus de l'attitude du gouvernement provisoire et de Houcine Al Jaziri, secrétaire d'Etat de la Migration et des Tunisiens à l'Etranger. Ses promesses envers les parents des disparus n'ont pas été tenues pour ne pas dire qu'elles sont passées dans l'oubliette. Ce n'est pas étonnant d'ailleurs. Houcine Al Jaziri est plutôt occupé par la politique plus qu'autre chose. Il n'a pas en fait, assez de temps pour se pencher sérieusement sur ce problème ou pour examiner les autres dossiers qui ne manquent pas d'importance, dont la régularisation de la situation des jeunes tunisiens qui ont choisi de rentrer en Tunisie volontairement avec l'espoir de lancer des micros projets, la question des réfugiés toujours sans statut… Même les informations qui ont circulé juste après les drames de disparition des jeunes à la veille de la révolution, annonçant la formation d'une commission multipartite supposée prendre en charge ce dossier épineux mais qui reste sans suite. C'était des promesses rien que pour résorber la colère et la grogne des parents à cette époque. Mais ces derniers ne désespèrent pas. Ils sont déterminés plus que jamais à obtenir des réponses à leurs interrogations d'autant plus qu'ils sont certains que leurs enfants sont arrêtés dans des camps anonymes en Italie. « Nous exhortons les autorités provisoires actuelles et celles qui seront investies de la fonction gouvernementale de prendre au sérieux le dossier, car nous n'allons pas nous taire », s'écrie le président du FTDES. « Des actions seront menées lors des prochaines semaines pour exercer une pression sur les autorités concernées, annonce M. Hédhili, d'autant plus que l'intervention dans le domaine ne nécessite pas beaucoup d'efforts. Il suffit juste de coordonner avec les autorités italiennes pour enquêter convenablement sur les différents drames, dont celui survenu les 6 et 7 septembre 2012. Il est également possible d'avoir les enregistrements des forces du FRONTEX qui sillonnent la Méditerranée. Tout cela exige un engagement et une volonté. Vouloir, c'est pouvoir.