A présent que la loi électorale est adoptée, la date du démarrage des inscriptions des électeurs est fixée, l'attrait des élections commence à faire tourner les têtes. Ses effets sur les esprits et les calculettes des décideurs dans les différentes directions des partis sont palpables. Certains bruits circulent sur d'éventuels rapprochements, voire alliances entre des partis comme Al-Joumhouri, Ettakatol, l'Allinace démocratique, le Parti du Travail, le Mouvement du Peuple, le Courant démocratique, le Mouvement de l'Unité Populaire.... Des déclarations sont faites à droite et à gauche. On veut contrecarrer la bipolarisation Ennahdha-Nida. Qu'en est-il au juste ? Du côté du parti Al-Joumhouri, il n'y a rien de nouveau. Son porte-parole Issam Chebbi précise dans une déclaration au Temps que les choses stagnent. Il dit : « nous avons entamé des discussions avancées avec le Mouvement du Peuple et l'Alliance démocratique. Nous partageons la même vision et analyse de la situation et la nature de l'étape actuelle. Reste la question de l'élargissement des discussions à d'autres partis. Elle est encore sujet d'examen. Les questions pratiques, les questions qui fâchent viendront après. De toute façon à Al-Joumhouri, tout en ayant des tractations avec d'autres partis, nous sommes en train de travailler comme si nous allions seuls aux élections. Le parti ne peut se permettre de laisser son avenir en otage pour des alliances qui peuvent se nouer comme elles peuvent ne pas aboutir ». Il est clair qu'Al-Joumhouri a son candidat à l'élection présidentielle, son fondateur Ahmed Néjib Chebbi, même si ce dernier ne s'est pas encore franchement déclaré candidat. Il en est de même pour le Parti Ettakatol. Son porte-parole, Mohamed Bennour a précisé au Temps, qu'il n'y a rien de nouveau au sujet des alliances avec les autres partis, comme l'Alliance démocratique, Al-Joumhouri et les autres. «Les choses ne progressent pas », dit-il. Ettakatol aussi a son candidat à l'élection présidentielle, son secrétaire général Mustapha Ben Jaâfar. Pour comprendre ce qui se passe dans plusieurs partis qui proclament leur opposition à la bipolarisation sans trop s'engager dans l'action de rapprochements, le témoignage de Nejla Bouriel, dirigeante au sein de l'Alliance démocratique, est édifiant. Le bureau politique de leur parti se réunira le 1er Juin prochain. Il décidera de la stratégie avec laquelle se feront les alliances et avec qui ? Elle pense que les alliances ne sont pas un luxe. « Elles sont une nécessité. Le pays en a besoin. Il faut voir sur quelle base ? Il est essentiel que les alliances ne se fassent pas sur la base de telle ou telle personnalité qui va présenter sa candidature aux élections présidentielles. Nous avons dépassé ce stade. Il faut des alliances qui durent qui ne débouchent pas sur des ruptures après les prochaines élections. Nous avons effectué un premier round de négociations pour examiner les possibilités d'alliances. Lorsqu'on vous dit venez faire l'élection présidentielle avec moi. Quant aux législatives chacun pour soi. C'est que les choses sont biaisées. C'est une approche qui manque de sensibilité patriotique. Les alliances doivent se faire pour servir le pays et non une personne. Servir le pays et éviter la bipolarisation ne peuvent se faire qu'en proposant une alternative aux Tunisiens. Malheureusement chacun travaille seul. A titre d'exemple, dans le Dialogue économique au moment des discussions, on constate que les avis de plusieurs partis politiques sont très proches les uns des autres. Mais lorsqu'il s'agit de prendre des décisions, chacun agit seul. Le Front populaire a une position identique à la nôtre. Il aurait pu rester et faire pression avec nous et ceux qui partagent le même point de vue, à l'intérieur du dialogue. Il a préféré bouder et instrumentaliser la décision en sa faveur en organisant une conférence de presse pour se démarquer des autres. C'est très néfaste pour la scène politique. Personnellement, je pense qu'en absence d'alliances qui ont leur poids, le pays va rapidement se diriger vers une grande bipolarisation. Les deux composantes de la bipolarisation vont mettre la main dans la main pour gouverner le pays. Les partis patriotiques doivent se rassembler pour l'intérêt du pays et non pour des intérêts partisans étroits ». Décidément, l'attrait du Palais de Carthage, risque de miner toutes les alliances.