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«L'opération de Kasserine dévoile des trahisons au sein du ministère de l'Intérieur»
Publié dans Le Temps le 01 - 06 - 2014

L'opération terroriste de la cité Ezzouhour laisse une blessure tellement béante et lancinante que même le temps ne sera pas capable de cicatriser, ni de faire oublier. Au-delà des pertes humaines, c'est la grande facilité avec laquelle les terroristes ont exécuté leur abominable et lâche crime et leur fanfaronnade qui font le plus souffrir. Face à ce défit, qui est à la limite de l'humiliation et que les officiels veulent ramener à un fait mineur, notre invité ne va pas par quatre chemins pour diriger son doigt accusateur vers les coupables pour leur en faire endosser l'entière responsabilité : ils se trouvent au ministère de l'intérieur. En fait, il n'invente rien, il ne fait que relater et rappeler des faits connus par tous et que certaines parties voudraient enterrer, misant sur l'amnésie qui frappe certains et combien ils sont nombreux malheureusement. A partir d'un ensemble d'événements qui ont marqué notre pays depuis l'avènement de la Troïka au pouvoir, il tire des conclusions qui s'imposent par elles-mêmes tellement elles sont plausibles. Cependant, le terrorisme ne se manifeste pas seulement par les armes et le sang, il revêt aussi des accoutrements en vue de fourvoyer l'opinion et pouvoir se faufiler parmi les brebis comme un loup déguisé en berger, d'après le syndicaliste du Bassin minier. Il considère que ce terrorisme fardé se promène dans cette région qu'il a déjà meurtrie et qu'il compte écraser encore davantage par la marginalisation et l'exclusion de sa jeunesse et de ses habitants. Pour lui, les richesses minières ne profitent aucunement à eux, ni sur le plan social, ni au niveau du développement régional, mais plutôt à d'autres dont une poignée de corrompus qui étaient influents au temps de Ben Ali et qui continuent à exercer leur empire sur la CPG et à jouir des mêmes privilèges qu'avant. Leur situation va de mal en pis et le gouvernement ne bronche pas pour résoudre leurs difficultés qui s'accumulent d'année en année pour leur rendre la vie infernale. Tout ce qu'il a trouvé bon de faire c'est de réprimer les mouvements de contestationpopulaires. Notre invité n'épargne personne, il tire à boulets rouges même sur l'UGTT qu'il accuse d'avoir renoncé à son rôle social et d'être dépassé par l'époque. Ce jugement, il l'applique, également, aux partis politiques qui lui font avaler une amère déception.
-Le Temps : la dernière opération terroriste de la cité Ezzouhour vient nous édifier sur des vérités souterraines. Quelle est votre lecture de cet événement tragique ?
-M Hajji : la question est complexe, elle ne date pas d'un jour, d'un mois ou d'une année, le terrorisme dans notre pays est entré dans une phase avancée. Les raisons en sont diverses, mais la plus importante, c'est celle relative aux facilités accordées par les gouvernements de la Troïka qui fermaient les yeux sur lesagissements des groupes extrémistes. Et il ne faut pas oublier les déclarations des leaders d'Enahdha concernant ces terroristes qu'ils considéraient comme étant leurs enfants qui avaient droit d'exister et d'exprimer leurs opinions. De plus, ils démentaient, systématiquement, toutes les informations données par les syndicats des forces de l'ordre et par d'autres sources, se rapportant à leurs mouvements bizarres et suspects, tels que les entraînements, dans certaines régions. Aujourd'hui, bien que notre armée et les forces de l'ordre aient accompli des opérations anticipées, les terroristes ont réussi à attaquer le domicile du ministre de l'Intérieur qui se trouve à quelques mètres seulement de la zone de la garde nationale et du district de police. Je suispersuadé, personnellement, qu'il y a là une complicité au sein de ce ministère, car il est inconcevable que ces terroristes perpètrent leur crime, en toute tranquillité, et qu'ils jubilent dans la rue pendant douze minutes, comme l'ont rapporté des témoins oculaires dont un voisin qui a suivi l'ensemble de l'opération depuis le toit de sa maison et qui a donné son témoignage dans une radio locale. Si on les avait pourchassés à travers les rues de Kasserine où ils défilaient et tiraient des coups de feu dans l'air en signe de victoire, on aurait bien pu les appréhender. Mais malheureusement, on n'a rien fait. Ce qui conforte davantage ces soupçons, c'est les déclarations faites par les syndicats de la sécurité concernant la présence, au sein du ministère del'Intérieur, de cadres d'obédience nahdhaouie et autres, et qui sont nommément désignés. C'est là où réside la défaillance, la question n'est pas, à mon sens, d'ordre stratégique, étant donné que l'agent de sécurité tunisien est doté d'expérience et de grande compétence lui permettant de faire face au terrorisme. Il est de même des moyens qui sont en train de se renforcer de jour en jour. Donc, il n'y a pas de raison pour qu'il y ait ce relâchement et cette facilité sans qu'il y ait de résistance de quelque nature qu'elle soit. Toutes ces données me laissent pointer mon doigt accusateur vers le ministère de l'intérieur où il y a, de toute évidence, des trahisons.
-Certains établissent un lien entre la répression policière des derniers jours et les mesuresd'austérité prises par le gouvernement, d'une part, et cette action terroriste, de l'autre. Partagez-vous cette thèse ?
-Il n'y a pas de certitude là-dessus, mais on craint que les cartes ne soient brouillées, parce que, sincèrement, le gouvernement Mehdi Jomâa est venu pou nous faire revenir en arrière et ce par la répression des mouvements de contestation et de tout souffle démocratique et militant. Cela, nous le vivons au bassin minier où, dernièrement, dans la région rurale « El Birka » de Moularès, lors de la confrontation entre les forces d'intervention de la garde nationale et un groupe de jeunes ayant observé un sit-in, pour avoir coupé l'eau à la Compagnie des Phosphates de Gafsa, en signe de protestation contre son exploitation outrancière de la nappe d'eau qui a, gravement, endommagé leurs terres, leurs puits et leur agriculture. Ils étaient condamnés, chacun, à dix ans de prison. Plusieurs arrestations et jugements sont en train d'avoir lieu au bassin minier contre les protestataires et les sit-inners. Les déclarations de M le chef du gouvernement sont édifiantes à ce propos, des déclarations entérinées par son porte-parole, M Nidhal Ouerfelli, qui vient d'insister, tout récemment, au journal « Le Maghreb », sur le fait que son gouvernement ne permettra aucun sit-in, ni aucune fermeture de la société ou des chemins de fer. Il s'agit là d'une attaque féroce contre les luttes sociales au bassin et ailleurs, dans toutes les régions du pays. Donc, on craint fort que ces opérations terroristes ne fassent brouiller les cartes et ne permettent au gouvernement d'en user comme argument afin d'empêcher les gens de réclamer leurs droits économiques et sociaux, ce qui laisserait la porte grand ouverte au retour de l'Etat de police. D'ailleurs, c'est ce que nous vivons, aujourd'hui. Les participants au dialogue national sont invités à rappeler le gouvernement à l'ordre, car on voit très bien comment l'UGTT se tait face à la répression exercée par ce dernier à l'endroit des mouvements sociaux. La centrale syndicale a mis de côté les dossiers sociaux et s'en est, totalement, détourné. Il est de même pour les partis de gauche et démocratiques, ils devraient assumer leur responsabilité et se prononcer clairement là-dessus. Parce que s'il donnait naissance à un gouvernement qui réprime les mouvements sociaux, les classes sociales déshéritées et les marginalisés, ce dialogue national serait un compromis contre le peuple et la patrie et non pas dans leur intérêt.
-Que pensez-vous de la candidature de l'UGTT pour le prix Nobel de la Paix ?
-Je considère cela comme un pot de vin. C'est un prix qui est discerné pour la Paix, alors je voudrais bien savoir quel est le rôle qu'a joué l'UGTT dans ce cadre. Il a un rôle national consistant à trouver un consensus national après la révolution ou ce qu'on considère comme telle. On n'était pas en guerre extérieure ou civile pour que l'UGTT milite pour le rétablissement de la paix et mériter ce prix qu'on sait très bien comment il est discerné. On voudrait le lui attribuer dans le but de le faire taire et suborner sa direction que j'appelle à le refuser si jamais on décidait de le leur accorder.
-Comment vous interprétez le report du Dialogue national économique dont le démarrage était prévu pour le 28 mai dernier?
-D'après les données dont je dispose, c'est l'UGTT qui est derrière cet ajournement. Elle se trouve, aujourd'hui, dans une mauvaise posture et cherche une issue pour sauver la face. Si la centrale syndicale s'inscrit dans ce dialogue pour faire passer les décisions des milieux financiers internationaux qui touchent, dans leur essence, la subsistance des masses laborieuses, c'es-à-dire la classe écrasée et la classe moyenne, je crois que sa direction va signer son arrêt de mort. Parce que l'UGTT se nourrit, aujourd'hui, de sonpassé et que son présent n'est pas immaculé. Cette organisation ne peut pas vivre et durer en se nourrissant du temps révolu, il est impératif que celui-ci soit lié au présent et au futur afin qu'elle soit au niveau des attentes de ses adhérents et des objectifs de la révolution. Ce qui se passe, actuellement, n'a rien à voir avec les revendications révolutionnaires du peuple tunisien, bien au contraire, cela est un étouffement de la révolution et constitue une régression.
-Est-ce que vous condamnez par là le rapprochement entre l'UGTT et l'UTICA ?
-Au nom du dialogue national, du consensus, de la paix sociale et de la réussite du processus démocratique, on se permet d'engager des discussions avec n'importe qui. Ce qui n'est pas logique, car les fondementsde l'UGTT et de l'UTICA ne sont pas les mêmes, ils sont, totalement, différents, chacune des deux associations suit un chemin qui est diamétralement opposé à celui emprunté par l'autre. La première œuvre à aider la classe des miséreux et la classe laborieuse et militante en vue d'améliorer leurs conditions économiques et sociales, alors que la seconde ne s'intéresse qu'aux projets, aux bénéfices, aux avantages, etc. Son seul souci, dans le cadre du dialogue national, c'est que les hommes d'affaires parviennent à orienter les choses dans le sens qu'ils veulent. En d'autres termes, l'organisation patronale n'est pas concernée par l'augmentation des prix, ni par la caisse de compensation qui relèvent des préoccupations des pauvres et des nécessiteux. Donc, ily a des intérêts conflictuels entre l'UGTT et l'UTICA, et il est impossible que ces deux organisations continuent à exister à l'intérieur de la même sphère et avec un consensus permanent. C'est pourquoi il ne suffit pas, aujourd'hui, de remédier à la situation au moyen d'accords fallacieux, de sentiments et d'émotions. Un consensus pareil, conclu dans cet esprit est forcément miné, et risque d'exploser à la figure de ses auteurs, et je crois que c'est déjà fait. On commence à en apercevoir les débris à travers les déclarations de Wided Bouchamaoui et de Houcine Abassi qui font allusion à la nature conflictuelle des intérêts qu'ils défendent et aux différends existants entre eux.
-Peut-on dire que l'adoption d'une attitude pareille de la part l'UGTT dans lecadre du pluralisme syndical est de nature à lui compliquer les choses et risque de compromettre son avenir?
-Il est évident que l'avenir de l'UGTT est menacé par le pluralisme syndical. Sa direction devrait prendre conscience du fait qu'après le 14 Janvier les gens ne sont plus contraints de se trouver au sein de l'UGTT et d'être patients vis-à-vis de ses erreurs. C'est vrai qu'avant cette date celle-ci était la seule organisation et le seul espace qui regroupait tout le monde, de l'extrême gauche à l'extrême droite qui exerçaient leur action militante à l'encontre du régime politique et qui jouissaient d'une protection et se sentaient en sécurité au sein de cette organisation. Aujourd'hui, il y a une liberté du travail politique, des partis politiques, une société civile, des associations, des organisations, et ce qui aggrave encore la situation pour l'UGTT, c'est la présence de syndicats parallèles qui sont en train de renforcer leurs bases à ses dépens, puisqu'il n'y a pas d'emploi et de nouveaux recrutements. Les adhérents de ces nouveaux syndicats viennent de l'intérieur de l'UGTT. Ce sont les indignés de sa politique, sa direction, des pratiques de certains syndicats régionaux et généraux, de certaines fédérations... L'Union devrait prendre conscience de la gravité de la situation, redresser ses torts et assainir la maison de l'intérieur, car elle vit encore des mécanismes d'une époque révolue. Elle n'a pas suivi le vent de la Révolution. Elle est appelée à s'adapter à la nouvelle situation en s'inscrivant dans la logique révolutionnaire réclamant la démocratie, la justice, la transparence, la lutte contre la corruption... Mais rien de tout cela n'a été fait à part le changement des têtes au sein de la direction, ce qui est insuffisant. Si on se contente de changer les personnes, et qu'on garde les mêmes mécanismes, les mêmes lois et la même structuration, ce changement sera sans aucun intérêt. La direction doit sauver l'UGTT de l'usure et de l'éclipse qui la guette. C'est le conseil que je peux lui prodiguer.
-Comment se présente la situation du Bassin minier ?
-Sincèrement, elle reste déplorable sans exagération aucune. Je ne fais que relater des vérités existant sur le terrain. Excepté les recrutements faits au sein de la Compagnie des Phosphatesde Gafsa, qui ne reflètent pas la réalité de la situation, ni celle des revendications, on maintient le statu quo. Il n'y a eu aucune réforme, ni aucune réconciliation entre cette compagnie et l'environnement, car le fond de nos revendications, c'est le développement d'une façon générale et la participation de celle-ci dans cet effort. Depuis 2008, on a réclamé l'investissement de 20% des bénéfices des phosphates dans le développement de la région. Mais au lieu de satisfaire cette demande, la compagnie s'est contentée de recruter quelques centaines de chômeurs et son rôle s'est limité à ce niveau-là. Mais les richesses des phosphates sont nettement plus importantes que ces miettes qu'on nous a accordées; nous réclamons beaucoup plus que cela. A Moularès, laCompagnie est fermée, à Redeyef, Métlaoui et Mdhila, elle n'ouvre pas ses portes continuellement en raison de la fréquence des sit-in. Ce gouvernement, dont le chef était le ministre de l'industrie et connaît bien ce dossier, n'a rien apporté par rapport aux précédents. Ni dialogue, ni négociations, ni recherche de solutions, ni communication avec les habitants, ni présentation de concessions et de projets... Tout ce qu'il a fait c'est de ramener sa police et son armée à la région, comme le faisait Ben Ali, afin de maîtriser la situation et empêcher les contestataires de fermer la CPG. Cette politique répressive était soutenue par une députée d'Ennahdha qui a demandé la militarisation du Bassin minier. Il s'agit là d'une situation dangereuse qui ne va pas durer. L'autre situation non moins dangereuse se rapporte à la violation d'un accord avec l'UGTT signé en avril 2011 et relatif à la suppression de la sous-traitance dans le secteur public. La CPG a utilisé les camions pour le transport des phosphates, ce qui est au désavantage des chemins de fer qui souffre d'un déficit de l'ordre de 140 milliards, alors que 40% de son trafic se fait avec la CPG. De plus, celle-ci payent très cher les transports effectués par ces camions gérés par des gens corrompus appartenant au régime déchu et qui étaient influents dans la région où ils étaient connus pour leur rapine. Au lieu des les juger pour ces graves méfaits, on les récompense et on rétablit la sous-traitance au sein du secteur public.
-Comment ces camions privés participent-ils, concrètement, à ruiner la CPG et l'ensemble de la région ?
-Sachez que le prix d'une seule tonne de transport des phosphates par ces camions vers la ville de Gabès est de 25 dinars contre 5,.. pour les chemins de fer. Donc, on dilapide des deniers publics qui remplissent les poches de ces individus influents et corrompus qu'on engraisse encore plus et, en contrepartie, on ruine une société nationale, qu'est la SNCFT et la CPG qui voit, ainsi, sa marge bénéficiaire réduite, et on prive les habitants et les chômeurs du développement régional. Le pire, c'est qu'on recourt à ces camions malgré l'existence de la Société tunisienne de transport des produits miniers (STTPM), créée par la CPG, et qui transporte les phosphates des carrières vers les laveries. Cette société est déficitaire, elle aussi. Au lieu qu'elle achète de nouveaux camions et du nouveau matériel pour renforcer cette dernière et la charger du transport des phosphates vers Gabès, ce qui permettrait d'augmenter sa capacité de recrutement et de développement de la région, la CPG a opté pour l'enrichissement de ces corrompus, l'effondrement de nos sociétés nationales et la privation de nos jeunes du travail et de l'ensemble des habitants du Bassin minier de tout progrès.
-On a entendu dire que les jeunes du Bassin minier sont poursuivis par la police pour des actes qu'ils ont commis au temps de Ben Ali. Est-ce que vous confirmez cela ?
-Oui, je le confirme. Il existe des avis de recherche contre certains jeunes sur la base des jugements de 2008 qui n'ont pas été annulés malgré l'amnistie législative générale et leurs noms figurent toujours sur les listes du ministère de l'intérieur. Et il y a de nouvelles poursuites policières à l'encontre des sit-inners, pendant la nuit. Cela est arrivé plusieurs fois où des affrontements ont éclaté entre ces jeunes et les agents de l'ordre. Personnellement, j'ai appelé M le gouverneur de Gafsa pour attirer son attention sur la dangerosité de ce conflit et lui dire que ce qu'ils étaient en train de faire était une déclaration de guerre contre la région et nos jeunes et qu'ils devaient assumer leur responsabilité. Notre voix ne s'éteindra jamais. Mais, je pense qu'ils s'acheminent petit à petit vers la grande confrontation, car, manifestement, ils n'ont pasretenu la leçon de 2008. Je m'adresse aux agents de l'ordre pour les inviter à bien l'assimiler et à bien se rappeler ce qu'ils ont vécu en cette année-là, il s'agit d'un passé qui n'est pas lointain. Vous savez très bien que vous ne pourrez jamais gouverner le Bassin minier par la répression et le terrorisme policier. Nous sommes des gens qui croient au dialogue, aux négociations pacifiques et aux preuves logiques. Nous sommes rationnels et ne tendons jamais à affaiblir l'Etat et à alourdir son fardeau, car nous sommes, parfaitement, conscients des difficultés par lesquelles passe la patrie. Nous tenons à participer à sauver notre pays, mais, en contrepartie, nous nous attachons à nos droits que nous réclamons très fort et qu'il faut nous restituer.
-Comment vous évaluez le comportement des partis politiques sur le plan de la lutte sociale ?
-Notre grande déception vient de ces partis en lesquels nous avons placé beaucoup d'espoir. On les a, toujours, considéré comme notre profondeur comme on était leur profondeur. Nous sommes enfantés par ces noyaux, mais malheureusement, ils n'ont pas évolué, vu qu'ils continuent à user des mêmes méthodes archaïques du passé. Ces partis n'ont pas procédé à l'évaluation de leur rendement afin qu'ils puissent se rendre compte de leurs erreurs et œuvrer à les dépasser. Leur vocation c'est de rassembler les gens autour d'eux et de les diriger et non pas de les amener à s'en départir et à s'en blaser. Ces partis manquent de cadres dans les régions comme à Gafsa, par exemple, où on ne trouve pas de dirigeants bien aguerris, compétents et bien formés qui soient susceptibles de rassembler les gens et de communiquer un discours compréhensible et convaincant. Ce qui entraîne le rétrécissement constant de leurs bases. Ces partis sont restés isolés par rapport à la réalité du peuple à cause, comme je l'ai précisé plus haut, de l'utilisation de moyens dépassés comme s'ils vivaient au temps de Ben Ali et de Bourguiba, des moyens qui sont dignes de la clandestinité tels que les tracts et des communiqués distribués de main en main. Ils n'ont pas de discours direct avec les gens. Sincèrement, je n'ai pas d'espoir à ce que ces partis parviennent à concurrencer, réellement, les forces de rétention, à l'instar d'Ennahdha et Nida Tounes. Et là, je parle, particulièrement, du Front populaire, car les autres partis ont, toujours, été faibles et ne peuvent aucunement impressionner ces derniers.
F.K.


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