Le Mercato des partis politiques se poursuit et les têtes de listes électorales se mettent au point. Cependant, l'imbroglio du financement des campagnes électorales inhérent à la présidentielle et aux législatives 2014 laisse perplexes la société civile et l'opinion publique. En dépit de la décision de gel des activités de plus de 157 associations suspectes et dont les ressources financières sont entachées de suspicion, l'argent coule à flots et les méfiances autour de financement illicite des partis politiques ne fait que s'attiser. Les hommes d'affaires Tunisiens ont la cote et les partis politiques les plus influents dont Ennahdha et Nidaa Tounes sont au coude-à-coude. 9 hommes d'affaires ont été désignés hier à la tête de liste du mouvement Ennahdha dont le businessman Mohamed Frikha, le patron de la compagnie aérienne privée Syphax Airlines. On sait déjà que Moncef Sellami et Ridha Charfeddine sont désignés têtes de listes pour le compte de Nidaa Tounes. Toute chose étant égale par ailleurs, la société civile et les organismes professionnels dont l'Ordre des Experts Comptables ne cessent de crier gare appelant à la vigilance et à prendre toutes les dispositions juridiques nécessaires et à même d'assurer la transparence et l'intégrité des élections législatives et présidentielles. L'association « I Watch » a déjà lancé une initiative portant entre autres sur le contrôle du financement des campagnes électorales et ce dans certaines circonscriptions électorales à savoir : Tunis, Sfax, Sousse et Gafsa. Mises à part certaines démarches lancées par la société civile, aujourd'hui tout porte à équivoque. Le projet de décret fixant le plafond des dépenses électorales et les procédures de décaissement de la prime d'aide publique au financement de la campagne électorale, a arrêté un seuil allant de 50 à 75 mille dinars pour la présidentielle pour chaque candidat à condition d'obtenir 3% ou plus des suffrages lors du premier tour. Il va sans dire qu'au cas, où le candidat n'obtient pas 3% au moins des suffrages exprimés lors du premier tour, il devra restituer le montant obtenu au titre d'aide publique au financement de la campagne électorale. Cette disposition a été critiquée par bon nombre d'observateurs. Anis Wahabi, Expert Comptable nous a affirmé à juste titre que cette disposition est non conforme aux standards internationaux et attire l'attention quant à l'incommodité de la modalité de la prime sus-indiquée notamment en ce qui concerne la restitution de la première tranche ou somme versée au cas où le candidat n'obtient pas les 3% des voies exigées au premier tour. Par ailleurs, il va sans dire qu'en vertu de la loi en vigueur, les éventuelles infractions ou malversations à détecter lors des campagnes électorales n'auront pas d'effets dérogatoires sur les listes. Il faut dire que la Cour des comptes qui a la tâche de contrôler et d'encadrer la gestion du financement des campagnes électorales s'ingénie encore à établir un guide ou un petit code de conduite pour les partis politiques en course. L'organisation d'élections libres et démocratiques nécessite un suivi à la loupe du financement public et privé des campagnes électorales mais surtout et avant tout le financement même des partis politiques. Un sujet tabou paraît-il. Actuellement, aucun parti politique n'a eu l'honnêteté requise de publier ses comptes...