Pour ceux qui ne connaissent pas la belle cité balnéaire du temps de sa splendeur, nous rappelons qu'elle est perchée au pied de l'imposant Bou Kornine avec les pieds dans l'eau de la belle Méditerranée. Des sources thermales avec une flotte chaude affluant en continu des hauteurs et faisant des Hammam-Souri, Hammam-Arbi le point de mire des différents malades atteints de pathologies rhumatismales, allergiques, cutanées, de la sphère ORL et autres. Tous les Kairouanais s'y précipitaient pour se prélasser sur sa plage avant de changer de cap vers Sousse. Une plage au sable fin doré, propre avec une mer bleue- azur des plus cristallines. Changement de décor Malheureusement et les belles choses ayant toujours une fin, cette cité féerique entama son déclin pour finir par sombrer définitivement dans l'anonymat, l'indifférence, la gabegie. Curieusement et à deux petites encablures de -là , les cités nouvellement implantées : Boumhel-Bassatine, Hammam-Plage voire Bordj Cedria, rivalisent de propreté, d'ordre, d'animation avec les Ennasr, ElManar, le Lac, etc. Face à l'absence totale de toute forme d'autorité, Hammam-Lif s'est transformé en une ville hors-la-loi où chacun fait à sa guise. Pour l'heure pour les voitures et même pour les piétons, il est pratiquement impossible de traverser les artères névralgiques de la ville tellement elles sont squattées par des étalages anarchiques qui se permettent le luxe d'occuper les trottoirs et même les chaussées. Les constructions anarchiques fleurissent comme des champignons sans que personne ne daigne bouger le petit doigt. Du côté de la plage par exemple et en plus du fait qu'ils soient obligés de supporter la pollution de la mer et de ses odeurs incommodantes et nauséabondes , les habitants vivent le calvaire chaque nuit à cause de la pollution sonore, puisque chaque commerce et chaque hutte organisent des spectacles et des animations actionnant des baffles stridents jusqu'à une heure très tardive .. Monuments historiques profanés Mais le plus grave et le plus inquiétant reste l'état des monuments historiques. Les fleurons de la ville, à l'instar du Palais Beylical, du Casino, du Hammam-Essourri, de la Sirène, qui faisaient jadis la fierté de la ville, sont en décadence. Les nombreux appels lancés à travers les médias et sur Internet et les nombreuses pétitions signées pour les sauver, sont demeurés lettre morte, sans réponse devant la passivité étonnante de tous les gouvernements qui se sont succédé à la tête du pays depuis la révolution. Après l'abandon du Palais Beylical aux familles qui l'ont squatté et qui l'ont transformé en « Oukala », bien qu'il soit classé monument national, Hammam-Lif a vécu, dans l'indifférence totale, deux tristes événements ces dernières heures. Déchéance de partout L'incendie qui a ravagé son mausolée fétiche de « Sidi-Bourigua », puis la chute d'une partie du toit du Casino. Bien qu'il soit classé lui aussi patrimoine national, le Palais du Casino longtemps exploité comme un bar, est dans un état de délabrement avancé. Malgré les promesses de la direction de la protection du patrimoine au sein du ministère de la Culture, qui a expédié à maintes reprises ses représentants pour étudier la situation, rien n'a été fait pour sa rénovation. Il semble que le coût de cette rénovation, estimé à 750 mille dinars, a découragé les responsables du patrimoine et a bloqué le projet. Entre-temps, Hammam-Lif et ses monuments agonisants continuent leur lutte pour la survie. Pour la création d'un gouvernorat autonome Les associations de la vie civile sont en train de se mobiliser et de s'organiser pour réagir. La séparation avec le gouvernorat de Ben Arous qui n'a jamais servi Hammam-Lif à sa juste valeur et la création en urgence d'un gouvernorat à Hammam-Lif est désormais l'objectif de tout Hammam-Lifois qui veut sauver sa ville, pour espérer faire bouger les choses.