Avec l'augmentation vertigineuse des prix des céréales sur le marché international, la sauvegarde de notre autonomie passe nécessairement par la recherche de nouvelles variétés de semences et de plants adaptés à notre climat en général et aux spécificités des régions en particulier. L'Institut National de la Recherche Agronomique de Tunis ( INRAT ), qui a plus de cent ans d'existence, insère son action dans ce cadre. Chercheurs, cadres du ministère de l'Agriculture et des Ressources Hydrauliques et des agriculteurs de différentes régions du pays étaient présents, hier, à l'atelier organisé par l'Institut sur les nouvelles obtentions dans le domaine des céréales, des légumineuses alimentaires et des cultures industrielles.
« Permettre aux agriculteurs et aux responsables de connaître les résultats des travaux de recherche entrepris par l'Institut » est l'objectif visé par l'organisation de l'atelier d'hier, déclare M. Amor Chermiti Directeur Général de l'INRAT. La présence des différents intervenants consacre l'approche participative dans la valorisation des résultats de la recherche. L'Institut a signé plusieurs contrats de partenariat avec l'Union Tunisienne de l'Agriculture et de la Pêche ( UTAP ), différents offices et des établissements privés, pour fournir aux agriculteurs des semences et des plants. En 2005 - 2006, 22 contrats commerciaux ont été signés. L'Institut est en train de négocier de nouveaux contrats. « Les chercheurs de l'Institut sont à la disposition des agriculteurs », affirme le D.G. M. Lotfi Oueslati, membre du Bureau Exécutif de l'UTAP rappellera que les prix des céréales dans le monde n'ont pas arrêté d'augmenter. De la guerre du pétrole et des semences, il y a 25 ans on passe à la guerre des céréales. « Nous devons compter sur la recherche pour trouver des alternatives adaptées au climat », affirme le représentant de l'UTAP. Il faut transmettre les résultats de la recherche aux agriculteurs en commençant par ceux qui rayonnent dans leur région et qui peuvent servir d'exemple pour leurs voisins. L'accent doit être mis sur les solutions qui ne demandent pas une lourde mécanisation.
Prédominance des petites exploitations M. Abdellaziz Mougou, président de l'établissement de la recherche et de l'enseignement supérieur agricole, rappellera que « 50% de nos importations concernent les céréales ». La production nationale en blé dur couvre 80% de nos besoins et celle du blé tendre, uniquement 22%. Sur les 250 mille agriculteurs, 160 mille ont une superficie inférieure à 20 ha. Un chiffre inquiétant : une étude a montré qu'un agriculteur possédant 40 ha avec un rendement de 20 quintaux par an, gagne à peine le SMIG. En 1995 la production de nouvelles variétés en France et en Union Soviétique, ajoutée au soutien des prix à l'exportation aux Etats - Unis, faisaient que les prix étaient relativement bas. Après 1995, les prix ont commencé à grimper. Suite aux changements climatiques certaines régions, comme l'Australie, produisent de moins en moins de céréales. En même temps des pays comme la Chine et l'Inde qui ne consommaient que du riz ont connu le « hamburger » et sont devenus de nouveaux consommateurs de céréales. En même temps la production de bio - carburant s'est développée. A titre d'exemple, si dans les années soixante - dix, le quintal de blé tendre se vendait à 5,1 dollars, en 2007, il est passé à 48,3 dollars. La Tunisie n'a pas d'autre choix que de compter sur la production nationale pour diminuer les importations. A l'Office des Céréales, certains fournisseurs étrangers ont résilié leurs contrats et sacrifié la caution pour vendre ailleurs avec de meilleurs prix.
Pour une vision globale Plusieurs réformes ont été introduites en Tunisie. Les céréales ont eu la priorité. Cinq nouvelles variétés ont été introduites durant les dernières années. Toutefois des problèmes fonciers et financiers se posent. C'est la raison pour laquelle le président des débats avait appelé à une vision stratégique globale et à une approche prospective à long terme. La classification des régions est importante, car les données climatiques sont capitales dans le choix des variétés. Il en est de même pour les surfaces, car dans les petites exploitations les techniques agricoles ne sont pas les mêmes que dans les grandes. « Notre vision doit cesser d'être à court terme », conclut - il. Rappelons que le programme d'amélioration génétique des céréales a commencé en Tunisie depuis 1893. Une campagne de vulgarisation est lancée. Des visites seront organisées dans les régions. L'essentiel est que la vision globale reste de mise.