TUNIS (TAP) - Abderrahmène Hedhili, président du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES), a critiqué les partis et les organisations pour avoir ignoré les dossiers des émigrés clandestins arrivés sur le sol européen après la révolution du 14 janvier 2011. M. Hedhili qui s'exprimait, lors d'une rencontre avec la presse, organisée, jeudi à Tunis, à l'initiative du FTDES à l'occasion de la célébration de la Journée internationale des migrants, a fait savoir que des milliers d'émigrés tunisiens sont, aujourd'hui, dispersés dans plusieurs pays européens et exposés à toutes les pratiques d'intimidation sans aucun respect pour leurs droits fondamentaux. Il a demandé au ministère de l'Intérieur de fournir aux représentants de la société civile, des données précises sur ces émigrés dont le nombre se situe entre 35 et 40 mille, sans compter ceux qui sont expulsés chaque semaine par les autorités européennes et que le FTDES n'a pas pu recenser. Il a appelé les pays européens à mettre fin aux approches sécuritaires dans le traitement de cette question et à prendre en considération les normes internationales, les exigences de la politique de bon voisinage et le partenariat qui devrait respecter le principe de la libre circulation des personnes. S'agissant des émigrés portés disparus, le président du FTDES a mis l'accent sur la nécessité de constituer une commission d'enquête indépendante sur le sort de ces ressortissants tunisiens qui se chiffrent à un millier environ. Il a indiqué que 180 corps d'émigrés disparus en mer ont été repêchés. "Des centaines de familles tunisiennes gardent toujours l'espoir de voir leurs proches en vie. L'Etat est dans l'obligation de soutenir ces familles moralement et matériellement", a-t-il ajouté. De son côté, Messaoud Romdhani, membre fondateur du forum a appelé à la révision de toutes les lois sur l'émigration, notamment, la loi du 3 février 2004 qu'il considère comme "violation flagrante" des droits des émigrés. Il a exhorté l'assemblée constituante à promulguer une nouvelle législation assurant la protection des émigrés tunisiens. M. Romdhani propose, aussi, d'inscrire les droits des réfugiés dans le texte de la constitution, conformément à la convention internationale relative au statut des réfugiés (Genève 1951). Pour sa part, Mehdi Mabrouk, membre du FTDES a abordé l'étude qui vient d'être réalisée par cette jeune association sur les disparus parmi les émigrés entrés en Europe après la révolution. Cette étude qui a travaillé sur un échantillon de 250 disparus, affirme que 90 pc de ces voyageurs illégaux, des jeunes pour la plupart, se sont noyés en mer. Cinquante-cinq pour cent des disparus sont des jeunes issus des quartiers populaires de la capitale comme La Kabaria, Ouardia, Ettadhamen et Sidi Hassine. Concernant les réfugiés étrangers bloqués à la frontière tunisienne, un participant au forum a indiqué que leur nombre s'élève, actuellement, à 3400 et qu'ils séjournent dans des camps dépourvus des commodités les plus rudimentaires. Un appel a été lancé, à cette occasion, au prochain gouvernement pour la ratification de la convention des Nations Unies pour les droits des travailleurs immigrés et des membres de leurs familles. La célébration, en Tunisie, de la Journée internationale des migrants sera marquée, par un rassemblement, le 18 décembre à 11H00, place des droits de l'homme à Tunis, des familles des tunisiens disparus. Le programme élaboré par le forum comporte, aussi, la présentation, le jour même à 17H00, au théâtre municipal de Tunis, de la pièce de Raouf Ben Yaghlène "Harek Yitmana" (Rêves d'un clandestin).