L'hydre à mille têtes resurgit sur le mont Chaâmbi, où les opérations de ratissage continuent depuis décembre 2012. Après avoir ciblé, fin, la maison du ministre de l'Intérieur, les terroristes présumés ont cette fois-ci frappé au cœur de la zone militaire fermée, faisant 14 morts et 20 blessés, dont trois se trouvaient dans un état grave, parmi les soldats. Cette attaque s'est produite mercredi soir dans la région de Henchir Tella à l'heure de la rupture du jeûne du Ramadan. «Deux groupes terroristes ont ouvert le feu à la mitrailleuse et aux lance-roquettes RPG sur deux points de surveillance de l'armée sur le mont Chaâmbi », a indiqué jeudi le ministère de la Défense. Dans un premier temps, le ministère a fait état de deux morts parmi les soldats, avant que ce bilan ne passe à 4, puis à 14 membres de l'armée tués. «Le bilan passe à 14 morts et 23 blessés parmi les soldats et risque de s'alourdir », a déclaré un porte-parole du ministère de la Défense. «Il s'agit du bilan le plus lourd à être enregistré par l'armée depuis l'indépendance» en 1956, a-t-il précisé. Lors d'une conférence de presse tenue hier après-midi, le colonel Souhail Chemingui a précisé que les corps de neuf soldats parmi les quatorze ayant trouvé la mort ont été calcinés suite à l'incendie de leur tente provoqué par des tirs de roquettes RPG. Il a également indiqué qu'un élément terroriste abattu lors de l'opération. M. Chemingui a, par ailleurs, fait savoir qu'un soldat est toujours porté disparu. Cette nouvelle attaque intervient presque un an jour pour jour après une embuscade survenue, toujours sur le mont Chaâmbi. Huit soldats avaient été alors sauvagement tués le 29 juillet 2013. Aux yeux des terroristes, la date choisie pour mener ces deux attaques diaboliques est loin d'être fortuite. Elle coïncide, en fait, avec la commémoration de la conquête de Badr, première bataille victorieuse des musulmans contre les mécréants de Quraïch Usage d'armes lourdes La nouvelle attaque terroriste de Henchir Tella a été revendiquée dans la nuit de mercredi à jeudi 17 juillet 2014 par la brigade Okba Ibn Nafaâ. Dans un communiqué publié sur la page Facebook de l'organisation djihadiste Ansar Al-Chariâa, cette brigade affiliée à l'organisation terroriste Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) se vante du meurtre des soldats qualifiés de tyrans (Taghout) et fait état de l'usage d'armes lourdes contre eux. D'autre part, le ministère de la Défense a annoncé que des groupuscules salafistes ont fêté dans la nuit de mercredi à jeudi l'attaque terroriste survenue dans la localité de Henchir El-Tella. Ces individus ont manifesté leur joie et célébré l'attaque dans les mosquées et sur la voie publique à Bizerte, Zarzouna, Sidi Ali Ben Aoun (Sidi Bouzid), la cité Ezzouhour à Kasserine ainsi qu'à Ben Guerdane, selon des sources de la sécurité militaire. Le chef du gouvernement provisoire Mehdi Jomaâ a donné des instructions pour stopper ces manifestations de joie, affirme-t-on de même source, soulignant que «le Chef du gouvernement suit de près, cette nuit, les derniers développements au mont Chambi», et ce depuis la salle des opérations du ministère de la Défense. La Tunisie fait face depuis la révolution de 2011 à un essor de groupes jihadistes. Une quarantaine de soldats, de policiers et de gendarmes ont été tués dans le pays dans des attaques de groupes armés depuis la chute du régime de Ben Ali. Depuis le début de l'année en cours, le gouvernement assure avoir obtenu des succès en tuant notamment certains des principaux suspects des assassinats en 2013 des opposants Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi, et assurant avoir repris la main dans la lutte contre les groupes armés. Début mars dernier, l'état d'urgence avait même été levé avec quatre mois d'avance.