Comme à son accoutumée, l'équipe Mourakiboun (Les Observateurs) suit de très près les opérations d'enregistrement depuis leur démarrage le 23 juin 2014. Le réseau fournit aux citoyens et aux internautes instantanément les résultats détaillés du nombre des personnes enregistrées par circonscription. Des rapports quotidiens ont été publiés et diffusés à travers les médias et les réseaux sociaux afin que le grand public ait une idée plus précise sur le déroulement de l'opération d'enregistrement. Une façon aussi de voir de plus près et de s'interroger sur les failles qui font que bon nombre de régions connaissent peut-être momentanément une vive réticence à s'inscrire. Dans l'élaboration de ces rapports, le réseau Mourakiboun a déployé, depuis le démarrage de l'opération d'enregistrement au vote, une équipe d'environ 600 observateurs couvrant toutes les circonscriptions électorales. Ces derniers se chargeront de donner un rapport quotidien, suivi d'un autre toutes les semaines. Un rapport final viendra clore l'opération d'enregistrement. Manque d'organisation et tohu-bohu Lors des trois premières journées d'enregistrement, les observateurs relevant de Mourakiboun, étaient sur le pied de guerre. Le premier jour, ils étaient au nombre de 63 répartis sur 102 centres. Le 24 juin 2014, à savoir le second jour, ils étaient 53 observateurs dans 98 bureaux. Le dernier rapport de Mourakiboun parle de 45 observateurs installés dans 78 centres de vote répartis sur 50 gouvernorats. Ces derniers ont suivi sur place le déroulement des enregistrements. Ils ont relevé durant ces trois premiers jours plusieurs insuffisances au niveau des ressources humaines, de la logistique et sur le plan organisationnel. Plusieurs bureaux ont ouvert leurs portes aux futurs électeurs accusant quelques heures de retard. Pis encore, certains d'entre eux n'ont carrément pas ouvert. Mourakiboun en fait allusion. Nous citerons à titre d'exemple ceux relevant de la circonscription de Sfax 2 (bureaux : Aéroport, la Gare des trains et la gare des voyageurs). Les circonscriptions de Beja, Monastir, Le Kef, Kasserine, Tabarka ou encore Jendouba ont connu le même problème. D'autres centres d'enregistrement se trouvant dans les grandes surfaces et les centres commerciaux n'ont pas ouvert leurs portes non plus. Mourakiboun a noté la fermeture des bureaux qui se trouvent dans le Grand Tunis, Ariana, Kairouan, La Marsa, l'Aouina, Gafsa et Siliana. Les observateurs ont, notamment, noté le manque d'informations chez les agents des centres. Ces derniers ne maîtrisent pas les différentes étapes du déroulement et de la procédure de l'opération d'enregistrement. En outre, les agents opérant dans les centres mobiles manquent beaucoup de moyens. Les moyens dont ils disposent ne leur facilitent pas la tâche pour mener à bon escient leur mission. Les observateurs ont noté que l'opérateur téléphonique donné à ces agents n'est pas efficace dans les endroits où ils travaillent. Chose qui a obligé ceux qui opèrent sur Kébili d'aller à l'IRIE dudit gouvernorat pour changer d'opérateur. Ils ont, notamment, eu des soucis avec la procédure d'enregistrement via téléphone appelée USSD. Ce moyen ne leur permet pas de vérifier l'authentification de l'identité envoyé par téléphone correspondant à celle établie sur dans la carte d'identité nationale. Les soucis techniques ne s'arrêtent pas. Les problèmes logistiques sont nombreux, eux aussi. Déficiences en logistique Les observateurs ont enregistré l'absence totale de d'indicateurs, de banderoles ou d'affiches qui orientent l'adresse des centres d'enregistrement. Cela a été noté surtout dans les circonscriptions de Sfax 1 et 2, Ben Arous et Sousse. Les affichages d'orientation ne sont nulle part, à l'exception du bureau d'Aïn Zaghouan, où les observateurs ont dû écrire manuellement eux-mêmes une affiche indiquant le bureau d'enregistrement. Plusieurs centres sont dépourvus de tableaux explicatifs facilitant la procédure d'enregistrement aux citoyens. Un nombre important de défectuosités d'ordre technique a été noté. Ce qui ne facilite guère le bon déroulement de l'opération d'enregistrement. Le réseau Mourakiboun a, d'abord, observé l'absence totale de dispositifs facilitant aux personnes handicapées et âgées l'accès dans la grande majorité des centres d'enregistrement (municipalités de Bizerte, de Gafsa et de La Goulette, les arrondissements de Tunis 2 et Cité Erriadh de Sousse). Quant à la logistique, les bureaux manquent gravement des moyens élémentaires. Les agents d'un bon nombre de bureaux sont dépourvus d'ordinateurs et d'imprimantes. Par ailleurs, les observateurs de Mourakiboun ont noté les coupures internet intermittentes, ce qui n'a pas du tout facilité la liaison entre les différents centres d'enregistrement. Cela s'est produit dans les bureaux de Sfax, de Rgueb, de Sidi Bouzid, du Kef, de Bizerte, de Tataouine, de l'Ariana ou encore de Kairouan. Par ailleurs, nos ressortissants à l'étranger n'ont pu s'enregistrer malgré le fait d'avoir respecté à la lettre toutes les étapes de la procédure Ce qui était le plus frappant durant ces trois jours, c'était le peu d'entrain des citoyens tunisiens pour l'enregistrement. Mourakiboun recommande... Afin que l'intégralité de l'opération électorale réponde aux normes internationales d'élections libres, transparentes et démocrates, et suite aux failles relevées lors des trois premiers jours de l'opération d'enregistrement, le réseau Mourakiboun a formulé une série de recommandations. Sur le plan organisationnel, il recommande, tout d'abord, l'ouverture de tous les centres d'enregistrement. Il appelle, en outre, à ce que l'ISIE facilite l'accès et la procédure aux personnes handicapées et aux personnes âgées. L'ISIE doit également fournir des tableaux explicatifs de la procédure d'enregistrement et des affiches d'orientation. Par ailleurs, en vue de garantir une opération d'enregistrement en harmonie avec les standards internationaux, Mourakiboun recommande le respect et l'application rigoureuse de la loi électorale concernant le volet relatif à l'opération d'enregistrement. Sur le plan technique, Mourakiboun insiste sur l'amélioration de la liaison électronique entre les différents bureaux d'enregistrement et sur la rectification du lien relatif à l'enregistrement des ressortissants tunisiens à l'étranger. Quant aux agents fixes, ils ne doivent plus compter sur la procédure USSD sauf dans le cas où ils sont dépourvus d'ordinateurs. Un suivi de la procédure initié dans les centres d'enregistrement est souhaitable. Ce dernier doit être publié afin que les observateurs et les journalistes puissent suive toute les étapes.