L'Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE) a confirmé dans la soirée du vendredi la démission de son directeur exécutif, Nabil Selmi, pour des raisons de santé. «M. Selmi a subi une lourde intervention chirurgicale au niveau du cœur. Ce genre d'intervention très délicate nécessite du repos et l'arrêt de toute activité professionnelle fatigante», a déclaré Nabil Baffoun, membre de l'ISIE. Selon des sources proches des associations en charge du suivi du processus électoral, la démission de M. Selmi ne s'explique pas uniquement par des raisons de santé. Ces mêmes sources révèlent que le directeur exécutif démissionnaire aurait protesté contre «l'existence d'une instance parallèle qui dicte ses lois à l'ISIE». Ces allégations ont été démenties par Nabil Baffoun qui a précisé que l'ISIE prendra les dispositions nécessaires pour remplacer M. Selmi. «Le vide laissé par la démission de Nabil Selmi sera comblé dans les plus brefs délais afin d'assurer le bon déroulement des prochaines élections», a-t-il indiqué. Dans ce cadre, une polémique survient autour des procédures de remplacement du directeur exécutif démissionnaire surtout que la loi N° 23 portant créations de l'ISIE ne précise pas ces procédures. Certains membres de l'instance plaident pour le lancement d'un nouvel appel à candidatures pour le choix d'un nouveau directeur exécutif. D'autres appellent, en revanche à choisir un nouveau directeur exécutif parmi les candidats figurant sur la liste parvenue à l'instance en février dernier dans le cadre du premier appel à candidatures. En attendant le choix d'un nouveau directeur exécutif, le directeur de cabinet de l'instance, Saber Ezzouk, devrait assurer l'intérim de Nabil Selmi. Enarque ayant assumé de hautes fonctions au sein de l'administration tunisienne, ce dernier avait été nommé en février dernier directeur exécutif de l'ISIE après dépouillement des dossiers et audition de 27 candidats à ce poste qui revêt une extrême importante dans la mesure où le directeur exécutif élabore le programme de travail de l'instance, détermine son budget et gère les divers registres et documents administratifs se rapportant à l'opération électorale. A noter que l'organisation 23_10 d'appui au processus de transition démocratique a appelé, dans un communiqué rendu public le 25 juillet à soumettre le directeur exécutif de l'ISIE à un examen médical pour vérifier sa capacité à assumer la très importante fonction qu'il occupe et à le remplacer, le cas échéant, par une personne disposant de l'expérience et de la compétence nécessaires. L'organisation présidée par Sami Ben Slama, membre de l'ancienne ISIE qui avait organisé avec brio les élections de l'Assemblée nationale constituante (ANC), a aussi plaidé, dans ce même communiqué, pour l'installation immédiate de l'appareil exécutif conformément à la loi, tout en l'accordant toutes les prérogatives de façon à empêcher tout amalgame entre les compétences discrétionnaires et celles exécutives au niveau de l'instance. Elle a, par ailleurs, appelé, au limogeage du président de l'ISIE en raison notamment du «maigre bilan» de l'opération d'inscription sur les listes électorales et de son «incapacité à garantir le déroulement des prochains scrutins législatif et présidentiel dans des conditions optimales et conformément aux standards d'impartialité, de transparence et de démocratie».