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Dr Amel Jemaâ
Publié dans Le Temps le 01 - 10 - 2007

« Notre politique de la vieillesse a consacré le choix du maintien de la personne âgée à domicile moyennant des prestations médicosociales répondant à ses besoins. »
« Il faut les aider à assumer un vieillissement actif et productif en optimisant la mise à profit de leurs expériences et de leurs expertises. »
Du côté du ministère des Affaires de la Femme, de la Famille, de l'Enfance et des Personnes âgées, on s'active ces derniers jours à préparer la Journée Mondiale des Personnes Agées. Cette catégorie de la population ne cesse d'évoluer en nombre et en proportion et leurs besoins n'arrêtent de se diversifier et de s'amplifier. Sa composition est très cosmopolite et il faut apporter des réponses adaptées aux doléances de chacune des sous-catégories qui ont des besoins différenciés. Il n'empêche qu'une approche globale oriente le programme national adressé aux personnes âgées. Et c'est dans l'objectif de présenter les axes de ce programme que le Temps a rencontré Dr Amel Jemaâ, médecin gériatre, chargée de mission au ministère des Affaires de la Femme, de la Famille, de l'Enfance et des Personnes Agées chargée des personnes âgées . Interview :

Le Temps : Comment se présente l'architecture de la population tunisienne ?
Dr Amel Jemaâ : : Le vieillissement des populations est un phénomène universel. Et la Tunisie à l'instar des pays développés connaît un vieillissement de la population . Les 60 ans et plus sont en train d'augmenter en nombre et en proportion et l'espérance de vie à la naissance est en train de s'allonger. En 1984 , la proportion des personnes âgées était de 7,6 % . Actuellement, elle est de 9,5 % et les projections démographiques la situent à 15 % en 2024 et 19,8 % en 2034 ce qui représenterait environ le cinquième de la population. Ce changement n'est pas uniquement démographique mais il a des implications sociales, économiques, culturelles ...... .

Et comment vous faites la liaison avec la population intéressée ?
- Le ministère dispose, d'un listing national des personnes âgées nécessiteuses auxquelles nous octroyons des aides de différentes natures. D'un autre côté , le besoin d'aide ou de prestations peut être exprimé par la personne âgée elle même, son entourage, les collectivités locales ou l'assistante sociale . Des réponses adaptées sont apportées selon le type de besoins.

En quoi consiste l'apport de vos services ?
- D'abord, la politique nationale de prise en charge des personnes âgées a consacré un choix celui de favoriser le maintien de la personne âgée chez elle moyennant -en cas de besoin- des prestations médicosociales à domicile. Ceci est de nature à maintenir l'intégration de la personne âgée dans la cellule familiale et dans la société et c'est nettement plus avantageux sur le plan psychoaffectif. Pour cela , nous avons organisé, instauré et développé des prestations médico-sociales destinées aux personnes âgées et tendant à promouvoir leur indépendance, à assurer leur intégration et à protéger leur dignité . Ces prestations sont fournies par des équipes mobiles pluridisciplinaires (médecin, infirmier, assistante sociale, auxiliaire de vie) qui sont actuellement au nombre de 25 . Ces équipes sont gérées par les associations de protection des personnes âgées.
Ensuite, le placement des personnes âgées dans des familles d'accueil est un autre programme qui permet à la personne âgée de continuer à vivre dans un milieu familial. Des familles sous certaines conditions peuvent accueillir une ou deux personnes âgées.
Enfin, le placement dans les centres d'accueil est envisagé en dernière alternative lorsque la personne âgée est sans soutien familial et sans revenus ou qu 'elle ne peut plus se prendre en charge . Ces centres sont au nombre de onze (capacité totale : 720 places) et hébergent actuellement 695 pensionnaires.

Mais, le secteur de la personne âgée, ce n'est pas uniquement la prise en charge des plus démunis, qu'est-ce que vous proposez pour ceux qui ont des pensions de retraite
- Actuellement, il existe un seul centre privé situé à Ksar Saïd. Et le ministère des Affaires de la Femme, de la Famille, de l'Enfance et des Personnes Agées est en train d'élaborer un nouveau cahier de charges relatif à la création d'établissements d'hébergement pour personnes âgées . La conception de ces établissements doit concourir à maintenir des liens sociaux, favoriser la convivialité et éviter l' isolement.
Il existe également 03 sociétés de services ( à Tunis, Nabeul et Sousse) qui octroient des prestations spécifiques aux personnes âgées.

Et en dehors de la prise en charge, que propose le ministère ?
- Nous incitons à la création de clubs de jour qui sont des espaces de rencontres d'échanges et de loisirs appelés à aider la famille dans la prise en charge de ses membres âgés dans ses heures d'absence. Ces clubs permettent également de rompre l'isolement, favoriser l'intégration sociale et assurer des conditions d'épanouissement de la personne âgée. L'adhésion à ces clubs permet de prévenir la solitude et la restriction de l'espace de vie, principaux risques encourus par une personne âgée, à côté des autres maladies de la vieillesse. Il est nécessaire d'aider cette frange à vivre un troisième âge actif et productif en optimisant la mise à profit de leur expertise et de leur expérience. D'ailleurs, le ministère a établi un répertoire national des compétences des personnes âgées. Il s'agit d'une banque de données relatives aux compétences nationales parmi les personnes âgées et les retraités qui ont exprimé leur volonté de mettre à profit leurs expériences et leurs compétences intellectuelles et artisanales pour les bienfaits de la communauté nationale et de poursuivre leur contribution dans le processus de développement. Le site web du répertoire est en train d'être mis en place.
Mourad Sellami


Les avis des intéressés

Une grand-mère, 75 ans : « je ne veux pas me sentir une charge pour mon entourage. »
« Je vis actuellement dans une aile indépendante d'un grand logement familial. J'ai une bonne couchante à ma disposition. Ma vie parait indépendante mais, en réalité, je me sens à la traîne des autres. Mes enfants sentent le besoin à me trouver un programme de distraction. Pourtant, nous avons des intérêts très différents. Donc, le mieux serait de nous confier à des spécialistes dont ce sera la vocation. Une aide-soignante n'est pas une bonne. Elle fait plutôt un travail auquel elle a été formée. La même approche est vraie pour les cuisiniers, masseurs, femmes de ménage et auxiliaires de vie. Dans une maison de retraite, nous sommes entourés de professionnels et nous disposons de tout ce dont nous avons besoin. Nos enfants peuvent nous visiter autant qu'ils veulent. Ils peuvent, aussi, nous emmener près d'eux pour les fêtes et les grandes occasions familiales. Mais, la maison de retraite reste toujours notre refuge où nous nous sentons en sécurité et nous ne sommes dépendants de personne. Vous voyez l'importance sociale d'un tel centre qui fait actuellement défaut en Tunisie. »

Un fils, 45 ans, médecin : « Le mieux serait que chacun vive sa vie à son rythme. »
« Actuellement, Aussi bien mes parents que mes beaux parents vivent alternativement entre ma maison, celles de mes frères et sœurs ainsi que celles de mes beaux frères et de mes belles sœurs. Pourtant, nos parents ont leur propre demeure. Ils en ont, même, plusieurs. Mais, ils ont horreur de la solitude et ils veulent la rompre par ces éternelles rondes à travers les maisons de leurs fils et filles. Pourtant, je pense que ce n'est pas ainsi qu'on envisage la bonne alternative pour leur enrichir leur emploi du temps. Le mieux serait qu'ils trouvent un projet de vie à leur rythme. Ils doivent s'activer dans des associations à vocation sociale. Ils peuvent, aussi, faire bénéficier la société de leur expérience et de leur expertise. Autrement, ils ne peuvent pas éviter de se sentir dépendants des autres et en attente des grands évènements familiaux pour se donner de l'importance. Car, l'environnement social ne leur présente rien de plus intéressant qu'un thé ou une partie de « rounda » avec les copains du quartier dans le café du coin. La Tunisie souffre d'un manque en matière d'encadrement des personnes âgées. Des maisons de retraités doivent voir le jour. »

Une fille, 35 ans, fonctionnaire : « ma mère vit seule, elle n'a pas pu cohabiter avec mon mari. »
« Actuellement, ma mère vit seule. Car, mon frère travaille à l'étranger et mon père est décédé depuis plus d'une dizaine d'années. La famille vit, ainsi, depuis bientôt cinq ans. Avant, nous avons vécu ensemble jusqu'à mon mariage. Ensuite, elle a vécu avec moi durant trois ans. Seulement, elle n'est pas parvenue à s'entendre avec mon mari. Ils ont des humeurs incompatibles. Ma mère est d'une curiosité dévorante alors que mon mari ne veut pas qu'on se mêle de ses affaires. Cette incompatibilité d'humeur nous a fait vivre des scènes horribles. C'est pourquoi, et pour sauver mon couple, on s'est entendu que la meilleure solution consiste à ce que chacun fait maison à part. Seule, l'indépendance peut assurer le respect mutuel. Pour ce qui est de la prise en charge des personnes âgées, je trouve que beaucoup reste à faire. Il y a, certes, quelques centres pour les plus démunis. Mais, leurs capacités d'accueil sont très limitées et les prestations qu'ils offrent sont de qualité approximative. En plus, les personnes qui y hébergent ont le sentiment d'être délaissées. C'est toute l'approche de cette prise en charge qu'il faut réviser. La société a beaucoup évolué et la culture de la prise en charge doit suivre.»

Un fils, 38 ans, ouvrier : « Mon père handicapé est obligé de rester seul durant la journée. Toute la famille est occupée. »
« Mon père est handicapé et il vit chez moi. Seulement, comme nous travaillons, tous les deux, ma femme et moi, nous nous retrouvons dans l'obligation de le laisser seul. Au fait, nous n'avons pas les moyens pour lui affecter une bonne à « plein temps ». Certes, ce n'est pas très sécurisant de le laisser seul mais, je n'ai pas vraiment d'autre alternative. Parfois, mon oncle vient lui tenir compagnie. Seulement, sa venue soulève le problème de l'exiguïté du logis. Nous n'avons pas vraiment d'espace à lui proposer pour passer la nuit. Sachant ceci, il ne vient que pendant l'été parce que l'hébergement ne pose pas de problème. Je n'ai pas pu lui trouver de l'assistance sociomédicale. A l'hôpital, on me demande de l'amener pour des soins. Or, ce sont les soignants qui sont appelés à se déplacer car, son déplacement lui cause du tort sur le plan sanitaire. Quant aux maisons de retraite, je pense qu'elle est faite pour les « sans-famille ». Ma culture ne m'autorise pas à penser de la sorte. Elle est faite pour ceux, et celles, dont les enfants ne leurs attendent qu'une mort rapide. Et j'en connais plusieurs. A titre d'exemple, j'ai un voisin qui était un richard. Il est atteint d'alzheïmer. Ses enfants lui ont, d'abord, enlevé toutes ses richesses. Ensuite, ils l'ont laissé dépossédé. Heureusement qu'il a une retraite et que des âmes charitables prennent soin de lui. A ceux-là, une maison de retraite est indiquée. Mais, pour mon cas, je ne m'autorise pas à le faire. »


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