Le 13 août, c'est la journée de la femme, et anniversaire de la promulgation du code du statut personnel (CSP) en vertu duquel ont été enfin régis les rapports entre époux et fixés les droits et les devoirs de chacun au sein de la cellule familiale. A cette occasion un projet de loi élaboré par le ministère de la femme et de la famille sera soumis à l'approbation de nos élus, contre la violence à l'égard de la femme. Pourquoi une loi spécifique ? La question se pose dans les deux sens, car la violence contre les femmes, aurait pu être consacrée par une la loi contre la violence en général, car il y a également la violence contre les hommes, perpétrée par les femmes, et ce, que ce soit au sein de la cellule familiale ou au sein de la société d'une manière générale. Toutefois la notion de violence contre la femme est plus spécifique étant plus nuancée. Il existe en effet plusieurs formes de violence à l'égard de la femme qu'elles soient d'ordre physique ou psychique. Les problèmes spécifiques à la cellule familiale Bien que ledit code constitue l'une des plus grandes réalisations de Bourguiba, à une étape de l'histoire de la Tunisie, où la femme était toujours considérée comme un objet de plaisir et de procréation, il n'en reste pas moins que la mentalité sexiste voire machiste n'a pas beaucoup changé au fil du temps, et aurait même empiré depuis la montée de l'extrémiste religieux et les obligations particulières imposées à la femme en vertu des interprétations restrictives que font certains extrémistes des préceptes de la religion. Certes la condition de la femme tunisienne a nettement évolué depuis plusieurs décennies, Celle-ci étant même devenue l'égale de l'homme dans les droits et les devoirs, du moins sur le plan légal. En vertu du CSP la femme est protégée contre les violences éventuelles de son époux, qui constituent un délit sévèrement réprimé par la loi. Est-elle pour autant assez protégée ? En effet une mentalité sexiste qui perdure et demeure encore chez la plupart des hommes, toutes générations confondues, ne serait-ce qu'au sein de la cellule familiale, où ils refusent encore d'accomplir certaines tâches qui lui étaient attribuées depuis des décennies. Le fait pour un époux d'imposer à sa femme une tenue vestimentaire particulière, n'est-il pas une violence psychique à son égard, outre le fait qu'elle peut s'exposer à la violence physique au cas où elle refuse de lui obéir sur ce point. En dehors de la cellule familiale, nombreuses et innombrables, sont les violences à l'égard des femmes. Outre les violences d'ordre sexuels, telles que le harcèlement, le viol sous toutes ses formes, le fait d'inciter une femme à aller au Jihad du Niqah, en procédant à lui faire un lavage de cerveau pour lui faire croire qu'elle se réservera par cette bonne action, la meilleure place au paradis, ne constitue-t-il pas une forme de violence pire que la violence physique ? En fait le problème de la violence à l'égard de la femme n'est pas spécifique à la Tunisie. On peut même affirmer que la femme tunisienne a été parmi les premières dans le monde à avoir pris conscience de sa situation notamment en ce qui concerne la violence, et qu'elle a osé en parler depuis même bien avant l'indépendance, avec des femmes battantes comme Aziza Othmana , Bchira Ben Mrad, Tawhida Ben cheikh et toutes les autres. Au jour d'aujourd'hui, bien que les données aient changé, le problème reste toujours le même : le sexisme, qui est comme a dit Sartre à propos de l'athéisme, une affaire cruelle et de longue haleine