La destination s'appelle Cape Reinga, mais avant d'y arriver nous avons prévu de nous arrêter à chaque fois que nous y trouverions de l'intérêt. La première étape c'est Whangarei (prononcez Fangarei). La ville est coquette, encore bien empreinte d'une architecture coloniale. Les balustrades en bois blanc sculpté et les façades d'époque colorées contrastent avec l'eau noire du Town Basin (le port) où mouillent des dizaines de bateaux de plaisance. Mais nous ne nous attarderons pas en ville puisqu'à 5 kilomètres de là se trouvent les Whangarei Falls. Hautes de 26 mètres, ces superbes cascades se jettent dans un bassin bordé de plantes surprenantes. Le point d'observation est imprenable. Je suis au pied des chutes, je les regarde. Le bruit de l'eau qui tombe de si haut laisse une impression de fracas destructeur avant de se fondre dans la tranquillité du bassin. La façon qu'a la lumière diaphane de passer à travers les feuillages denses est indescriptible. Il y a une dualité qui me frappe dans ce paysage à la fois si calme et si tempétueux, comme un reflet de notre monde. Beauté et violence. C'est ici qu'a dû commencer le jardin d'Eden au début des temps. Plus loin, le bassin se prolonge en cours d'eau dont la musicalité trouve son écho dans le chant de ces oiseaux qu'on entend tout le temps mais qu'on ne voit jamais. C'est presque le rythme doux et rassurant d'un printemps méditerranéen. Difficile de croire qu'on est arrivé là en voiture et qu'elle est garée dans un parking à quelques minutes. C'est ce côté magique qui apprivoise rapidement les visiteurs dans ce pays. Chaque monstre urbain est doté d'un cœur vert, d'une parcelle de paradis. Après ce moment intense il a fallu se mettre en quête d'un lieu pour dormir. La nuit a été perturbante mais le cadre du réveil a rapidement effacé les angoisses de l'obscurité. En ouvrant les yeux sur le petit port de Tutukaka qui reflétait ses premiers rayons de soleil, la liberté a pris un tout nouveau sens à mes yeux. J'ai compris ce que serait ce voyage de bout en bout et ce que j'étais venue chercher. J'ai compris aussi que ce serait beaucoup plus fort que ce que j'en attendais. Leyla Katarina CHERIF