Au cours de la conférence de presse qu'il a donnée hier, samedi, Le Minisitre de la Culture, Mourad Sakli est d'abord revenu sur les neuf points de la stratégie annoncée en mars dernier. Il a commencé par le dossier de l'investissement et de la promotion dans le domaine de la propriété intellectuelle et s'est félicité de l'appui financier de l'Union Européenne et de l'Unesco pour le lancement de quelques projets pilotes à ce niveau. Ensuite, il a évoqué la campagne de sensibilisation que son département compte mener auprès des établissements et institutions qui enfreignent la loi concernant la propriété intellectuelle (hôtels, restaurants, stations de radio et chaînes de télévision par exemple), rappelant aussi que le Ministère recourra, si besoin est, à la justice contre les contrevenants. Le Ministre a aussi soulevé la question du mécénat dans le domaine culturel et rassure que le Ministère des Finances est convaincu de la nécessité de l'approuver et de l'appuyer. Le projet n'attend que d'être validé dans le cadre de la loi complémentaire des finances en cours de discussion. Au sujet du patrimoine national (matériel et immatériel), Mourad Essakli a rappelé que le Ministère de la Culture avait proposé de concéder certains sites aux particuliers sous le contrôle de l'Agence Nationale de la revalorisation du Patrimoine ; mais la suggestion n'est pas encore entérinée et le Ministère est actuellement en train de sonder les avis de plusieurs intervenants sur la question. La décision finale sera peut-être prise au mois de septembre prochain. Pour ce qui est du Patrimoine national immatériel, très insuffisamment valorisé, le Ministère forme actuellement une vingtaine de conservateurs pour contribuer à un début de promotion de ce secteur pourtant très rentable sous d'autres cieux. En cours de... Dans le volet de la politique des subventions, Sakli précise que l'appui financier du Ministère se poursuivra, mais sur de nouvelles bases et selon des mécanismes différents de ceux appliqués jusque-là. Le statut de l'artiste est un autre sujet soulevé au cours de la conférence, mais selon le Ministre de la Culture, il est encore trop tôt pour annoncer de bonnes nouvelles aux professionnels du métier ; de gros écueils se dressant encore sur la voie d'une solution satisfaisante à cet épineux dossier. A propos de la remise à niveau des institutions culturelles (prioritairement les bibliothèques publiques et les maisons de la culture), Sakli déplore qu'un nombre important de projets d'équipement, de restauration, de climatisation, de maintenance et d'entretien soient encore bloqués par des instances régionales qui ne relèvent pas de son ministère (Conseils de gouvernorats ou municipalités). Dans le dossier de la « culture électronique », le Ministère a déjà signé deux pactes de partenariat et cherche à en contracter davantage avec des partenaires tunisiens ou étrangers. Pour ce qui est du projet de la Cité de la Culture, un conseil des ministres doit décider s'il faut ou non continuer à le confier à l'actuelle société exécutante. Le Syndicat de la culture met la pression Sur les rapports du Ministère avec le Syndicat Général de la Culture, Sakli affirme, documents à l'appui, que son administration se montre très compréhensive à propos des revendications légitimes des agents du secteur et mesure la frustration de ses fonctionnaires qui, durant plus de deux décennies, n'ont eu droit qu'à de maigres satisfactions syndicales. Il regrette cependant que les représentants syndicaux mettent trop de pression sur lui et ses collaborateurs, soit en décidant des formes de contestation et de protestation inappropriés au contexte et à l'âge du syndicat (constitué il y a seulement deux mois), soit en exigeant la satisfaction de leurs nombreuses doléances dans des délais Irréalistes. Par ailleurs, et en dépit de la difficulté de la tâche, le Ministère a préparé un document dans lequel il répond à toutes les revendications syndicales (43 en tout) présentées par les fonctionnaires. Ces derniers encore mécontents ont déjà décidé une deuxième grève de trois jours (les 9-10-11 juillet courant), mais Sakli prévoit pour lundi prochain (7juillet) une réunion avec le Syndicat et espère l'annulation de ladite grève, vu les propositions satisfaisantes, à ses yeux, du Ministère en vue de régler les problèmes les plus urgents de ses agents. Des chiffres et une mise en garde Quelques chiffres ont été fournis au cours du point de presse, en voici les plus marquants : Cette année, on organise 272 festivals, soit un peu plus que l'année dernière. L'enveloppe globale allouée à tous ces festivals dépasse les six millards de nos millimes sans compter les subventions indirectes qui ont coûté près de cinq autres milliards. En ce qui concerne les musiciens et chanteurs, on apprend que 90 % de ces artistes travaillent au noir, sans contrats dûment signés. A la fin de la rencontre, Sakli a prévenu les directeurs des festivals que le Ministère exigera d'eux, dans un délai de trois mois après la fin des manifestations respectives, leur rapport moral et surtout financier, sans quoi ils seraient déchargés de leurs fonctions et, s'il le faut, feraient l'objet de poursuites judiciaires.