Accusé à tout bout de champ de favoritisme familial, le fondateur du mouvement Nidaâ Tounes, Béji Caïd Essebsi, a été finalement poussé à «sacrifier» son propre fils, qui a été choisi comme tête de liste aux élections législatives du 26 octobre 2014 au niveau de l'importante circonscription de Tunis 1. Dans un communiqué publié hier, Hafedh Caïd Essebsi a annoncé qu'il renonçait à se présenter aux prochaines législatives pour se consacrer totalement aux campagnes électorales. «Suite à des concertations avec le président et les bases du parti au niveau de la circonscription de Tunis 1 (...), j'ai décidé de ne plus me présenter aux élections législatives », a-t-il souligné dans son communiqué, rappelant que «l'engagement politique nécessite de la patience, de l'abnégation et des sacrifices surtout en cette conjoncture nationale sensible». Caïd Essebsi junior avait déjà déclaré récemment qu'il pourrait accepter de céder sa place, à condition qu'il soit remplacé par une femme. Un nom circule déjà comme tête de liste de Nidaâ Tounes à Tunis 1 : celui de l'ancienne ministre de l'Environnement Faïza Kéfi. L'ascension rapide de Hafedh Caïd Essebsi au sein du parti fondé en juin 2012 pour rééquilibrer un paysage politique dominé par le mouvement islamiste Ennahdha a provoqué la grogne de nombreux cadres du mouvement. Surnommé «W», en référence à George W. Bush, tantson parcours politique semble être lié à sa filiation, Hafedh Caïd Essebsi est un néophyte en politique. Ce PDG de l'entreprise Méditerranée Plastique qui avait été désigné il y a quelques mois à la tête d'une direction en charge des structures régionales du parti souffre, selon ses détracteurs, de plusieurs handicaps pour pouvoir être tête liste. D'une part, il est propriétaire d'un magasin qui tire l'essentiel de ses recettes de la vente d'alcool à la Soukra. Cela pourrait constituer un solide argument de campagne anti-Nidaâ surtout dans la circonscription de Tunis 1, où les islamistes sont extrêmement puissants. Les figures de gauche de Nidâa Tounes reprochent également à Caïd Essebsi junior, qui est membre de Bureau exécutif du parti, sa proximité avec des caciques de l'ex-Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD). Sur un autre plan, Nidaâ Tounes a annoncé, dans un communiqué distinct le gel des activités de l'homme d'affaires Faouzi Elloumi du Bureau exécutif du parti, en attendant sa traduction devant le comité de discipline. M. Elloumi, que certains considèrent comme l'un des bailleurs de fonds de Nidaâ Tounes voulait être tête de liste de Nida Tounes dans la circonscription de Tunis 1 pour les législatives du 26 octobre 2014. Ce dirigeant de l'Union Tunisienne de l'Industrie, du Commerce et de l'Artisanat (UTICA) a déclaré mardi à une chaîne de télévision privée que le choix de Hafedh Caïd Essebsi comme tête de liste à Tunis 1 n'a pas été le fruit d'un consensus au sein du parti et qu'il a été imposé par son père. D'autre part, on s'attend à ce que des réaménagements soient introduits dans les listes de Nidâa Tounes dans certaines régions. Certaines personnalités controversées choisies en tant que tête de listes seraient déboulonnées. L'avocat Abada Kéfi au Kef qui serait remplacé par son confrère Abdessattar Messaoudi. Béchir Ben Amor (Médnine) et Abdelaziz El Kotti (L'Ariana), qui sont aussi contestés par la base, pourraient aussi être remplacés par des figures plus consensuelles. La composition définitive des listes du parti devrait être dévoilée d'ici dimanche au plus tard.